Un intermédiaire qui accuse, un ancien chef de l'Etat mis en cause, des témoins-clés en mauvaise santé ou morts : l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007 met en scène des protagonistes aux versions contradictoires.
L'intermédiaire bavard
(Lire aussi : Ziad Takieddine à L'Orient-Le Jour : Kadhafi a financé la campagne de Nicolas Sarkozy )
La Sarkozie
Nicolas Sarkozy : l'ancien président de la République a été inculpé mercredi soir. M. Sarkozy, qui nie les faits qui lui sont reprochés, a été mis en examen (inculpé) pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens" et placé sous contrôle judiciaire.
Interrogé en novembre 2016, sur les accusations de M. Takieddine, qu'il a toujours démenties, il avait parlé "d'indignité" et reproché au journaliste lui posant la question de "donner crédit" à la parole de cet intermédiaire.
Claude Guéant : l'ex-secrétaire général de l'Elysée, homme de confiance de Nicolas Sarkozy, a reçu un virement de 500.000 euros en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien, et déclaré qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges. Ces derniers l'ont mis en examen notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".
Brice Hortefeux : l'ex-ministre de l'Intérieur a été entendu en audition libre mardi. Selon un document révélé par Mediapart, il a participé le 6 octobre 2006 à une réunion, au cours de laquelle aurait été acté le principe du financement libyen, en présence d'Abdallah Senoussi, directeur des services de renseignements, Bachir Saleh, argentier du régime, et l'homme d'affaires Ziad Takieddine.
Eric Woerth : trésorier de la campagne de 2007, il a reconnu devant les enquêteurs que de l'argent liquide avait circulé au sein de l'équipe de Nicolas Sarkozy et en a attribué l'origine à des dons anonymes reçus par courrier. D'autres témoignages contredisent cette hypothèse, dont celui d'une salariée qui assure n'avoir jamais vu arriver d'enveloppes contenant de l'argent liquide.
Les témoins-clés à l'hôpital
Bachir Saleh : ex-directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, il s'est réfugié en France après la chute de l'ancien dictateur libyen avant de fuir à nouveau après la publication par Mediapart de la note sur le financement et le lancement d'une notice rouge par Interpol. Actuellement en exil, il a été blessé par balles en Afrique du Sud fin février. Quand les juges se sont déplacés en avril 2017 pour interroger ce personnage-clé, ce dernier a exercé son droit au silence.
Alexandre Djouhri : l'homme d'affaires a vu son nom apparaître notamment lors de la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins, sur la Côte d'Azur, à un fonds libyen. Ils le soupçonnent d'en avoir été, derrière plusieurs prêtes-noms, le véritable propriétaire et de l'avoir cédé à un prix surévalué, ce qui aurait pu permettre de dissimuler d'éventuels versements occultes. Après avoir refusé de répondre aux convocations des juges, il a été arrêté à Londres en janvier. Souffrant de problèmes cardiaques, il est actuellement à l'hôpital et saura s'il est extradé vers la France en juillet.
(Pour mémoire : Soupçons de financement libyen : Djouhri, proche de Sarkozy, obtient sa libération sous caution)
Les morts
Mouammar Kadhafi : l'ancien dictateur libyen, tué en 2011, a un temps entretenu des relations diplomatiques avec le président Sarkozy, après avoir été mis au ban de la communauté internationale. Reçu à l'Elysée en 2007, il avait qualifié son "ami" Sarkozy de "fou" lorsque Paris a reconnu l'opposition libyenne en 2011. Son fils, Seif al-Islam, avait affirmé sur Euronews que la Libye avait financé la campagne de M. Sarkozy, sans fournir de preuves.
Choukri Ghanem : ex-ministre du Pétrole de la Libye, il a été retrouvé noyé dans le Danube en 2012. Les juges ont toutefois obtenu des carnets dans lesquels il mentionne trois paiements en avril 2007 destinés à Nicolas Sarkozy, pour au moins 6,5 millions d'euros.
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Sarko a été l'homme choisi pour exécuter kaddafi parce qu'il fallait le réduire au silence dans ses relations avec la France qu'il a financé .
12 h 55, le 22 mars 2018