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Culture - Exposition

Les belles heures de la BD en 38 couvertures

Tintin, Spirou, Gaston et les Schtroumpfs, ou encore Buck Danny, Alix et les Tuniques bleues ont marqué, de manière indélébile, plusieurs générations. À la SV Gallery, l’histoire de la BD belge est à l’honneur.

À la SV Gallery, l’histoire de la BD belge est à l’honneur. Photo Michel Sayegh

Bien sûr, il faut des images qui forment un récit et un scénario intégré à ce dernier, mais ce qui demeure incontournable, c’est le talent et l’imagination, celle qui permet à chaque lecteur de se figurer le son d’une voix (les insultes du capitaine Haddock ou la voix sensuelle de la Shtroumpfette), le mouvement d’un véhicule ou la température ambiante (la chaleur du Congo ou le silence glacial de la Lune) ou encore tout ce qui est suggéré entre deux cases. Voilà ce que la bande dessinée, résultat d’une complicité entre l’art de dessiner et le pouvoir de le raconter, requiert pour honorer son titre du « plus littéraire des arts plastiques ».

« Les phares de la BD belge », une exposition initiée par l’ambassade de Belgique et produite par le Musée de la bande dessinée de Bruxelles, propose aux visiteurs de découvrir les plus belles heures du 9e art en dévoilant les couvertures les plus esthétiques (au nombre de 38) au rythme des étapes qu’ont jalonnées, depuis bientôt un siècle, plus de mille scénaristes et dessinateurs. Parce que, tout comme pour un livre où le titre force le geste, ou un film dont l’affiche suscite la curiosité, la couverture d’un album reste le premier contact, l’approche la plus importante pour plonger dans ce monde tout en bulles.


(Lire aussi : Charles Berbérian : Je ne me pose plus de question de style, de toute façon je n’en ai plus)


Des écoles…pour le plaisir
Naître au sein du royaume du roi Philippe sans avoir baigné dans le monde de la bande dessinée est une hérésie. L’ambassadeur de Belgique Alex Lenaerts ne déroge pas à cette règle. Avec un regard enjoué et un timbre propre à toute une jeunesse atteinte par le syndrome magique de la bande dessinée, il explique : « Au départ, dit-il, existait deux grandes écoles, celle de Tintin, que l’on surnomme l’école de la ligne claire, et celle de Spirou, ou l’école de Marcinelle. La ligne claire dont le créateur fut incontestablement Hergé définit un style tant d’un point de vue graphique que narratif, mais aussi esthétique, dont les mots-clés demeurent clarté et fluidité. La ligne claire, c’est un peu comme une marque qui a son lectorat, elle désigne ce dessin avec un souci d’épure, de lisibilité où le trait est net, dépouillé et souligné par un contour en trait noir. Quant à la seconde innovation d’Hergé, c’est évidemment l’introduction de la bulle qui vient déloger la rigidité des textes encadrés qui prenaient place au bas de chaque dessin. Quand à l’école Spirou, plus connue sous le nom d’école de Marcinelle, elle se définit par son exubérance, sa fantaisie et son humour. » C’est cet esprit transmis d’abord par Joseph Gillain, alias Jijé, qui s’est ensuite propagé grâce à Franquin, Peyo, Will et Roba.

Des bulles qui feront boule de neige
Auteur prolifique, Jijé a créé une pléiade de personnages comme Blondin et Cirage, Jean Valhardi et Jerry Spring, et a illustré nombre de magazines et journaux. Mais il a surtout été le chef de file d’une école qui allait regrouper les auteurs de la maison Dupuis. Dessinateur acharné, inventif, il a lancé un nouveau mouvement artistique, où de jeunes auteurs prometteurs font leurs premières classes, sans se douter de l’énorme vague qu’ils allaient provoquer dans la bande dessinée… On y voit des personnages caricaturaux, drôles souvent avec plusieurs niveaux de lecture. Qui n’a pas lâché livres et cahiers d’école pour suivre les démêlées amoureux truffés de gags et de couleurs de mademoiselle Jeanne et de Gaston Lagaffe, ou les aventures canines de Bill en rêvant un jour d’acquérir un cocker aussi malicieux ? Mais force est de reconnaître que le journal Spirou, né avant la première guerre et initié par Jijé, a précédé le journal Tintin. Il verra ses disciples proliférer (Morris avec Lucky Luke, Peyo avec Johan et Pirlouit et les Schtroumpfs, et Franquin reprendra le flambeau de Spirou). La machine est enclenchée et d’autres séries qui ne font pas partie de ces deux écoles, comme Achille Talon ou Astérix, verront le jour. « La seconde partie de l’exposition, précise l’ambassadeur de Belgique, porte un regard sur l’évolution de la bande dessinée belge avec la naissance du magazine À suivre, publié par Casterman, qui introduit le roman graphique, l’érotisme de Manara et la science-fiction avec Bourgeon. » « Aujourd’hui, poursuit M. Lenaerts, on ne parle plus de bande dessinée belge, mais franco-belge ou suisse-belge (cette école qui a révélé Hugo Pratt). Les barrières nationales sont tombées. » Et d’ajouter, mû par son amour pour les écoles traditionnelles : « Le dessin est un peu négligé et manque peut-être d’onirisme. »

Voilà l’occasion, à travers cette exposition, de traverser à grandes enjambées l’histoire des créateurs de BD par le biais de ce qui fut les plus belles couvertures et de reconnaître leur génie, avec une âme d’enfant, et ce regard embué de magie, celui qu’on a du mal à abandonner.


*SV Gallery
Saifi village.
Jusqu’au 15 mars


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