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Liban - Éclairage

À la veille des conférences de soutien, une pléthore d’études pourrissent dans les tiroirs

À la veille de la tenue d’une série de conférences internationales qui doivent avoir lieu en cours d’année à Rome, Paris et Bruxelles pour respectivement soutenir les forces armées libanaises, relancer l’économie et trouver une solution au dossier des réfugiés syriens, des voix se sont élevées pour réclamer un état des lieux de l’économie libanaise dont l’orientation doit préalablement être définie.
Cette exigence est devenue d’autant plus incontournable que le gouvernement vient de prendre la décision d’engager le cabinet américain McKinsey & Company pour aider l’État à restructurer l’économie, une décision contestée par plusieurs responsables politiques ayant estimé que le Liban ne manque pas de compétences. Selon cet avis, ce sont les économistes libanais qui connaissent le mieux l’état des lieux et par conséquent toute étude de la situation économique prend pour point de départ la politique générale que définit l’exécutif et qui doit permettre de guider toute décision de réforme à ce niveau.

Dans les milieux du patronat, on insiste sur la multitude de compétences et d’expertises locales sur lesquelles on peut compter pour sauver la situation. Par conséquent, ce ne sont pas des études supplémentaires qui sont aujourd’hui requises mais plutôt une vision globale et la définition du type d’économie recherché comme l’indique un ancien ministre. En d’autres termes, il s’agit de savoir ce que le Liban peut offrir, quels sont ses points forts et les secteurs sur lesquels il peut miser. Autant d’interrogations auxquelles il faudra avoir des réponses claires pour prévoir ensuite des projets en fonction. Et d’insister sur l’importance de passer, à un moment donné, à l’exécution, car, poursuit cet ancien ministre, on peut très bien mettre au point une étude pour l’enfermer ensuite dans les tiroirs. Et de se demander à ce propos ce qui est advenu des réformes prévues dans le cadre de Paris I, II et III que les responsables libanais se sont engagés, devant les pays donateurs, à mettre en place.

Voilà que l’on se dirige à nouveau aujourd’hui vers Paris avec la même requête, à savoir le soutien à apporter au Liban, sans avoir réalisé la moindre réforme, même pas les plus importantes d’entre elles qui ont complètement été occultées dans la politique budgétaire des gouvernements successifs. Douze ans ont passé sans que l’État n’ait voté un seul budget, les dépenses ayant été effectuées tout le long selon la règle du douzième provisoire. Cette irrégularité s’est poursuivie jusqu’en 2017 qui a enfin vu naître un budget en bonne et due et forme.

Le budget...
Selon un expert financier, il aurait fallu voter le budget de 2018 en y apportant quelques réformes avant même de confier l’étude de la situation économique du pays à la société de consultations McKinsey pour que cette dernière puisse s’appuyer sur un document de travail et des données tangibles. Car, dit l’expert, c’est le budget, notamment, qui permet de dessiner les contours de la politique de l’État et l’orientation de son économie. Le Liban serait prêt de la sorte à participer aux conférences qui lui sont consacrées et paré pour exprimer clairement sa position et formuler ses requêtes et la nature du soutien souhaité.

Mais là encore, rien ne sert d’élaborer une vision et de définir des plans si l’État ne compte pas passer à la phase de l’exécution. Évoquant le dossier de l’électricité, un ancien ministre qui a servi au cours du mandat de l’ancien président Émile Lahoud insiste sur les efforts déployés à l’époque pour trouver une solution aux problèmes du secteur de l’électricité. Il rappelle à ce sujet les contacts effectués avec la Banque mondiale qui avaient abouti à la mise en place d’une étude susceptible de sauver ce secteur et d’assurer le courant électrique aux abonnés. L’étude comprenait même une feuille de route et la description des différentes étapes pour parvenir à cet objectif, sauf qu’elle a fini dans les tiroirs d’où elle n’est jamais ressortie.

Cet ancien responsable exprime d’ailleurs sa crainte de voir la nouvelle étude commandée à la société McKinsey connaître le même sort. Il se fonde notamment sur la série d’études entreprises depuis la mission Irfed datant du début des années 1960 pour déterminer les besoins et les possibilités de développement du Liban et qui sont restés lettre morte sachant qu’à ce jour, le secteur de l’électricité est toujours aussi défectueux.

Pour les milieux proches de la présidence, le fait de recourir à une société de consultation internationale confère une crédibilité au travail du gouvernement aux yeux de la communauté internationale à la veille de la tenue des trois conférences. Dans ces milieux, on affirme enfin que même si de nombreuses études ont déjà été effectuées, il n’en reste pas moins que le Liban a besoin de développer une vision économique adaptée aux développements qui ont eu lieu dans le monde, dans le domaine économique plus précisément.


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