En Australie, les Libanais nouvellement venus et les descendants d’émigrés libanais vivent depuis des décennies, aux côtés de dizaines d’autres communautés, sur ce territoire éloigné, à la beauté et aux mystères chantés par les premiers explorateurs. Les Libanais se concentrent principalement dans les régions du Sud-Est les plus peuplées, à commencer par l’État du Queensland et la ville de Brisbane, bordés par la Nouvelle-Galles du Sud, qui comprend la ville de Sydney et la capitale Canberra, et enfin l’État de Victoria et Melbourne, capitale culturelle et sportive du pays.
L’Australie, avec sa superficie énorme et ses 24 millions d’habitants, est l’un des pays les moins densément peuplés de la planète, avec 2,6 habitants/kilomètre carré – une moyenne comparable à celle du Canada. Ce pays demeure une terre d’avenir d’autant plus intéressante qu’il est considéré comme l’un des plus développés au monde, se plaçant parmi les premières puissances économiques mondiales. Les aborigènes constituent un autre facteur d’intérêt de par leur culture et leur art multimillénaire, même s’ils se trouvent actuellement marginalisés. Il est donc naturel que tant d’étrangers à la recherche d’un travail et d’une vie meilleure continuent d’affluer dans cette contrée.
Colporteurs à Victoria
Le musée de l’immigration à Victoria s’intéresse aux origines des communautés venues de 85 pays et dresse un tableau complet de l’histoire de leur implantation en Australie. Selon ce document, « la Nouvelle-Galles du Sud a commencé à recevoir, à partir des années 1880, des hommes venus seuls ou en petits groupes (du Liban), espérant gagner de l’argent rapidement et peut-être rentrer chez eux. À Victoria, beaucoup des premiers colons nés au Liban travaillaient comme colporteurs, achetaient leurs produits à Melbourne et les vendaient dans les zones rurales. Quelques entreprises ont été plus tard établies pour la vente au détail, l’entreposage et la fabrication ».
Toujours d’après ce document, « la famille était au centre de cette communauté libanaise qui s’est rapidement développée grâce à la migration en chaîne – par la réunification de proches dans un nouveau pays et pour une nouvelle vie. Au début du XXe siècle, les Libanais de la deuxième génération contribuaient à la vie publique victorienne. Beaucoup étaient instruits et travaillaient dans des professions libérales. D’autres sont devenus économiquement prospères grâce à des entreprises commerciales ».
La guerre israélo-arabe de 1967 et la guerre du Liban en 1975 ont accentué le mouvement d’émigration. On compte aujourd’hui 16 000 Victoriens nés au Liban, représentatifs de toutes les confessions. Avec les autres Victoriens d’origine libanaise, ils laissent leurs marques dans des domaines tels que la mode, le droit ou la politique comme Steve Bracks, Premier ministre de Victoria de 1999 à 2007 (voir encadré).
Vase clos
Les émigrés libanais en Australie et leurs descendants, estimés à un demi-million de personnes, se caractérisent par leur fort attachement à leur pays d’origine. Preuve en est le grand nombre de visites de retour à la famille enregistrées vers le Liban, ce qui renforce les liens et encourage à maintenir les valeurs libanaises. Cet attachement à la mère-patrie se traduit également par les mariages interlibanais et par une forte transmission linguistique, 90 % des Libanais parlant l’arabe à la maison, selon le musée de l’immigration. La cohésion résidentielle est également très importante : 45 % des parents proches vivent dans le même quartier, majoritairement à Sydney, toujours selon la même source.
Les Libanais ont réussi à consolider leur présence grâce à des structures institutionnelles, telles que la Chambre de commerce libano-australienne, qui rassemble les hommes d’affaires des deux pays, l’ouverture de nouveaux marchés, et le renforcement des relations entre le Liban et l’Australie. Et outre tous ces commerces et autres restaurants, ils ont fondé diverses institutions culturelles et religieuses, et ont désormais leurs églises, leurs mosquées, leurs écoles ainsi que des établissements offrant des soins aux personnes âgées.
La majorité des Libanais vit ainsi presque en vase clos, mais elle semble y trouver son compte.
Les 20 ans de l’ALHS
La 18e assemblée générale annuelle de l’Australian Lebanese Historical Society (ALHS) s’est tenue en novembre dernier dans la Nouvelle-Galles du Sud, au cours d’un dîner convivial à Sydney. Un nouveau conseil d’administration a été élu à cette occasion.
L’une des grandes réalisations de l’association aura été l’exposition Ties that bind (Les liens qui unissent) lancée le 22 avril, et qui s’est poursuivie jusqu’au mois de septembre. Le premier jour s’est déroulé sous forme d’un séminaire tenu par les coorganisateurs, l’ALHS et la Royal Historical Society of Queensland (RHSQ), sur le lieu de l’exposition, au Commissariat Store Museum à Brisbane, en présence du sénateur Claire Moore, du consul honoraire du Liban, Anthony Torbey, et du président de la RHSQ, Dean Prangley.
Les trois principaux conférenciers, Anne Monsour, présidente de l’ALHS, Katrin Hurlimann-Graham (des archives de l’État du Queensland) et l’écrivaine Yvonne Matta, ont développé le sujet de la présence libanaise dans le Queensland, qui remonte aux années 1880. « Qui étaient ces gens et pourquoi avaient-ils choisi de faire du Queensland leur foyer ? » se sont-ils demandé. À suivi un panel de Libanais du Queensland, Antoine Ghanem, Hana Torbey, Stefan Ackerie et Mona Obeid, qui ont parlé de leurs expériences personnelles de nouveaux émigrés et des moyens de s’adapter à la vie en Australie.
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com