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Conflit syrien : pourparlers du "dernier espoir" à l'ONU à Vienne

Comme pendant les précédents cycles de négociations, représentants gouvernementaux et délégués de l'opposition se sont entretenu séparément avec l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui chapeaute le processus.

Le représentant du régime syrien, Bashar Jaafari (g), salue l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, le 25 janvier 2018 à Vienne, Autriche. AFP / ALEX HALADA

 Les pourparlers de paix sur la Syrie ont repris pour deux jours jeudi à Vienne sous l'égide de l'ONU, dans un contexte de regain de violence sur le terrain qui rend hypothétique l'espoir d'avancées significatives après deux années d'impasse.

Comme pendant les précédents cycles de négociations, représentants gouvernementaux et délégués de l'opposition se sont entretenu séparément avec l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui chapeaute le processus. Aucune indiscrétion n'a filtré sur ces entretiens qui doivent se poursuivre vendredi, avant un "Congrès intersyrien" controversé organisé mardi à Sotchi (sud-ouest) par la Russie. Certaines chancelleries occidentales soupçonnent que cette initiative vise à chercher à contourner le processus onusien.

Les huit précédents cycles des négociations dites de Genève -engagées en 2015 sous l'égide de l'ONU- se sont soldés par un échec, les deux parties ayant refusé de se parler directement, sur fond de divergences notamment concernant le sort du président Bachar el-Assad.
"Nous sommes engagés pour un Syrie libre, démocratique, pour un pays sûr où les gens puissent revenir chez eux", a souligné jeudi à Vienne Yahya al-Aridi, le porte-parole du Comité des négociations syriennes (CNS, opposition).


M. de Mistura a reconnu que les pourparlers viennois intervenaient dans une phase "très, très critique" du conflit, à un moment où plusieurs offensives se déroulent sur le terrain. Alliée à l'opposition, la Turquie est à la manœuvre contre des milices kurdes à Afrine, dans le nord de la Syrie, au prix d'une discorde avec ses alliés américains et allemands. L'Otan l'a appelée jeudi à la "mesure". Le régime du président Assad combat pour sa part les rebelles dans la province d'Idleb ainsi que dans la Ghouta orientale près de Damas.


(Lire aussi : Vienne et Sotchi, deux rendez-vous pour une seule paix )



"Taper du poing sur la table"
Evoquant une "situation de dégradation humanitaire considérable en Syrie", où le conflit a déjà fait plus de 340.000 morts depuis 2011, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a jugé que les pourparlers de Vienne constituaient le "dernier espoir de paix".
"Assad recherche une victoire (militaire) totale et n'a pas intérêt à trouver un compromis", souligne toutefois l'expert Firas Modad, de l'institut américain IHS Markit.

Dans ce contexte, la perspective du congrès de Sotchi peut paradoxalement apparaître comme le seul espoir de voir Damas faire des concessions dans le cadre des discussions de l'ONU, selon des proches du dossier.
Appuyée dans son initiative par l'Iran, qui comme le Kremlin soutient le régime syrien, et par la Turquie, alliée des rebelles, la Russie a convié quelque 1.600 invités sur les bords de la mer Noire.

Mais le négociateur en chef du CNS, Nasr Hariri, a souligné que la participation de son mouvement à la rencontre de Sotchi dépendrait de l'issue des négociations viennoises. Ces pourparlers représentent "un test de la volonté de la Russie de faire usage de son influence sur le régime pour l'obliger à négocier sérieusement" dans le cadre fixé par la résolution 2254 de l'ONU, a-t-il relevé. Cette résolution adoptée en 2015 prévoit notamment une reconnaissance de l'opposition, l'adoption d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections libres dans un environnement neutralisé.


"C'est le moment pour les Russes de taper du poing sur la table s'ils veulent sauver Sotchi" d'un boycott de l'opposition, résume une source diplomatique occidentale pour l'AFP. "L'opposition n'a pas de raisons d'aller à Sotchi si les Russes n'obtiennent pas des engagements de Damas."


(Lire aussi : Conflit syrien : tensions croissantes entre les pays garants avant des pourparlers)



"Volet constitutionnel"
Pour tenter d'arracher une avancée, Staffan de Mistura a mis à l'ordre du jour le "volet constitutionnel", moins sensible que la question des élections qui déterminerait in fine le sort du président syrien, chiffon rouge pour Damas.

Une démarche similaire est affichée par la Russie, qui veut mettre à Sotchi l'accent sur un projet de nouvelle Constitution syrienne, reléguant au second plan la question électorale.
Répondant aux inquiétudes occidentales, le Kremlin a assuré que son initiative n'était pas concurrente du processus de Genève et visait à alimenter "efficacement" celui-ci avec des "résultats" concrets.

Un point de vue partagé par Yehia al-Aridi, le porte-parole du CNS. "Selon les Russes, tout point positif sortant de Sotchi doit aller dans le sens de Genève pour trouver une solution, sinon ça n'aura pas de sens", a-t-il estimé.
L'objectif à terme de son camp n'en reste pas moins de "trouver un environnement sûr, objectif et convenable pour organiser des élections", a-t-il souligné.

Les discussions parrainées par les Nations unies ont lieu d'ordinaire à Genève mais ont été exceptionnellement délocalisées à Vienne pour des raisons de logistique.


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