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À La Une - Liban

A Rome, Bassil réclame le retour volontaire des réfugiés palestiniens

Le Hamas estiment que les propos du ministre libanais devant la conférence des donateurs de l'UNRWA "violent le droit international".


Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, appelé jeudi la communauté internationale réunie à Rome pour discuter de l'avenir de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui traverse la pire crise financière de son histoire, à "organiser une campagne pour le retour volontaire des réfugiés palestiniens". Photo d'archives AFP

Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a appelé jeudi la communauté internationale réunie à Rome pour discuter de l'avenir de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui traverse la pire crise financière de son histoire, à "organiser une campagne pour le retour volontaire des réfugiés palestiniens", estimant qu'un tel retour serait "bénéfique pour la cause palestinienne". 

"Si nous voulons approcher la question des réfugiés palestiniens comme le fait avec nous la communauté internationale en ce qui concerne les réfugiés syriens, nous devons alors appeler cette même communauté internationale à organiser une campagne pour le retour volontaire des réfugiés palestiniens", a affirmé M. Bassil dans son discours.

Le ministre a rappelé dans ce contexte que le Liban avait accueilli en 1948 les Palestiniens "fuyant les massacres menés par les bandes de rohingyas israéliens", selon le texte distribué par l'Agence nationale d'information (Ani).

Soulignant le fardeau que constituent pour le Liban les réfugiés palestiniens et syriens, le ministre a ajouté: "le Liban ne veut pas que l'expérience des Palestiniens soit clonée sur les Syriens. Comment la communauté internationale qui est incapable de remplir ses engagements à l'égard de l'UNRWA peut-elle demander au Liban l'intégration des déplacés syriens alors qu'elle supprime l'agence chargée des réfugiés palestiniens, comme si l'on nous annonçait que le même scénario allait se répéter?", a-t-il encore dit.

Le chef de la diplomatie libanaise a également appelé l'UNRWA à ne plus soutenir financièrement "tous les réfugiés palestiniens qui ont quitté le Liban ou ont acquis la nationalité d'un autre pays". Pour lui, cela permettra non seulement "de réduire le fardeau financier" de l'organisation, mais également de réduire le nombre de réfugiés au Liban sans s'opposer à leur droit de retour, qui est un droit sacré".

Fin décembre, les autorités libanaises avaient annoncé que 174.000 réfugiés palestiniens vivaient au Liban, dans un premier recensement officiel. Ce chiffre est beaucoup moins élevé que toutes les estimations circulant dans le pays et qui vont parfois jusqu'à 500.000.

La présence des Palestiniens a toujours été un sujet délicat au Liban, accentuant notamment les clivages dans la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1975 et 1990. Un sentiment anti-palestinien perdure parfois dans le pays et nombreux sont ceux qui refusent une naturalisation des ressortissants palestiniens ayant fui leur terre d'origine après la création en 1948 de l’État d'Israël.


(Pour mémoire : Il y a 174.422 réfugiés palestiniens au Liban, annonce Hariri)


Réaction du Hamas
Le chef du bureau de presse du Hamas, Raafat Morra, a violemment réagi aux déclarations de M. Bassil, qu'il a accusé de "violer le droit international et les conventions de l'ONU". "Nous refusons ces déclarations et nous sommes attachés aux droits des réfugiés palestiniens. La communauté internationale, représentée par l'UNRWA, est en charge des affaires de réfugiés palestiniens et le gouvernement libanais doit respecter les droits de l'Homme", a-t-il ajouté. M. Morra a déploré que "ces déclarations interviennent alors que les Etats-Unis ont des plans pour liquider la cause palestinienne, et surtout en ce qui concerne Jérusalem et les réfugiés". 

Alors que se tenait la conférence de Rome, un sit-in a été organisé dans le camp palestinien de Aïn el-Heloué, le plus grand du Liban, pour réclamer que l'UNRWA ne cesse pas ses aides. Plusieurs organisations palestiniennes ont également manifesté devant le siège de l'UNRWA à Beyrouth, afin de demander à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités et de continuer à soutenir financièrement l'agence onusienne. 

Établie en 1949, l'UNRWA apporte son aide à plus de trois millions de Palestiniens, sur les quelque cinq millions enregistrés comme réfugiés dans les Territoires palestiniens, en Jordanie, au Liban ou en Syrie, survivants ou descendants des centaines de milliers de Palestiniens jetés sur les routes lors de la première guerre israélo-arabe en 1948. Plus de 500.000 enfants étudient dans les écoles de l'UNRWA qui fournit aussi des soins et des financements. L'agence emploie plus de 20.000 personnes au Proche-Orient, des Palestiniens dans une vaste majorité.


