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Moyen Orient et Monde - Syrie

À Idleb, la guerre fait rage entre groupes rebelles

Après avoir perdu plusieurs dizaines de localités aux mains de Jabhat Tahrir Souria, Hay’at Tahrir al-Cham passe à la contre-offensive.

Sur cette photo d’archives, des membres du Front al-Nosra, qui aujourd’hui fait partie de Hay’at Tahrir al-Cham, lors d’une offensive visant à prendre le contrôle de la ville d’Ariha face aux forces loyalistes du président syrien Bachar el-Assad, dans la province d’Idleb, le 28 mai 2015. Ammar Abdullah/Reuters

Pendant que la Ghouta orientale, enclave rebelle assiégée depuis 2013, subit depuis une douzaine de jours une offensive aérienne et terrestre qui a fait plus de 600 morts, une nouvelle phase du conflit déjà passablement complexe commence dans le Nord-Ouest syrien. Dans les provinces d’Idleb, Alep et Hama, les discordes entre groupes rebelles et la grogne populaire ont fini par avoir raison des alliances sur place. Quelque 48 heures après la fusion d’Ahrar al-Cham et des Brigades Noureddine al-Zinki en une nouvelle coalition appelée Jabhat Tahrir Souria (JTS, Front de libération de la Syrie), le 18 février, des combats ont éclaté entre le nouveau groupe, soutenu par un ras-le-bol des populations subissant le joug jihadiste, et Hay’at Tahrir al-Cham (HTC). Alliance de groupes jihadistes dont fait partie le Front Fateh al-Cham (ex-al Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda), HTC avait jusque-là la main haute sur une grande partie des provinces d’Idleb et d’Alep où elle a pu renforcer son emprise après sa lutte contre Ahrar al-Cham.


(Lire aussi : Avant la Ghouta, d'autres enclaves assiégées par le régime Assad)


Des affrontements avaient déjà opposé ces derniers à HTC au début de l’année 2017 d’abord, en été ensuite. Entre le 19 et le 21 juillet, Ahrar al-Cham perd une trentaine de villes et localités importantes, dont le poste-frontière stratégique de Bab al-Hawa à la frontière turque. Les hostilités se poursuivent avec des assassinats ciblés des deux côtés visant des cadres. Lorsque les combats entre les deux camps reprennent le 20 février 2018, dans les provinces d’Alep, d’Idleb et de Hama, ils s’accusent mutuellement d’en être à l’origine. Les appels à la réconciliation d’Ayman el-Zawahiri, chef d’el-Qaëda, n’y font rien.

Depuis, HTC semble avoir perdu plusieurs dizaines de positions, dont Maaret al-Naaman, une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Certaines sources font état d’évacuations sans violences du HTC de la ville de Aatmé, à la frontière turque, mais aussi d’autres villes importantes comme Saraqeb et Khan Cheikhoun. Pris par surprise, semble-t-il, par les attaques répétées de JTS, mais également des habitants qui auraient attaqué leurs check-points dans plusieurs localités, ils se retirent de nombreuses positions. JTS se trouve à quelques kilomètres, aujourd’hui, de deux positions-clés de HTC : la ville même d’Idleb, et Bab al-Hawa, pris à Ahrar al-Cham en juillet dernier.


(Lire aussi : La nouvelle "dimension stratégique risquée" du conflit en Syrie)



