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Liban - vendredi saint

Le forçat innocent

« Le Portement de Croix », Simone Martini (peintre siennois, XIVe siècle).

L’image si riche du forçat innocent qui, comme un dauphin en mer, surgit et disparaît dans la littérature française, ne trouve son accomplissement spirituel que dans celle du serviteur souffrant magistralement annoncé dans le Livre d’Isaïe : le Christ en agonie adressant à son père son ultime prière, si complexe et si complète à la fois : Père, que cette coupe passe loin de moi, mais que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse.
On est loin de Supervielle sans doute, mais il est certain que le poète ne reniera pas cette extrapolation vers le Christ de l’heureuse image qu’il s’est lui-même réappropriée de Verlaine, et que ce dernier a peut-être empruntée à Hugo.
La mort sera à jamais la coupe amère qui, au commencement, n’était pas destinée à l’homme, mais fut introduite dans le monde par une transgression assumée par tous et à l’amertume de laquelle Dieu même voulut goûter.
Comme nous, comme homme, le Christ a assumé cette horreur devant la mort familière à tout vivant ; mais elle fut doublée pour lui d’une autre horreur, l’engloutissement de la création dans la seconde mort, dont la première n’est que la pâle figure ; tout en en étant l’image visible et le masque félon.
L’horreur du mal, l’amertume infinie de la séparation, voilà ce qui fait le tourment du Forçat innocent que nous vénérons comme Dieu le Fils et dont nous honorons aujourd’hui la Croix.

L’image si riche du forçat innocent qui, comme un dauphin en mer, surgit et disparaît dans la littérature française, ne trouve son accomplissement spirituel que dans celle du serviteur souffrant magistralement annoncé dans le Livre d’Isaïe : le Christ en agonie adressant à son père son ultime prière, si complexe et si complète à la fois : Père, que cette coupe passe loin...

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