Pierre Bou Assi est candidat des Forces libanaises à l’un des trois sièges maronites du Mont-Liban III.
Le ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, est candidat des Forces libanaises à l’un des trois sièges maronites du Mont-Liban III (Baabda) sur la liste « Unité et développement de Baabda », fruit d’une alliance entre les FL et le Parti socialiste progressiste. Il fait part à L’Orient-Le Jour de son positionnement sur les grands dossiers politiques, comme des dossiers sur lesquels il aimerait axer son action au cas où il serait élu.
1- Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays, comme les armes du Hezbollah, la ligne de conduite du Hezbollah, la position au sujet du régime syrien, l’attitude à l’égard des conflits régionaux et la décentralisation ?
Pour nous, les armes du Hezbollah sont littéralement inadmissibles. Soit le monopole de la force et de la décision stratégique est aux mains de l’État, soit aux mains d’une partie qui a les moyens de détenir les armes et la capacité de prendre des décisions qui impliquent l’État par leurs conséquences. Ce qui compromet la souveraineté de l’État. Par ailleurs, le Hezbollah a une ligne de conduite et un potentiel de conduite qui le rendent très dangereux.
En ce qui concerne le régime syrien, nous le rejetons complètement de par l’expérience que nous avons vécue avec lui. C’est un régime qui a détruit et occupé le Liban et qui, pendant son occupation, a fragilisé l’État et introduit structurellement la corruption dans les pratiques de la gouvernance. De plus, il est en train de faire au sein de sa propre population des centaines de milliers de morts. C’est un régime qui ne nous ressemble en rien et qu’on n’a pas envie d’avoir comme voisin.
Pour ce qui est des conflits régionaux, il ne faut pas les importer au Liban. À ce niveau aussi, le Hezbollah s’est immiscé dans ces conflits au risque de faire plonger le Liban dans cette fournaise interétatique et interrégimes sans aucun intérêt pour le peuple libanais.
En ce qui concerne la décentralisation, elle requiert un consensus national. Durant la guerre et la période qui l’a suivie, on avait rejeté ce projet avancé par les Forces libanaises, sous prétexte que toute forme de décentralisation aboutit à la partition du pays. Ce qui est faux.
Il faut savoir quelle décentralisation on veut. Il faut que le Liban trouve la formule qui lui convient et qu’il y ait un consensus national autour de ce projet, sinon il restera dans le cadre des slogans et de la surenchère politique.
(Lire aussi : Henri Hélou : Le dossier économique est la porte d’entrée au dialogue sur des sujets litigieux)
2- Avec quel camp ou bloc parlementaire comptez-vous coopérer au Parlement ? Envisagez-vous une coopération avec un bloc ou un camp au cas par cas, en fonction des développements ou des dossiers examinés ?
Nous ne sommes pas en faveur des alliances au cas par cas. Nous préférons les alliances de principe. Cela se voit d’ailleurs dans nos alliances parlementaires qui sont très cohérentes avec notre identité et nos principes politiques. Notre objectif est d’avoir le plus grand nombre de députés possible tout en restant cohérents avec nos principes et nos idéaux, sachant que les piliers de notre politique sont la souveraineté du pays et la lutte contre la corruption, auxquelles s’ajoutent la consolidation des institutions étatiques et une vision de l’État. Toutefois si, au cas par cas, nous soumettons un projet et qu’une partie nous soutienne, nous n’allons pas la rejeter.
3- En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Pour moi, tout fait partie de la politique, dans le sens noble du terme. Il ne faut pas réduire la politique aux petites bagarres de lutte pour le pouvoir. J’ai toujours été sensible aux affaires sociales, c’est-à-dire les orphelins, les femmes battues, les personnes âgées, les toxicomanes, les personnes handicapées et les pauvres. Ce sont les domaines auxquels je souhaite rester appelé, même si je quitte le ministère.
4- Question du lecteur : À partir de votre expérience aux Affaires sociales, quels sont les dossiers dans ce domaine auxquels vous pourriez accorder la priorité au Parlement ?
Tous les dossiers susmentionnés me sont très chers. La pauvreté est un fléau très important et cela nécessite une action d’envergure à laquelle je me suis attelé très sérieusement depuis que je suis arrivé au ministère. On développe de nouvelles actions, comme la formation des personnes touchées par la pauvreté pour qu’elles puissent accéder au marché du travail, ou qu’on leur fournisse un outillage adapté à leur ambition professionnelle. C’est une action qu’on a lancée ce mois au sein du ministère des Affaires sociales. Toutefois, je ne peux pas négliger tous les autres domaines. Si j’avais à choisir, je m’intéresserais en priorité au handicap mental. Je suis très sensible au sort de ces gens et à leurs parents.
Lire aussi
Pierre Raffoul : L’entente avec le Hezbollah est solide
Amal Abou Zeid : Le député est un employé auprès du peuple
Mahmoud Awad : L’identité de Jbeil dépend des choix des électeurs chrétiens
Charbel Nahas : Restaurer la légitimité de l’État comme État laïc
Élie Gharios : Priorité à la souveraineté et au droit à la santé
Michel Mecattaf : Il est de notre devoir de préparer une nouvelle classe politique
Simon Abiramia : « Au CPL, nous restons les mêmes et nous tendons la main »
Antoine Habchi : Briser le monopole du Hezbollah est dans l’intérêt de ses partisans
Misbah Ahdab : Je ne suis pas islamiste !
Michel Moawad : C’est en me réconciliant avec le CPL que je ressemble à mon père
Wehbé Katicha : Le désarmement du Hezbollah doit se faire dans les urnes
ça aussi c'est vrai , mais potentiel dangereux pour qui svp ? Si c'est pour nous ennemis , alors pourquoi se plaindre ?
14 h 02, le 04 mai 2018