Repli tactique
Mais il n’aura fallu que quelques jours à peine pour que HTC reprenne du poil de la bête, après un retrait semble-t-il un peu trop facile. « Ce qui me paraît suspect, c’est que HTC est parti presque sans combattre. Ce n’est jamais bon signe et c’est pour cela que je le considère comme un repli tactique », explique à L’Orient-Le Jour Thomas Pierret, chargé de recherche au CNRS (Paris) et à l’Iremam (Aix-en-Provence), selon lequel le schéma reste « assez classique ». Ce que semble confirmer une source anonyme bien informée à L’Orient-Le Jour : « Lundi, ils ont pris un important dépôt de véhicules blindés à Ahrar al-Cham au nord d’Idleb, à l’ouest de Maaret Misrine, et actuellement ils contre-attaquent également vers Aatmé et la frontière ». Et mercredi 28 février, Hassan Soufan, un commandant d’Ahrar al-Cham devenu commandant du JTS, a été exécuté par HTC à un check-point à Idleb, dans le contexte de la contre-offensive HTC. La ville même d’Idleb et la frontière semblent importer plus que le reste au groupe, mal vu dans certaines zones comme à l’ouest de la province d’Alep. « HTC semble vouloir garder une bande territoriale qui va plus ou moins de Jisr al-Choughour en passant par Salqine jusqu’à Darat Izza, une bande adossée à la frontière turque le long de la province turque de Hatay », indique la source anonyme. « Noureddine Zinki – qui fait partie de JTS – semble plus solide qu’Ahrar al-Cham ; on sent qu’ils ont une identité locale très forte, un enracinement très fort : c’est le groupe jihadiste principal de la province d’Alep », avance M. Pierret. Pour l’instant, avance la source anonyme, HTC est un peu isolé dans son combat : « D’autres groupes jihadistes pourtant proches, comme le Parti islamique du Turkistan (Ouïghours), ne prennent pas part au combat, selon un communiqué du groupe. » Le Conseil islamique syrien (CIS, soutenu par Ankara) a quant à lui sorti un décret pour appeler à un soulèvement contre HTC.

Car l’implication de la Turquie, en pleine opération contre les Kurdes à Afrine, dans le Nord-Ouest, est conséquente. Bien qu’ayant travaillé avec HTC par le passé, notamment pour son déploiement dans la province d’Idleb où elle a aujourd’hui six postes d’observation, chasser HTC l’arrangerait bien actuellement, d’après Thomas Pierret. « Elle joue un jeu extrêmement subtil et compliqué. C’est une stratégie à long terme de la Turquie pour chasser HTC et faciliter son propre déploiement dans la province d’Idleb », avance le spécialiste. Même son de cloche pour la source anonyme, selon laquelle il existerait une alliance entre JTS et Ankara. « Si Afrine tombe, si le continuum territorial se fait entre la zone du Bouclier de l’Euphrate, Afrine et la province d’Idleb, par exemple, la rébellion syrienne parrainée par la Turquie disposerait d’une base arrière encore plus conséquente », indique la source.


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Pendant que la Ghouta orientale, enclave rebelle assiégée depuis 2013, subit depuis une douzaine de jours une offensive aérienne et terrestre qui a fait plus de 600 morts, une nouvelle phase du conflit déjà passablement complexe commence dans le Nord-Ouest syrien. Dans les provinces d’Idleb, Alep et Hama, les discordes entre groupes rebelles et la grogne populaire ont fini par avoir raison...

commentaires (4)

Pour un libanais comme moi, le plus grand plaisir est de voir la Syrie des ASSAD complètement détruite et finie. Mais une pensée au peuple Syrien qui ne sait plus comment en finir avec ce régime.

Achkar Carlos

15 h 36, le 02 mars 2018

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Commentaires (4)

  • Pour un libanais comme moi, le plus grand plaisir est de voir la Syrie des ASSAD complètement détruite et finie. Mais une pensée au peuple Syrien qui ne sait plus comment en finir avec ce régime.

    Achkar Carlos

    15 h 36, le 02 mars 2018

  • Je vous félicite pour avoir eu, ne serait ce que le courage d'essayer, de nous expliquer toute cette tambouille magmatique des bactéries wahabites importées de bensaoudie. Désolé je n'ai absolument rien compris à votre explication , une vraie torture . De toute façon on connaît le résultat final de ce qui va advenir à ces pauvres " rebelles" MANIPULÉS de la 1ere heure en mars 2011.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 05, le 02 mars 2018

  • IDLEB, le dernier des cimetieres , s'apprete bientot a recevoir les "rebelles" de la ghouta , pour ensuite - GRACE A L'APPUI DE L'OCCIDENT - creuser leurs tombes a ces milliers qui ont cru a qq chose de grand- quel qu'il soit ! VIVE L'ONU, HUMAN RIGHTS, L'UE, LES USA,QATAR, LA TURQUIE,L'ARABIE SAOUDITE& LES EAU ( leurs amis ) MERCI LE WALI FAKIH, PUTIN .

    Gaby SIOUFI

    11 h 42, le 02 mars 2018

  • LE BORDEL SYRIEN N,EST PAS NOUVEAU ! IL FLUCTUE AU GRE DES CAPRICES DES PATRONS ET POURVOYEURS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 02 mars 2018

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