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À La Une - Yémen

Saoudiens et Emiratis tentent de calmer le jeu à Aden

Le ministère des Affaires étrangères a assuré que le gouvernement du président Hadi demeurait pleinement opérationnel, qualifiant la prise de contrôle des séparatistes de coup avorté.

Un combattant des forces séparatistes du Yémen du sud après la prise d'une position du gouvernement yéménite dans le nord d'Aden le 31 janvier 2018. / AFP / SALEH AL-OBEIDI

L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont mis jeudi tout leur poids pour tenter de rétablir le calme à Aden, la deuxième ville du Yémen dont les séparatistes sudistes ont conquis une grande partie aux dépens du gouvernement à l'issue de combats meurtriers.

Précédemment alliées, les forces séparatistes et l'armée loyale au président Abd Rabbo Mansour Hadi se sont affrontées entre dimanche et mardi à Aden (sud), mettant à mal la coalition arabe intervenue au Yémen en 2015 contre les rebelles houthis. Ces combats, qui ont fait au moins 38 morts, ont encore affaibli le camp pro-Hadi, qui a perdu la quasi-totalité de ses positions à Aden. La ville était devenu le siège provisoire du gouvernement, chassé en 2015 de la capitale Sanaa par les houthis. M. Hadi, lui-même réfugié en Arabie saoudite depuis près de trois ans, a dénoncé un "coup de force" séparatiste contre son gouvernement.

Cette crise a fait apparaître des divisions entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, piliers de la coalition arabe qui cherche à rétablir l'autorité du gouvernement et à chasser les houthis, décrits comme des relais de "l'expansionnisme iranien". Riyad soutient toujours le président Hadi à bout de bras, tandis que les Emirats ont entraîné une force militaire yéménite appelée "Cordon de sécurité", qui est perçue comme favorable au puissant mouvement séparatiste du sud du Yémen. Aden était la capitale du Yémen du sud, un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990.


(Lire aussi : Les Sudistes prennent le dessus à Aden, mais ne veulent pas la sécession)



"Même vision"
Jeudi, l'agence officielle émiratie WAM a annoncé que de hauts responsables saoudiens et émiratis de la coalition étaient arrivés à Aden pour s'assurer du respect d'une trêve et œuvrer à une réconciliation.
Cette délégation militaire a fait le tour de la cité portuaire et "rencontré toutes les parties concernées, soulignant la nécessité de respecter un cessez-le-feu (...) et de recentrer les efforts sur les lignes de front contre les (rebelles) houthis", a précisé l'agence. Selon WAM, la visite de cette délégation s'inscrit dans l'objectif de la coalition arabe de soutenir le gouvernement "légitime" au Yémen et de "stabiliser" Aden.

Pendant les combats entre forces séparatistes et gouvernementales, la coalition avait multiplié les appels au cessez-le-feu. Mais ses troupes n'étaient pas intervenues, et Aden n'a retrouvé un semblant de calme que mercredi.
"La situation à Aden est stable et toutes les parties se sont totalement engagées" à cesser les hostilités, a affirmé le général saoudien Mohammed ben Saïd al-Mughaidi, membre de la délégation.
L'Arabie et les Emirats ont "un objectif commun, la même vision, et n'ont pas d'ambition", a-t-il assuré.
Le général émirati Matar al-Khyeli a pour sa part affirmé que Riyad et Abou Dhabi se tenaient "ensemble aux côtés du peuple yéménite et dirigent des efforts de réconciliation entre les parties".



Réouverture de l'aéroport
Selon des sources militaires, des unités de la force yéménite pro-séparatiste "Cordon de sécurité" ont établi des points de contrôle dans la quasi-totalité de la ville, où seul le palais présidentiel reste aux mains du gouvernement.
Des drapeaux séparatistes flottent désormais sur de nombreux bâtiments publics d'Aden.

Le ministère des Affaires étrangères a de son côté assuré dans un communiqué que le gouvernement du président Hadi demeurait pleinement opérationnel, qualifiant la prise de contrôle des séparatistes de coup avorté.
L'aéroport international d'Aden a rouvert jeudi avec un premier vol de la compagnie Yemenia vers Le Caire, selon l'agence gouvernementale Saba.

La relation entre le mouvement séparatiste et le gouvernement yéménite avait commencé à se tendre après le limogeage l'an dernier du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un "Conseil de transition du sud" (STC), une autorité parallèle dominée par les séparatistes.
Le STC avait fixé un ultimatum à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre Ahmed ben Dagher et "des changements au gouvernement", accusé de "corruption". Cet ultimatum a expiré dimanche.
Le STC vise "l'indépendance" selon un document rédigé en janvier et obtenu jeudi par l'AFP.
"La mission du Conseil de transition du sud est centrée sur la réalisation de l'aspiration du peuple d'Arabie Sud (Sud Yémen) pour recouvrer sa souveraineté et son indépendance et construire son Etat fédéral sur tous ses territoires", indique le préambule de ce texte.

Les forces progouvernementales maintiennent une forte présence ailleurs dans cinq provinces du sud. Elles contrôlent aussi quelques régions côtières de la mer Rouge, ainsi qu'une partie du centre.

Le conflit yéménite, extrêmement complexe en raison notamment de son caractère tribal, a fait en trois ans plus de 9.200 morts, près de 53.000 blessés et provoqué selon l'ONU "la pire crise humanitaire au monde".



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