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Voter ou voter utile, that is the question...

Voter, en démocratie, c’est naturellement se prononcer pour un programme, des options, une politique promise ; mais c’est d’abord formuler un jugement sur ce qui vient de s’achever, de préférence sur la base d’un inventaire que l’on aura dressé… C’est du moins ce que l’on apprend dans les manuels.

Mais les manuels ne disent pas tout. Ils ne disent rien ou presque rien sur le clientélisme, lequel, dans un pays comme le Liban, reste jusqu’à nouvel ordre le principal moteur de la relation entre gouvernants et gouvernés, à l’écart de tout inventaire, de tout programme ou vision d’avenir. Ils n’en disent rien car, contrairement à ce qu’on serait tenté de croire, il n’y a pas au Liban qu’un clientélisme de l’offre, mais un clientélisme de la demande, qui contraint en permanence candidats et forces politiques à s’adapter pour pouvoir répondre aux desiderata des électeurs.

Les manuels ne disent rien non plus des « clés électorales », un terme qui couvre une particularité libanaise traditionnelle, à savoir des individus qui, par la situation qu’ils occupent à la tête d’un groupe de populations (chefs de tribu, de clan, zaïms de quartier, ou simples moukhtars et autres édiles), finissent par « posséder » un nombre plus ou moins grand de voix électorales (cela peut aller de quelques dizaines à plusieurs milliers) qu’ils s’emploient à « vendre » au plus cher aux partis et aux leaders politiques. Or, ce sont ces relais, en contact à la fois avec le sommet et la base, qui détiennent le pouvoir de facto au Liban.

Enfin, ils ne disent rien du phénomène de ras-le-bol généralisé par lequel une société civile gagnée par la lassitude – quand ce n’est pas tout bêtement le fruit de la paresse d’esprit – décide de ne plus séparer le bon grain de l’ivraie, de mettre tout le monde dans le même sac et de croire angéliquement qu’il suffit de renouveler les visages et de multiplier les candidats bardés de hauts diplômes pour propulser le pays sur la voie de la bonne gouvernance. Il conviendrait, soit dit en passant, de rappeler qu’il ne sera pas question dimanche prochain d’élections à l’Académie des sciences, mais simplement au Parlement libanais…

Corollaire de ce ras-le-bol collectif, l’espèce de mono-discours sur la corruption finit par occuper tout l’espace. C’est l’éternel « tous-pourris » dont le terrifiant et paradoxal résultat est peut-être, précisément, de pousser tout le monde à la corruption (« Si, quoi que je fasse, je vais être traité de corrompu, alors autant en profiter, non ? » ).

Nous en sommes là, vraiment, faute de suite dans les idées, de vision politique, de vote-sanction, d’inventaires, justement… En voici un, très succinct : le 14 mars 2005, près des deux tiers des Libanais ont plébiscité une série d’options simples et fortes en faveur d’une démocratie libanaise libre et mature, d’une arabité ouverte et apaisée, d’une culture de la paix et de la vie, et, naturellement, d’une indépendance régénérée par-dessus les ruines du sectarisme et de l’alliance des minorités. Treize ans plus tard, le tiers mécontent, jouant tantôt de sa force illégitime sur le terrain (illégitime parce que déclarée telle par les deux tiers), tantôt du jeu politicien qui lui a permis de dévoyer et de récupérer une partie de ses détracteurs, et tantôt des blocages du système, aura réussi à rétablir les vieux démons libanais, en particulier le discours identitaire qui fut à diverses reprises si funeste pour le Liban, et surtout pour les chrétiens.

Indépendamment du positionnement des diverses formations politiques à tel ou tel moment, peut-on considérer aujourd’hui que les enjeux du 14 mars 2005 sont dépassés ? En vérité, Ils n’ont jamais été autant d’actualité, au vu essentiellement de ce qui se prépare dans la région, et dont un avant-goût a été donné dans la nuit de dimanche à lundi en Syrie. Le 6 mai, les électeurs pourraient ainsi, avant de déposer leur bulletin dans l’urne, se poser la question de savoir quel devrait être selon eux le rôle du Liban si une guerre directe devait éclater entre Israël et l’Iran, et s’ils sont d’accord pour qu’il soit décidé à leur place si le pays du Cèdre doit être impliqué ou pas dans ce conflit. Et de voter en conséquence…

Beaucoup rétorqueront que ces questions-là dépassent le cadre libanais et que leur vote n’y changerait rien. C’est bien là le problème. Pour être maître de son destin, il faudra bien un jour qu’on se décide à le prendre en main…

Voter, en démocratie, c’est naturellement se prononcer pour un programme, des options, une politique promise ; mais c’est d’abord formuler un jugement sur ce qui vient de s’achever, de préférence sur la base d’un inventaire que l’on aura dressé… C’est du moins ce que l’on apprend dans les manuels.Mais les manuels ne disent pas tout. Ils ne disent rien ou presque rien sur le...

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FORMULER UN JUGEMENT SUR CE QUI VIENT D,ETRE ACHEVE ... CAD SUR RIEN OU PLUTOT SUR LES CONNERIES COMMISES ... DONC S,ABSTENIR DE VOTER LES ALIBABAS ET LES VAURIENS POUR LES PUNIR ET VOTER DU NOUVEAU MEME SI INCONNU !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 20, le 01 mai 2018

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  • FORMULER UN JUGEMENT SUR CE QUI VIENT D,ETRE ACHEVE ... CAD SUR RIEN OU PLUTOT SUR LES CONNERIES COMMISES ... DONC S,ABSTENIR DE VOTER LES ALIBABAS ET LES VAURIENS POUR LES PUNIR ET VOTER DU NOUVEAU MEME SI INCONNU !

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