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Culture - Festival al-Bustan

« Je suis le messager de Bach auprès de la génération des portables »

Cinquante et un ans et sa voix de contre-ténor a toujours la fraîcheur des sources. Ce soir, accompagné de l’Accademia Bizantina, Andreas Scholl sera à l’église Saint-Élie pour les cantates du Cantor. Un moment de beauté et de ferveur.

Andreas Scholl. Photo James McMillan/Decca

Premier séjour d’Andreas Scholl au pays du Cèdre. Il confesse d’emblée que c’est toujours le professionnalisme qui l’emporte sur le tourisme lors des tournées pour les concerts. Même Byblos et sa magie, où il fait des répétitions, ne feront pas dérogation…
Quelle place accorder à un contre-ténor dans le monde moderne ? « La voix d’un contre-ténor est une voix comme les autres. Acceptée aujourd’hui par le public. Ce n’est plus aussi exotique qu’il y a trente ans. Elle traverse une frontière : ça brise des conventions et bouscule ce qu’on attend des hommes, mais elle est l’expression de notre humanité. »

Comment définir les cantates de Bach qui retentiront sous les voûtes de l’église ? « D’abord, c’est un répertoire jamais écrit. Bach ne fait aucun compromis avec le chanteur. Haendel, par exemple, exploite les aspects positifs d’une voix. On entend la voix de Bach à travers les siècles. Le défi, c’est que c’est une musique complexe, difficile. Elle est ce qui impose un on ou un off, c’est-à-dire on chante ou on ne chante pas. Pas de répétition pour un air de Bach. C’est 100 % Bach ou rien ! » s’enthousiasme-t-il.

Quels sont les contre-ténors que Scholl apprécie, qui sont les chanteurs, hommes ou femmes, qui ont les faveurs de son écoute ? Les noms arrivent sans difficulté : « À l’origine, il y a James Bowman et Jochen Kowalski. Mais aussi des amis, tel Philippe Jaroussky. Côté chanteuses, il y a Cecilia Bartoli, et côté chanteurs, c’est Christian Gerhaher… »

New Order et OMD
Dans ce foisonnement de partitions classiques ou modernes, quels sont les pôles d’intérêt du chanteur? « Professionnellement, c’est la musique baroque qui l’emporte, mais il y a aussi Arvo Part. Le public ignore peut-être cela, mais j’adore la musique pop et électronique. J’aime la musique des années 80 : OMD, New Order, James Newton Howard… »

Pour entretenir l’énergie et la vitalité du quotidien, quelle partition fait encore rêver ce chanteur né d’une famille de chanteurs, Diapason d’or en 1996 pour le Stabat Mater de Vivaldi, prix Edison en 2002, qui admire Klaus Nomi, et quelles sont les œuvres qu’il voudrait encore chanter ? « La musique baroque est ma première préoccupation. Il y a là beaucoup d’œuvres inconnues. Je prépare en ce moment un programme pour la Vierge Marie, Les invocations mariales. Avec des musiques signées Caldara, Vinci (non Da Vinci, mais toujours Leonardo!), Pasquale Anfossi… Il y a la joie de les révéler. Et c’est le premier nouveau standard… »

Un mot aux festivaliers ? « Je suis le messager et l’ambassadeur de J-S Bach avec l’Accademia Bizantina Baroque Ensemble, sous la direction du chef d’orchestre et claveciniste Ottavio Dantone... Notre mission est de donner sens à cette musique pour cette génération et ce monde avec électricité, avions et portables… C’est une époque totalement différente de l’humanisme et du sens de la spiritualité et de l’élévation de la Renaissance. Des valeurs et des critères qui ne font pas sens dans notre monde. En donnant et interprétant ces cantates, il faut qu’à travers ces mesures, le public soit enrichi par cette audition… »

Église Saint-Élie
Kantari, à 20h30 précises.


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