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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

Israël et l’Arabie saoudite satisfaits de la décision de Washington sur le nucléaire iranien

L’État hébreu et le royaume wahhabite s’étaient farouchement opposés à la signature de l’accord.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, hier, durant son allocution. Thomas Coex/AFP

Donald Trump a tenu sa promesse. Le président américain a annoncé hier que « les États-Unis vont se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien » passé en 2015 entre l’Iran et le groupe P5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie et Chine). La décision de Washington est probablement synonyme de bonne nouvelle pour deux acteurs régionaux : Israël et l’Arabie saoudite. 

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a été le premier à s’exprimer suite à l’allocution de M. Trump. « Israël soutient totalement la décision courageuse prise aujourd’hui par le président Trump de rejeter le désastreux accord nucléaire », a-t-il déclaré. Peu après, Riyad a affirmé « soutenir et saluer les démarches annoncées par le président américain en vue d’un retrait de l’accord nucléaire » dans un communiqué officiel diffusé par la chaîne de télévision étatique al-Ekhbariya.

L’État hébreu et le royaume wahhabite s’étaient farouchement opposés à la signature de l’accord qui permettait, à leurs yeux, de légitimer l’état du seuil nucléaire atteint par Téhéran d’une part, et d’améliorer la situation économique de l’Iran grâce à la levée progressive des sanctions internationales d’autre part. Contrer l’expansion au Moyen-Orient de la République islamique constitue l’un des piliers de leurs politiques régionales alors qu’ils ont tous deux Téhéran comme ennemi juré.

 « Non seulement cet accord ne bloque pas la voie de l’Iran vers la bombe, mais il lui ouvre la voie vers un arsenal complet de bombes nucléaires, et ceci en l’espace de quelques années », a insisté M. Netanyahu hier. Selon lui, « l’accord n’a pas fait reculer le risque de la guerre, il l’a rapproché, l’accord n’a pas limité les agissements agressifs de l’Iran, il les a formidablement augmentés » dans toute la région. 

Suite à la décision américaine, « l’Iran va probablement également faire monter les enchères », souligne à L’Orient-Le Jour Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, et professeur associé à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. « On entre dans une période qui est celle d’une grande incertitude qui pourrait dégénérer » face aux tensions grandissantes entre Washington, Téhéran et les acteurs de la région, ajoute-t-il. 


(Lire aussi : Derrière l'accord nucléaire, l'influence de l'Iran en question)


État d’alerte élevé au Golan
Dans un Moyen-Orient déjà au bord de l’embrasement, le retrait américain du JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) renforce la ligne dure de 

Washington et appuie ses alliés traditionnels contre Téhéran. Ceci pourrait allumer une mèche supplémentaire en ouvrant une nouvelle fenêtre d’opportunité pour les Israéliens contre l’Iran en Syrie. Ces derniers y ont déjà attaqué des positions militaires iraniennes à plusieurs reprises dans l’objectif d’y ralentir les opérations de Téhéran. L’État hébreu craint toutefois une riposte iranienne alors que la République islamique a menacé de nombreuses fois de s’en prendre directement à Israël suite à ses attaques sur le terrain syrien. 

Peu après la déclaration de M. Trump, l’armée israélienne a précisé que « des systèmes de défense ont été déployés et les forces israéliennes sont en état d’alerte élevé face au risque d’une attaque », indiquant avoir sollicité les autorités locales dans le Golan pour ouvrir et préparer des abris antimissiles face à des « activités inhabituelles des forces iraniennes en Syrie ». Une zone tampon de 20 kilomètres a été mise en place dans le Sud-Ouest syrien à la frontière entre Israël et le Golan syrien en vertu d’un accord de désescalade en novembre dernier. « L’armée israélienne est prête à faire face à différents scénarios et prévient que toute agression contre Israël appellera une riposte rigoureuse », a-t-elle ajouté. Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a indiqué dans la soirée sur Twitter s’être entretenu avec son homologue américain, Jim Mattis, pour le mettre au courant de la situation dans le Golan.

Plus tôt dans la journée, M. Netanyahu a affirmé que « le régime à Téhéran (…) cherche maintenant à déployer des armes très dangereuses en Syrie dans le but de nous détruire ». Ce dernier a accusé l’Iran de vouloir « établir des bases navales militaires » et des sous-marins en Méditerranée, ajoutant que « cela est une menace palpable pour chacun de nous ». « Je pense que tout le monde reconnaît les intentions malveillantes de l’Iran, et je pense que tout le monde reconnaît aussi le droit d’autodéfense d’Israël, qui est vraiment notre défense commune », a-t-il souligné. 


(Lire aussi : Retrait US : l’accord sur le nucléaire iranien est-il mort et enterré ?)



« Ne pas laisser la place au triomphalisme saoudien »
L’autre allié de Washington, l’Arabie saoudite, se retrouve pour sa part renforcé politiquement et diplomatiquement dans la région alors que la décision de M. Trump « montre à quel point l’axe entre Trump, Israël et l’Arabie saoudite est devenu solide », note M. Bitar. « Nous allons poursuivre la coopération avec nos alliés pour contrer les politiques agressives de l’Iran », a déclaré hier le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Joubeir.

Les Saoudiens « s’estiment aujourd’hui très largement satisfaits, ils pensent que cela portera peut-être psychologiquement un coup d’arrêt à une attitude iranienne qu’ils perçoivent comme arrogante », observe M. Bitar. « Mais il est à craindre qu’au contraire les Iraniens ne redoublent la mise précisément parce qu’ils ne souhaitent pas laisser la place à un triomphalisme saoudien », nuance-t-il.

L’annonce américaine soulève aussi des interrogations quant aux intentions saoudiennes sur le plan du nucléaire. Lorsque l’Iran a précisé qu’il relancerait « vigoureusement » l’enrichissement d’uranium si les États-Unis se retiraient du JCPOA, le royaume wahhabite a affirmé qu’il pourra mettre en application ses propres projets dans ce domaine. « L’Arabie saoudite ne veut pas acquérir de bombe nucléaire, mais, sans aucun doute, si l’Iran développe une bombe nucléaire, nous suivrons le mouvement le plus rapidement possible », avait déclaré le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, à la chaîne de télévision CBS en mars dernier. Difficile d’en savoir plus pour l’instant puisque le sujet n’a pas été remis sur la table par Riyad.



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