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Moyen Orient et Monde - Présidentielle égyptienne

Sissi réélu, mais dans une quasi-indifférence

Le chef de l’État recueille plus de 90 % des voix, mais la participation au vote n’est que d’environ 40 %.

Un bulletin de vote après la fermeture des bureaux de vote lors de l’élection présidentielle au Caire, en Égypte, le 28 mars 2018. Mohammad Abd el-Ghany/Reuters

C’est une élection présidentielle qui n’aura provoqué aucun suspense. Avec 92 % des voix, selon les premières estimations publiées hier par la presse d’État égyptienne, et aux termes d’une campagne présidentielle mouvementée, surtout du côté des candidats concurrents de Abdel Fattah el-Sissi, le président égyptien est assuré d’être réélu pour un second mandat. Mais, derrière ce score élevé, le scrutin n’aura mobilisé, entre le 26 et le 28 mars, que 41,5 % des inscrits, soit moins qu’en 2014, où 47,5 % de la population s’était rendue aux urnes, élisant M. Sissi avec 97 % des voix.

Ce scrutin se sera déroulé dans des conditions de sécurité très fortes après l’attaque d’Alexandrie du 24 mars qui a coûté la vie à deux policiers. La participation, le véritable enjeu de cette élection pour le président égyptien, a été estimée en dessous des attentes, faisant perdre à M. Sissi son pari d’un taux élevé. Les autorités égyptiennes avaient pourtant grandement incité les 60 millions d’électeurs à se rendre aux urnes. Les médias du régime étaient même allés jusqu’à considérer que le vote était leur devoir et ont présenté l’abstention comme une « trahison de la patrie ». Selon Reuters, certains électeurs ont dit avoir reçu de l’argent ou d’autres avantages pour aller voter.

L’unique opposant à M. Sissi (les autres ayant été préalablement écartés ou emprisonnés), Moussa Moustapha Moussa, a obtenu 3 % des voix, selon les estimations du quotidien égyptien al-Ahram. Sympathisant du régime, il ne représentait pas une grande menace pour M. Sissi.

Les abstentionnistes, quant à eux, seront sanctionnés d’une amende de cinq cents livres égyptiennes (soit vingt-deux euros), avait rappelé mercredi l’Autorité nationale des élections. Mais, au-delà du vote en lui-même, le taux de participation semble être très représentatif d’un certain désintérêt de la part de la population égyptienne envers le « choix » politique qui lui est offert. Et ce, malgré la forte pression exercée sur les inscrits.


(Lire aussi : Comment Sissi a « éliminé toute alternative »...)


« Un signe négatif »
Pour beaucoup, « les élections ont été marquées par l’absence de vrais candidats autres que le président Sissi. La façon dont les élections ont été tenues, et dont certains candidats ont été écartés, pose la question de la légitimité du processus électoral lui-même », affirme à L’Orient-Le Jour Mohannad Hage Ali, directeur de la communication au centre Carnegie de Beyrouth. « Ces élections étaient vraiment sans concurrence, et le taux de participation est inférieur à 2014. C’est un signe négatif (…). Il y a une sorte de fatigue en Égypte, en raison des problèmes économiques. On peut voir dans les rues des gens de plus en plus mécontents de la politique de Sissi et la dégradation du niveau de vie », insiste-t-il. Ce mécontentement est à un tel point répandu que certains se demandent s’ils ne devraient regretter l’ère Moubarak, avant 2011.

Un article dans ce sens titré « Est-ce que les Égyptiens regrettent Hosni Moubarak aujourd’hui? » a été publié sur le blog Diwan du centre Carnegie, le 28 mars. Il s’agit d’un regroupement de témoignages recueillis par Michael Young, rédacteur en chef du blog, qui se penche sur l’avis de plusieurs spécialistes de la question égyptienne qui se confient sur ce sujet. L’un d’eux, Georges Fahmi, chercheur au Programme orientations moyen-orientales du Centre Robert Schuman d’études avancées à l’Institut universitaire européen de Fiesole, le confirme. « Beaucoup d’Égyptiens disent aujourd’hui qu’ils regrettent l’ancien président Hosni Moubarak. Cependant, on se rend compte que cela reflète davantage une déception quant à la gestion de l’ère post-Moubarak qu’un désir de ramener Moubarak au pouvoir », dit-il. « La plupart des Égyptiens s’accordent à dire que les difficultés économiques et politiques auxquelles le pays est actuellement confronté sont une conséquence directe de sa politique, et la période de transition a laissé de nombreux Égyptiens profondément déçus, non seulement par les politiciens, mais aussi par la politique elle-même en tant que moyen de changement. Donc, ce qu’ils regrettent, ce n’est pas Hosni Moubarak lui-même, mais plutôt comment ils ont manqué la chance de construire une Égypte différente après 2011 », conclut-il.




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C’est une élection présidentielle qui n’aura provoqué aucun suspense. Avec 92 % des voix, selon les premières estimations publiées hier par la presse d’État égyptienne, et aux termes d’une campagne présidentielle mouvementée, surtout du côté des candidats concurrents de Abdel Fattah el-Sissi, le président égyptien est assuré d’être réélu pour un second mandat....

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La comédie humaine style Moyen orient... En plus ricaner est interdit

Wlek Sanferlou

15 h 39, le 31 mars 2018

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Commentaires (1)

  • La comédie humaine style Moyen orient... En plus ricaner est interdit

    Wlek Sanferlou

    15 h 39, le 31 mars 2018

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