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Des universitaires interpellent Rohani sur le décès en prison d'un des leurs

"La nouvelle du décès du Dr Kavous Seyed Emami a surpris et choqué la communauté scientifique et écologique", dit le texte de la lettre ouverte, évoquant un "professeur réputé, un scientifique distingué, un vétéran de guerre et un noble être humain".

L'universitaire et écologiste irano-canadien, Kavous Seyed Emami, lors d'une randonnée. Des universitaires de premier plan en Iran ont écrit le 12 février 2018 au président Hassan Rohani pour demander des explications sur le "suicide" présumé en prison de M. Emami. AFP PHOTO / FAMILY OF KAVOUS SEYED EMAMI

Des universitaires de premier plan en Iran ont écrit lundi au président Hassan Rohani pour demander des explications sur le "suicide" présumé en prison d'un écologiste éminent.

Kavous Seyed Emami, universitaire et écologiste irano-canadien de 63 ans, était le directeur de la Fondation pour la faune persane, qui oeuvre à la protection des espèces menacées en Iran. Il avait été arrêté le 24 janvier et sa famille a été informée vendredi de son "suicide" en prison. Un responsable de la justice a affirmé dimanche que M. Emami avait avoué des crimes liés à une enquête pour espionnage et que sept membres de sa fondation étaient en détention.

"La nouvelle du décès du Dr Kavous Seyed Emami a surpris et choqué la communauté scientifique et écologique", dit le texte de la lettre ouverte, évoquant un "professeur réputé, un scientifique distingué, un vétéran de guerre et un noble être humain". "Les rumeurs sur son arrestation et sur son décès en prison ne sont pas crédibles", ajoute la lettre. "Nous attendons que vous agissiez d'urgence pour enquêter sérieusement sur ce cas et demander des comptes aux institutions impliquées dans cette perte douloureuse", demandent les quatre associations universitaires à l'origine de la lettre à M. Rohani, un religieux modéré.

Le militant iranien des droits de l'Homme Emameddin Baghi, qui a été emprisonné plusieurs fois, regrette, lui, de ne pas avoir rendu public les abus commis dans les prisons iraniennes. "Lorsque j'ai appris la nouvelle (de la mort de M. Emami), je me suis senti coupable car, pour éviter toute instrumentalisation par les ennemis de l'Iran (...), j'ai refusé de dévoiler les mauvais traitements subis lors de ma détention", a-t-il écrit sur son compte Telegram. "Si nous avions tous parlé, on saurait pourquoi ce type de catastrophes se produit dans les prisons", a-t-il ajouté.


(Lire aussi : Interrogations autour du "suicide" en prison d'un écologiste irano-canadien )



Un autre écologiste inquiété ?
Interrogé lundi, le porte-parole de la justice iranienne, Gholamhossein Mohseni Ejeie, a indiqué à l'agence Ilna, liée aux réformateurs, avoir entendu qu'Emami s'était "donné la mort mais qu'il ne disposait pas d'informations détaillées sur cet incident qui fait l'objet d'une enquête". Le procureur de Téhéran, Abbas Jafari-Dolatabadi, a confirmé dimanche la mort de l'universitaire. "Il s'est malheureusement suicidé en prison", a-t-il indiqué à l'agence Ilna.

M. Emani est le deuxième citoyen irano-canadien à mourir dans les prisons iraniennes après le décès en 2003 de la photojournaliste, Zahra Kazemi. Sa mort avait entaché les relations irano-canadiennes pendant plusieurs années. L'Iran ne reconnaît pas la double nationalité et traite donc les détenus concernés comme des citoyens iraniens.

Samedi, M. Jafari-Dolatabadi avait par ailleurs annoncé que plusieurs personnes liées au domaine de l'environnement avaient été arrêtées car soupçonnées d'espionnage, et qu'elles "rassemblaient des informations classifiées dans des lieux stratégiques (...) sous couvert de projets scientifiques et environnementaux."
Dans le même temps, de nombreuses questions circulent sur le sort du directeur-adjoint de l'Organisation pour la protection de l'environnement, Kaveh Madani, dont un député réformateur a annoncé dimanche l'arrestation.

Sa détention a été démentie plus tard par son organisation, mais le principal intéressé a publié lundi une vidéo sur Instagram suggérant qu'il avait rencontré des problèmes.
"Merci à tous mes amis (...) j'espère que personne ne sera inquiété. Je voulais dire que je suis sain et sauf", a-t-il dit.
Il a affirmé que les accès à sa boîte mail, ses comptes Twitter et Telegram ont été coupés. "Ces problèmes vont passer, (...) l'étroitesse d'esprit sera éliminée et nous pourrons développer notre pays (...) et sauvegarder notre environnement pour la génération suivante".


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