Besoin de fonds avant l'été
Les Etats-Unis, principal bailleur de fonds de l'UNRWA, avaient annoncé en janvier le gel de dizaines de millions de dollars d'aide à l'agence. L'administration Trump avait invoqué la nécessité de réviser "en profondeur" le fonctionnement de l'UNRWA. Elle demandait aussi que d'autres pays fassent plus. L'administration Trump n'avait alloué jusqu'alors que 60 millions de dollars à l'agence en 2018, alors que les Etats-Unis avaient versé 360 millions en 2017, soit près de 30% du financement total de l'agence.

Jeudi, Pierre Krähenbühl, commissaire général de l'UNRWA, a expliqué lors de la conférence à Rome que l'agence cherchait 441 millions de dollars (361 millions d'euros) pour poursuivre ses activités mais que seulement 100 millions de dollars avaient été promis par les donateurs. "C'est un premier pas pour combler le manque de ressources mais il est absolument impératif de trouver toute la somme", a-t-il dit. Selon M. Krähenbühl, le Qatar, la Suisse, la Turquie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Mexique, l'Inde et la France ont apporté leur contribution. 

Il a par ailleurs assuré que d'autres pays, qui n'ont pas annoncé de nouveaux dons jeudi, avaient promis de verser davantage à l'avenir. Mais aucun geste n'est venu en provenance des Etats-Unis alors que l'administration Trump n'a alloué jusqu'ici que 60 millions de dollars à l'UNRWA en 2018 contre 360 millions en 2017, ce qui représentait près de 30% du financement total de l'agence. Cela signifie que l'organisme doit trouver 346 millions d'ici à la fin de l'année pour assurer son fonctionnement. Pierre Krahenbuhl a indiqué que la levée de fonds permettrait à l'UNRWA de tenir "jusqu'à l'été".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a assuré pour sa part au cours de la conférence des donateurs que, sans nouvelles donations, "des services essentiels pourraient être réduits ou éliminés".
Les services qui risquent d'être les plus touchés pourraient être les quelque 700 écoles dans les territoires palestiniens et dans toute la région. Seront également affectés la santé, le microfinancement et la sécurité alimentaire de 1,7 million de réfugiés vivant "dans une pauvreté abjecte" ou touchés par le conflit, a ajouté M. Guterres. "Cela pourrait avoir de graves conséquences, entraîner des problèmes en cascade menant vers des souffrances imprévisibles et désastreuses", a conclu le secrétaire général de l'ONU.


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Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a appelé jeudi la communauté internationale réunie à Rome pour discuter de l'avenir de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui traverse la pire crise financière de son histoire, à "organiser une campagne pour le retour volontaire des réfugiés palestiniens", estimant qu'un tel retour serait "bénéfique pour la...

commentaires (5)

Je me demande pourquoi Hariri laisse cet homme s'exprimer ?? Il ne peut apporter que des problèmes qui s'ajoutent à d'autres problèmes A la tête du Ministère des Affaires Etrangères il ne fait que ridiculiser le Liban et gangrener les relations avec tous les pays arabes

FAKHOURI

10 h 11, le 16 mars 2018

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Commentaires (5)

  • Je me demande pourquoi Hariri laisse cet homme s'exprimer ?? Il ne peut apporter que des problèmes qui s'ajoutent à d'autres problèmes A la tête du Ministère des Affaires Etrangères il ne fait que ridiculiser le Liban et gangrener les relations avec tous les pays arabes

    FAKHOURI

    10 h 11, le 16 mars 2018

  • DE LA PROPAGANDE ELECTORALE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 23, le 15 mars 2018

  • La rengaine "le retour volontaire" des 600.000 réfugiés palestiniens et le "le retour volontaire" des 1.600.000 déplacés syriens... Ce conte de "briq ez-zayt" (cruche d'huile) a trop duré et nos gouvernements successifs depuis 1948 s'en lavent les mains jusqu'au jour fatidique et infernal de leur naturalisation. Les Palestiniens ne veulent plus de leur Palestine et les Syriens ne veulent plus de leur Syrie assadiste. Ils sont heureux dans le pays des autres qui se vide petit à petit de ses autochtones originels. "Kan ya ma kane" Il était une fois, un pays qui s'appelait le Liban où 18 communautés vivaient heureuses comme Dieu en France...

    Un Libanais

    17 h 31, le 15 mars 2018

  • Quelqu'un serait prêt pour se dévouer et expliquer à notre soi disant "ministre des affaires étrangères" comment s'exprimer en public ? Ne nous manquaient plus que les problèmes qu'il nous amène régulièrement ici et là ! Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 14, le 15 mars 2018

  • Vous avez entièrement raison Mr Bassil. Mais il faut en fait réclamer le retour de tous les réfugiés palestiniens et syriens du Liban. Le Liban ne peut plus supporter tous ces réfugiés qui se croient chez eux au Liban et qui ne font que menacer la stabilité de notre pays. Avant de respecter les droits de l'homme, Il faut respecter la souveraineté du Liban.

    Achkar Carlos

    17 h 13, le 15 mars 2018

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