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Lifestyle - Danse

Ali Chahrour, le Libanais qui va bouleverser Avignon en juillet

Le danseur et chorégraphe de 28 ans, 2e prix « L’OLJ »-SGBL de la saison 1 de Génération Orient, retourne au festival deux ans après son premier passage en 2016 avec son émouvant et transgressif requiem « May He Rise ».

Photo Harve Hote

Sur l’affiche du 72e Festival d’Avignon, 3 clés. Et des têtes d’enfants. L’événement le plus prestigieux quand il s’agit de célébrer tous les arts vivants illustre ainsi son souhait de mettre sous les feux de la rampe les questionnements sur le présent et les solutions pour un meilleur avenir. « À l’honneur cette année, la jeunesse et l’enfance qui nous regardent et qui nous demandent dans quel monde ils vont vivre », annonce le directeur du festival, Olivier Py, lors de la conférence de presse retransmise en direct sur les réseaux sociaux. Il voit dans sa programmation une image du monde, son reflet, mais aussi une sorte de défi, de combat de la culture face à l’obscurantisme rampant.


Parmi les spectacles annoncés, celui du jeune Libanais Ali Chahrour qui revient à Avignon deux ans après y avoir présenté ses deux premiers opus.
 « Mes partenaires de scène et moi sommes très enthousiastes », déclare d’emblée l’artiste à L’Orient-Le Jour. Après les bouleversants Fatmeh et Leila se meurt, il clôt ainsi la trilogie dansée sur les larmes avec May He Rise and Smell The Fragrance, jouée à Beyrouth en février 2017. « C’est un honneur de voir qu’une œuvre locale portant des questionnements et des références culturelles inhérents à notre société, menée par un petit groupe d’artistes et sortie de ce petit pays qui est le Liban, soit vue, discutée et débattue par un public international, note Chahrour. Mes spectacles ne présentent pas ma culture, ajoute l’artiste. Ce n’est pas mon objectif en tant que chorégraphe. Ce que je présente est organique et personnel. »
May He Rise a remué les consciences à Beyrouth. « Devant un public étranger, je m’attends à une réaction différente, en effet », estime Ali Chahrour. De la curiosité, certes, mais aussi une remise en question des préjugés des étrangers vis-à-vis de notre culture, notamment en ce qui concerne les questions de genre, des identités masculine et féminine.
Ali Chahrour et son équipe – Hala Omran, Ali Hout et Abed Kobeissy – seront ainsi du 14 au 17 juillet au théâtre Benoît XII. Ceci fera suite à une longue tournée à travers l’Europe dans les festivals incontournables, débutée le 13 mars dernier au festival DansFabrik de Brest. Il poursuivra sa tournée en Allemagne (au théâtre An-der-ruhr à Mulheim le 7 avril), en Hongrie (au Festival MITEM de Budapest le 21 aAvril), en Irlande (au Dublin Dance Festival, le plus grand festival de danse d’Irlande, en mai), en Italie (au Festival de Théâtre de Naples le 24 juin).



De l’amour
Dans cette audacieuse et inédite première trilogie qu’il a construite autour des rites funéraires, Ali Chahrour part de son histoire individuelle, intime, avec une dimension anthropologique plutôt qu’autobiographique. Fatmeh est à la fois une et plusieurs. Elle est la fille du Prophète et elle est Oum Kaltoum. Les gestes mécaniques, répétitifs, l’incantation et la prouesse vocale, poussées toutes deux à l’épuisement, provoquent une confusion d’émotions entre l’art (tarab) et le mysticisme, soulevant ainsi les questions d’ordre métaphysique et sociopolitique : la place des femmes (veuves, pleureuses, mères d’enfants morts...), l’insécurité et la mort. Mais l’art au seuil du profane et du sacré gomme l’état d’absence et libère les femmes non sans douleur. L’émancipation s’opère par le deuil à travers l’omniprésence des rituels chiites, tels que l’autoflagellation, rappelant les pleureuses et la commémoration de la mort de Hussein.


Suite à la réflexion sur la mort, Ali Chahrour prépare une nouvelle pièce consacrée cette fois à l’amour, dont le titre serait Layl (nuit). Cette création constitue le premier volet d’une deuxième trilogie qui aborde la violence, et la cruauté de l’amour, de la poésie et de l’esthétique. La performance se penche précisément sur la transformation du concept d’amour et ses formes d’expression de la période préislamique, la jahiliyyah, par le biais de l’islam, à la société contemporaine.
Comme tous ses spectacles – Ali Chahrour y tient – celui-ci sera donné en avant-première à Beyrouth, du 24 au 27 janvier 2019 au théâtre al-Madina, avant une première européenne à Brest.


Sur l’affiche du 72e Festival d’Avignon, 3 clés. Et des têtes d’enfants. L’événement le plus prestigieux quand il s’agit de célébrer tous les arts vivants illustre ainsi son souhait de mettre sous les feux de la rampe les questionnements sur le présent et les solutions pour un meilleur avenir. « À l’honneur cette année, la jeunesse et l’enfance qui nous regardent et...

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