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Lifestyle - Beyrouth Insight

Janane Mallat sort la vérité de la bouche des enfants

La télévision est son partenaire idéal, son roi de cœur qui la suit dans toutes ses aventures et qui l’inspire. La dernière émission de Janane Mallat, « Daq el-jaras » sur MTV*, donne (enfin) la parole aux enfants face à des politiciens souvent désarçonnés. Dans l’obligation de sortir la carte de la sincérité.

Une classe atypique et un beau mélange.

Une émission politique différente, un discours plus courageux, des questions parfois embarrassantes. Est-ce que ça va marcher ? « C’est ce point d’interrogation qui me fait sortir de mon lit tous les matins, qui me fait vibrer », confie Janane Mallat, quelques semaines après le lancement de sa nouvelle émission Daq el-jaras sur la MTV. Car la productrice indépendante (Iprod) n’a plus rien à prouver dans cet univers autrefois exclusivement masculin. Depuis 1988, le petit écran a pris avec elle des dimensions plus larges quand elle a choisi d’en faire le tour, sur la C33 d’abord. De découvrir puis d’en démonter tous les ressorts. Et d’en faire sauter les limites. Pas de non-dits, pas de tiédeur, depuis le début, inlassablement, Janane Mallat dénonce, explique, brise les tabous, en toute intelligence. Celle qui se considère avant tout, et surtout « journaliste », avec pour mission de « faire passer l’information en toute transparence », s’est calmée ; même si sa révolte, mûrie, est toujours présente. « Je ne suis plus dans l’urgence, confie-t-elle. J’ai des envies, tout le temps. Je suis toujours aussi fonceuse, mais moins pressée. Moins pressée de vieillir aussi, de brûler la vie par les deux bouts. » Avec, toutefois, une même constance : « La liberté de parole avant tout. » La sienne est passée par le documentaire : Badrieh, qui a obtenu le Best Medical Report de CNN international ; le social, Al-chater yehké, la variété, Ya leil ya ein, puis, plus récemment, Dancing with the stars, un énorme succès. Sur les chaînes locales et régionales : MBC, LBC et LBCI, Future TV, Rotana TV et Arte. 


Lâcher prise

Toujours curieuse d’adapter des formats nouveaux, qui la surprennent à elle d’abord, et impatiente de relever des défis, lorsque Janane Mallat découvre Au tableau ! , sur la chaîne française C8, diffusée en mars 2017 à la veille de l’élection présidentielle française, elle voit déjà précisément où elle peut emmener l’émission et tout le potentiel qui s’y cache. « Je n’arrive pas à faire tout ce que je veux. Parfois, mes envies ne correspondent pas aux chaînes, et vice versa. » Mais cette fois-ci, ça marche. Les deux « parties » sont séduites par ce concept nouveau et innovant, frais et rafraîchissant, « qui va rafraîchir la vie politique » : une classe d’enfants de 9 à 12 ans recevant un politicien durant 75 minutes. « Ce sont eux qui mènent l’émission, ils sont nos partenaires, précise-t-elle. Nous les briefons sur le parcours personnel et politique de l’invité, et, un peu comme une équipe de rédacteurs, de petits journalistes, ils préparent les questions. » Le premier invité, Saad Hariri, a été suivi de Gebran Bassil, Élie Ferzli et Marwan Hamadé. Cette semaine, c’est Inaya Ezzeddine qui se prête à leur curiosité saine, en attendant Samy Gemayel. Outre la spontanéité des questions et les personnalités des élèves, choisis après un long casting auprès d’une trentaine d’écoles, le résultat est un mélange parfait de cultures, de religions, de mentalités et de milieux sociaux. Et c’est le but. « Ces enfants sont surtout fascinés par ce qu’ils découvrent chez “les autres”. Nulle part au Liban on ne verra une classe aussi exemplaire, avec des élèves de Tyr partageant les mêmes bancs que des élèves de Bickfaya… », souligne une productrice heureuse et désenchantée par une classe politique qui « a intérêt à se remettre en question et se refonder ». Parmi les émissions déjà diffusées, celle de Saad Hariri a été sans doute la plus appréciée. « Il a été subtil, s’est mis au niveau des enfants tout en restant Premier ministre. Il a surtout révélé des choses que personne ne connaissait. Gebran Bassil a été agressif, polémique. Marwan Hamadé s’est montré accessible, même si la différence de générations était importante. » « C’est la première fois que je lâche complètement prise dans une émission, confie-t-elle encore. Je n’ai voulu avoir aucun contrôle pendant les face-à-face. J’interviens au montage pour “raccourcir” le bavardage des politiciens de 1 heure 40 à 75 minutes. Ce qui m’intéresse le plus dans ce genre d’émissions, ce sont les failles. J’adore les failles. Heureux sont les fêlés, comme disait Michel Audiard, car ils laisseront passer la lumière. » 


Tomber amoureuse...

Dix à douze émissions, au total, ont été prévues avant les élections législatives. Deux spéciales pourraient s’y ajouter. « Reprendre l’émission en septembre, avec, peut-être, comme en France, des artistes au lieu des politiciens ? La question se pose », répond-elle. Une fois de plus, le succès d’une émission signée Janane Mallat est au rendez-vous. « Je ne m’attends pas, j’espère un succès », corrige cette grande amoureuse des mots justes, qui a repris ses études pour décrocher un Executive MBA à l’ESA. Ses projets ? « J’espère pouvoir reprendre Dancing with the stars, si nous avons le budget, monter une start-up et, peut-être, tomber amoureuse. Ce serait une bonne chose… » 


* « Daq el-jaras », les dimanches à 21h45 sur la MTV. Réalisation : Charbel Youssef.


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