Rechercher
Rechercher

À La Une - France

Le cas Sarkozy, un défi pour la justice

L'institution judiciaire risque-t-elle de se retrouver sous le feu des critiques en cas d'un éventuel non-lieu à l'issue de l'instruction, comme le pensent certaines personnalités ?

La mise en examen de Nicolas Sarkozy dans le dossier des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 constitue un défi pour la justice, inévitablement confrontée aux soupçons de politisation dans ce dossier. AFP / JOEL SAGET

La mise en examen de Nicolas Sarkozy dans le dossier des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 constitue un défi pour la justice, inévitablement confrontée aux soupçons de politisation dans ce dossier.

A ce jour, un seul ancien président de la Ve République française a été renvoyé en correctionnelle : Jacques Chirac, condamné en 2011 à deux ans de prison avec sursis pour une affaire d'emplois de complaisance à la Ville de Paris remontant au début des années 1990, quand il était maire de la capitale.

Le cas de Nicolas Sarkozy, déjà renvoyé en correctionnelle pour le financement de sa campagne de 2012 et menacé par d'autres affaires, est d'un autre calibre. L'ancien chef de l'Etat est mis en examen pour financement illicite de campagne électorale, corruption passive et recel de détournement de fonds publics libyens, infractions passibles de dix ans de détention. Il fait en outre l'objet d'un contrôle judiciaire, dont il demande la levée.

Il affirme que les juges ne se basent que sur les "mensonges" de la "bande" de Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen qu'il a contribué à renverser en étant la cheville ouvrière d'une intervention militaire en 2011. Et il a clairement fait valoir jeudi sa qualité d'ancien président pour critiquer sa mise en cause judiciaire. "C'est la France, c'est la fonction qui est en cause, au même niveau qu'une bande d'assassins et d'escrocs condamnés pour cela", a-t-il dit sur TF1. "Quand même, on est dans un Etat de droit, on ne peut pas se comporter comme cela !"


(Lire aussi : Soupçons de financement libyen : Sarkozy dénonce "une calomnie")



Tournaire, un magistrat expérimenté
Une stratégie de défense qui n'a pas ému les trois juges chargés du dossier, dont le très discret et expérimenté Serge Tournaire, qui intervient dans d'autres investigations visant l'ancien président de la République.

"Serge Tournaire n'est clairement pas un magistrat qui improvise", souligne un familier du Palais de justice, selon qui les "indices graves ou concordants" sur lesquels s'appuient les juges ne se limitent vraisemblablement pas aux éléments que Nicolas Sarkozy s'est efforcé de démolir devant les juges.

Nicolas Sarkozy s'acharne notamment dans ses dénégations sur l'intermédiaire Ziad Takieddine, "qui n'est peut-être pas en effet d'une fiabilité absolue", souligne pour sa part l'ancien avocat général à la cour d'appel de Paris Philippe Bilger. "Mais il me semble que la réponse de Nicolas Sarkozy ne bat pas en brèche forcément l'ensemble des éléments recueillis au fil des années", a dit ce magistrat honoraire à Reuters.



L'institution judiciaire risque-t-elle de se retrouver sous le feu des critiques en cas d'un éventuel non-lieu à l'issue de l'instruction, comme le pensent certaines personnalités ?
"Je ne crois pas, ou alors c'est le risque inhérent à toute procédure, d'autant plus quand elle concerne un ancien président ou un très haut responsable politique", estime Philippe Bilger. "On se trouve face à une administration normale de la justice, même si je crois sentir dans l'esprit public le fait qu'on ait du mal à concevoir qu'un ancien président puisse être traité de cette manière procéduralement normale", dit-il.


(Lire aussi : Ziad Takieddine à L'Orient-Le Jour : Kadhafi a financé la campagne de Nicolas Sarkozy )



Indépendance de la justice
Il ne croit pas non plus que la critique sur la politisation des juges, brandie à droite par des partisans de l'ancien chef de l'Etat, soit justifiée.
"J'entends toujours dénoncer la politisation des juges ; c'est une erreur, en l'occurrence, parce que, paradoxalement, la politisation arrive lorsque les politiques dénoncent une politisation dans les pratiques judiciaires", explique-t-il.

Pour Céline Parisot, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats, les critiques sont inévitables, quelle que soit l'issue de l'instruction : "S'il y a un non-lieu, ça sera le fonctionnement de la justice qui sera mise en cause, mais s'il y a une condamnation qui n'est pas à la hauteur des espérances de certains, ce sera la même chose. On ne prendra jamais la bonne décision."

Pour Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature, cela prouve qu'il faut définitivement couper le lien entre le pouvoir politique et la magistrature. "On n'a toujours pas une indépendance de la justice suffisamment clairement établie et, du coup, il y a toujours ce doute sur l'influence du pouvoir sur les décisions dans ces affaires-là", déclare-t-elle à Reuters. "C'est bien pour cela que nous disons, à l'unisson de tous les syndicats de magistrats, qu'il faut couper le lien de façon plus claire pour qu'il n'y ait plus de soupçons", ajoute-t-elle.


Lire aussi
Soupçons de financement libyen de la campagne Sarkozy : les protagonistes


Pour mémoire

Soupçons de financement libyen : Djouhri, proche de Sarkozy, obtient sa libération sous caution

Macron veut en finir avec "les mauvaises habitudes" de Sarkozy et Hollande 

Bachir Saleh, ex-argentier de Mouammar Kadhafi, blessé par balle en Afrique du Sud

En France, le parquet compare certaines méthodes de Sarkozy à celles d'"un délinquant"

Affirmation de financements libyens: Takieddine inculpé pour diffamation en France  

La mise en examen de Nicolas Sarkozy dans le dossier des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 constitue un défi pour la justice, inévitablement confrontée aux soupçons de politisation dans ce dossier. A ce jour, un seul ancien président de la Ve République française a été renvoyé en correctionnelle : Jacques Chirac, condamné en 2011 à deux ans...

commentaires (2)

COMPLOT D,UN REVANCHARD !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 23, le 27 mars 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • COMPLOT D,UN REVANCHARD !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 23, le 27 mars 2018

  • On va broder , tourner en rond etc... et au final on va décréter que sarko qui a véritablement manger dans la main de sa victime kaddafi n'a rien fait de mal , tout simplement parce que sarko ex président français, qui a bien travailler pour ses patrons , n'a en face de lui qu'un dictateur arabe , musulman qui ne méritait que ce qui lui est arrivé. En fait de justice, laissez moi rire .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 17, le 27 mars 2018

Retour en haut