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Liban - Législatives 2018 - interview express

Jawad Boulos : Je fais le choix de l’État

Jawad Boulos.


Candidat à l’un des trois sièges maronites du caza de Zghorta, l’ancien député indépendant, de la mouvance du 14 Mars, qui se présente avec Michel Mouawad, expose pour L’Orient-Le Jour les grandes lignes de son programme électoral.

Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays (armes et ligne de conduite du Hezbollah, le régime syrien, les conflits régionaux, la décentralisation, la crise des réfugiés syriens…) ?
Un État doit revendiquer avec succès, pour son propre compte, le monopole de la violence légitime. Tant que le Hezbollah (et autres milices) gardera ses armes, l’État restera un projet en gestation et les Libanais continueront à vivre dans une situation de non-droit. Dès lors que la loi est otage des armes, c’est une économie de brigandage et de racket qui se construit. Elle recrute dans les rangs des voyous plutôt que dans ceux des diplômés. La corruption devient un comportement rationnel au vu des contraintes et même des dangers qu’entraîne l’application de la loi. Les capitaux ne s’investissent plus. L’arsenal du Hezbollah et des autres milices fait obstacle à l’émergence de l’État, à la réforme des institutions et au développement de l’économie légale. Pour ceux qui, comme moi, considèrent que le moteur principal de l’émigration de nos jeunes est d’abord économique, les armes miliciennes censées protéger les Libanais pavent de ce fait les routes de l’émigration. Je fais le choix de l’État.
En Syrie, il est clair que le retour au statu quo ante est impossible. Il n’y aura pas davantage de solution militaire. La solution ne sera que politique. Elle pourrait s’inspirer du modèle libanais car la dimension confessionnelle du drame syrien crève les yeux. Notre diplomatie pourrait en faire son cheval de bataille. Ayons l’audace de participer au façonnement du nouvel ordre politique de la Syrie voisine. Si le clan Assad s’est évertué à miner le système libanais, c’est qu’il redoutait qu’il ne devienne importable chez lui. Je comprends qu’on puisse être sceptique à ce sujet, mais l’idée a le mérite d’être proactive et je ne vois personne en proposer de meilleure. Contribuons à la paix en Syrie au lieu d’y envoyer nos fils mourir pour une cause qui n’est pas la leur.
En tout cas, le Liban doit avoir les meilleures relations avec les pays de la région et au-delà. Encourageons et dynamisons les échanges économiques, culturels et touristiques avec ces pays et posons-nous en médiateurs des conflits régionaux. Les diasporas libanaises souvent influentes peuvent compléter les efforts de notre diplomatie.

Avec quel camp ou bloc parlementaire comptez-vous coopérer au Parlement ? Envisagez-vous une coopération avec un bloc ou un camp au cas par cas, en fonction des développements ou des dossiers examinés ?
Si je suis élu, ma première priorité sera d’œuvrer au dynamitage de cette loi électorale toxique, vicieuse et antidémocratique qui encourage les alliances contre nature et désindividualise les électeurs.
Mon expérience passée de parlementaire m’encourage à rester indépendant. Le travail législatif se fait essentiellement en commission. Il est donc important d’avoir un bon rapport avec les législateurs « techniques » plutôt que « politiques » si l’on veut produire des textes de qualité. Il s’agit donc de faire le choix de commissions et d’individus plutôt que de blocs.

En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Je souhaiterais travailler sur plusieurs dossiers qui me tiennent particulièrement à cœur. D’abord, la décentralisation dans le cadre plus large de la réforme administrative. Il faut dessaisir l’État central d’un maximum de pouvoirs qui deviendraient du ressort des autorités locales. L’État central est mauvais administrateur et il est presque impossible de responsabiliser un fonctionnaire. Une administration de proximité devient impérative. Il faudrait aussi réintroduire les tribunaux administratifs locaux afin de faciliter les recours en responsabilité contre l’État et les municipalités. Quand les budgets seront grevés par les indemnités consenties aux administrés à raison de l’incurie de l’administration, on sera bien obligé d’engager des réformes.
Je voudrais aussi travailler sur des dossiers aussi divers que l’urbanisme afin, par exemple, de désenclaver les communes, de sauver les cimes et d’humaniser les villes. Il faut aussi revoir le code fiscal et les mesures propres à encourager l’investissement. Il y a l’environnement, les transports publics, l’assurance vieillesse. Mais, surtout, il y a le devoir de mémoire et son intégration aux programmes scolaires, la culture et bien d’autres dossiers. Il y a tant à faire.

La question du lecteur : certains prétendent que votre candidature sert principalement la candidature de votre colistier Michel Moawad. Est-ce vrai ? Et qu’avez-vous à dire sur ce sujet ?
La proportionnelle et les sondages accordent à notre alliance un seul siège à Zghorta. C’est un fait incontestable. Ce siège sera occupé par Michel Moawad qui obtiendra le plus de votes préférentiels. Son élection rendra à Zghorta sa voix souverainiste. Nous formons une équipe. Il est logique que je le soutienne. Quand on joue en équipe, l’identité de celui qui marque le but importe peu. Ce qui compte, c’est que le but soit marqué. Cela dit, je demeure candidat. Rien n’empêche les électeurs de voter pour moi. S’ils le font en nombre suffisant, nous pourrons passer à deux.


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commentaires (5)

LES MEMES NOMS... LES MEMES PAROLES !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 39, le 17 mars 2018

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Commentaires (5)

  • LES MEMES NOMS... LES MEMES PAROLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 39, le 17 mars 2018

  • Tant que le pays est occupé par une milice qui oeuvre pour une puissance étrangère, armée par l'étranger, financée par l'étranger, dirigée par l'étranger, le pavage de la route vers l'émigration des indigènes originels vers le large se poursuit jusqu'à l'épuisement du stock...

    Un Libanais

    19 h 11, le 17 mars 2018

  • C'est vraiment sans espoir pour certains soi-disant citoyens de ce pauvre pays...perdus dans leurs rêves ! Mais tenez bon, Monsieur Jawad Boulos, notre Liban a besoin de gens courageux et sincères comme vous ! Et les rêveurs...eh bien qu'ils continuent de rêver...apparement ils en ont besoin pour survivre ! Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 24, le 17 mars 2018

  • Constat sans appel. Bravo M Boulos

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 11, le 17 mars 2018

  • Petit joueur. Je lui ferai la liste de pays où n'existe aucune milice ni aucun parti armé ni même l'armee au pouvoir,dans des situations de désastre incomparable avec l'état libanais , qui peut être fière de sa résistance armée face aux prédateurs sionistes .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 40, le 17 mars 2018

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