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Économie - Coopération

Les entrepreneurs libanais mettent le cap sur l’Ukraine

Outre les échanges commerciaux, le secteur privé libanais cherche également
à attirer des investisseurs ukrainiens.

Une délégation d’entrepreneurs libanais s’est rendue cette semaine à Kiev pour poursuivre un processus de rapprochement avec leurs homologues ukrainiens. Photo P.H.B.

Une délégation composée d’entrepreneurs libanais s’est rendue mardi à Kiev pour rencontrer leurs homologues ukrainiens ainsi que certains responsables locaux. Organisée par la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB), le Conseil d’affaires libano-ukrainien (LUBC), et avec le soutien des ambassades respectives des deux pays, cette visite de quatre jours a débouché sur la signature mercredi de deux protocoles de coopération : le premier liant la CCIAB avec la Chambre de commerce de Kiev ; le second conclu entre la Chambre de Tripoli et du Liban-Nord, et celle d’Odessa.

« Ces textes formalisent un processus de rapprochement qui s’est accéléré depuis 2017 », a précisé à L’Orient-Le Jour le vice-président de la CCIAB, Nabil Fahed, qui a paraphé les deux accords. Cette visite intervient d’ailleurs 7 mois après le passage d’une délégation d’hommes d’affaires ukrainiens à Beyrouth dans le cadre d’une démarche similaire. L’ambassadeur du Liban en Ukraine, Ali Daher, très actif sur ce dossier, a pour sa part déclaré dans un discours à la Chambre de commerce et d’industrie ukrainienne qu’il espérait que cette initiative puisse servir à renforcer la coopération entre les deux pays au niveau étatique. 


Le Liban, un « hub » pour l’Ukraine ? 

Côté libanais, les entrepreneurs comptent sur ce rapprochement pour doper leurs exportations vers le marché ukrainien, alors que la balance commerciale du Liban avec l’Ukraine a affiché un déficit de plus de 440 millions de dollars environ en 2017. Selon les douanes libanaises, le pays du Cèdre n’a en effet exporté qu’un peu plus de 1 million de dollars de marchandises vers l’Ukraine, majoritairement des produits dérivés du plastique et du caoutchouc, de l’agroalimentaire et des produits chimiques. Dans le même temps, les exportations ukrainienne ont avoisiné les 450 millions de dollars, répartis entre métal et produits dérivés, produits agricoles et viandes. Le volume global des échanges a, lui, nettement progressé entre 2016 et 2017, d’un côté comme de l’autre.

Pour réduire cet écart, la CCIAB compte d’abord sur le vin et l’huile d’olive, des produits que l’Ukraine importe déjà, notamment de certains pays de l’Union européenne, avec qui elle est liée par un accord d’association signé en 2014. La délégation comprenait d’ailleurs un acteur de chacune de ces filières (Adyar pour le vin et Olivares pour l’huile d’olive). « Ce sera déjà très bien si nous arrivons à augmenter les exportations de 3 ou 4 millions par an à moyen terme », estime M. Fahed.

 « Les produits libanais dans ces filières sont d’excellente qualité et suffisamment concurrentiels pour intéresser nos importateurs », considère de son côté l’ambassadeur d’Ukraine au Liban, Ihor Ostash. Ce sera en revanche plus compliqué pour d’autres produits, notamment agricoles, en raison des difficultés qu’ont certaines filières libanaises à se conformer aux barrières normatives en vigueur, notamment en matière de qualité ou de sécurité. Selon M. Ostash, l’Ukraine a tout aussi intérêt à développer ses échanges avec le Liban, qui lui sert de « hub » vers le Moyen-Orient et le Golfe, et ce malgré les difficultés affectant le transport terrestre dans la région en raison des tensions politico-sécuritaires actuelles. Il précise que les tensions que l’Ukraine a connues avec la Russie (depuis la crise de 2014) ont poussé les exportateurs locaux à diversifier leurs débouchés. 


La CEDRE comme argument

Outre les échanges commerciaux, les entrepreneurs libanais comptent également sur le rapprochement avec leurs partenaires ukrainiens afin d’attirer des investisseurs potentiels, en profitant des résultats de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), organisée à Paris le 6 avril. La communauté internationale s’est en effet engagée au cours de cet évènement – qui s’inscrit dans une série de trois conférences de soutien au Liban – à mobiliser 10,2 milliards de dollars de prêts et 860 millions de dollars de dons, destinés principalement à subventionner les intérêts de ces mêmes prêts. Des engagements qui ne seront toutefois concrétisés que si le Liban lance les réformes exigées par ses soutiens. 

Le bilan de la CEDRE n’est cependant pas le seul argument invoqué pour convaincre les investisseurs ukrainiens. « Nous pouvons en plus compter sur l’entrée en vigueur de la loi sur les partenariats publics-privés (PPP, en 2017) pour renforcer notre attractivité auprès des investisseurs », considère le banquier Samir Tawilé, président du LUBC. Le fait que le Liban ait attribué cette année ses premières licences d’exploration et de production d’hydrocarbures avec le consortium, mené par le français Total et composé de l’italien ENI et du russe Novatek, est également un atout supplémentaire pour les investisseurs ukrainiens, considère-t-on côté ukrainien.

Il reste toutefois du chemin à faire pour que les relations économiques entre le Liban et l’Ukraine passent au niveau supérieur. Les Libanais peuvent toutefois compter selon l’ambassade libanaise sur le soutien d’une diaspora d’environ 2 500 membres, très bien implantée avec des entrepreneurs dans plusieurs secteurs-clefs, comme le transport aérien (Bravo Airways, compagnie ukrainienne de charter basée à Kiev, entre autres). Il reste que la première mesure la plus plébiscitée de part et d’autres concerne l’assouplissement des procédures de visa dans les deux sens. Une doléance déjà portée auprès des autorités ukrainiennes par M. Daher, mais qui doit encore faire l’objet de discussions entre les hauts responsables des deux pays.


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