La République de Chypre, dont l'autorité ne s'exerce que sur les deux-tiers sud de l'île divisée, soit la partie habitée par les Chypriotes grecs, a affirmé jeudi que le processus de paix ne pourrait reprendre tant qu'Ankara bloque la prospection énergétique au large de l'île.
Le processus de paix pour la réunification de l'île divisée depuis 1974 est en suspens depuis l'échec il y a six mois des dernières négociations parrainées par l'ONU. Elles avaient notamment achoppé sur la question du retrait des 45.000 soldats turcs présents sur l'île.
Nicosie assure qu'Ankara a violé "le droit international" en bloquant au large de l'île un navire affrété par le géant italien Eni, qui détient des licences d'exploration dans la Zone économique exclusive (ZEE) chypriote.
Ce blocage intervient après l'annonce la semaine dernière par Nicosie de la découverte d'importantes réserves de gaz dans un des blocs de sa ZEE exploré conjointement par Eni et le Français Total.
Le président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, a rencontré la représentante spéciale de l'ONU à Nicosie, Elizabeth Spehar, pour soulever la question et discuter du processus de paix entre Chypriotes grecs et Chypriotes-turcs.
A propos du processus de paix, le président s'est de nouveau dit prêt "à davantage d'initiatives concrètes pourvu que nous n'ayons pas affaire à un tel comportement dans la ZEE", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement Nicos Christodoulides, qui deviendra ministre des Affaires étrangères le 1er mars.
(Lire aussi : La Turquie met en garde contre l’exploration gazière au large de Chypre )
"On ne peut pas négocier et dans le même temps agir de la sorte dans la ZEE", a-t-il ajouté. Mme Spehar a pour sa part affirmé que le président Anastasiades "avait exprimé son inquiétude (...) Des inquiétudes que nous comprenons et que nous transmettons à New York".
Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait mis en garde les compagnies internationales comptant prospecter dans les eaux chypriotes, alors qu'Ankara affirme défendre les "droits inaliénables" de la communauté chypriote-turque sur les ressources naturelles de l'île contre les "actions unilatérales" de Nicosie.
Chypre a indiqué mercredi qu'elle comptait sur la diplomatie européenne pour résoudre rapidement le problème.
Le pays est en effet divisé depuis 1974 et l'invasion par des troupes turques du nord de l'île, en réaction à un coup d'Etat cherchant à rattacher Chypre à la Grèce et qui avait suscité l'inquiétude de la minorité chypriote-turque.
Depuis, la République de Chypre, devenue membre de l'UE, n'exerce son autorité que sur les deux-tiers sud de l'île, le tiers nord étant géré par une autoproclamée République turque de Chypre-Nord, uniquement reconnue par Ankara et où réside la communauté chypriote-turque.
Des négociations entre Chypriotes grecs et turcs sous l'égide de l'ONU ont encore échoué l'an dernier mais le président chypriote Nicos Anastasiades, tout juste réélu, s'est engagé à mettre fin à la division de l'île.
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12 h 30, le 16 février 2018