Achraf Rifi lors de sa conférence de presse, lundi.
L'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, est désormais lancé dans son offensive contre son ancien mentor, le courant du Futur, dans la perspective des élections législatives de mai prochain. La bataille dans la circonscription de Tripoli-Minieh-Denniyé, qui promet d'être l'une des plus « chaudes » du scrutin, a donc commencé après l'attaque en règle menée lundi par M. Rifi contre la formation haririenne et son chef.
L'ex-ministre a saisi l'occasion présentée par l'affaire Omar el-Bahr, du nom de son garde du corps, cible d'une agression la semaine dernière, dont M. Rifi a imputé la responsabilité au responsable des FSI au Liban-Nord, le colonel Mohammad Arab, pour attaquer son plus grand rival dans la rue sunnite, le Premier ministre, Saad Hariri.
Lors d'une conférence de presse tenue lundi à Achrafieh, il avait critiqué une nouvelle fois les choix politiques du chef du gouvernement, notamment en ce qui concerne son appui à la candidature de Michel Aoun lors de la présidentielle de 2016, et ce qu'il considère être un silence radio à l'égard de l'attitude du Hezbollah. Il a même été jusqu'à reprocher à M. Hariri de s'être « jeté dans les bras du Hezbollah ».
En dépit des attaques répétées de M. Rifi, les observateurs de tout poil ont vu dans sa conférence de presse de lundi le déclenchement de sa campagne en vue des législatives prévues le 6 mai, première consultation électorale après la victoire de l'ancien ministre aux municipales du printemps 2016, non seulement face aux haririens, mais aussi face à toutes les composantes tripolitaines opposées à sa ligne politique.
Dans les milieux proches de M. Rifi, on semble soucieux pour le moment de ne pas brûler les étapes. Une source proche de M. Rifi confie, dans ce cadre, à L'Orient-Le Jour que ce dernier est actuellement dans une phase de concertations politiques et électorales élargies aussi bien à Tripoli qu'ailleurs, et qu'il présentera des listes sur l'ensemble des circonscriptions électorales. De même source, on apprend que l'homme fort de Tripoli poursuit ses contacts avec les Kataëb et le Parti national libéral de Dory Chamoun, ainsi qu'avec des collectifs de la société civile.
Assurant qu'Achraf Rifi n'a aucunement voulu adresser de messages politiques ou électoraux à Saad Hariri, un proche de l'ancien ministre accuse toutefois le courant du Futur sans le nommer d'« exercer des pressions sur les partisans de M. Rifi, à l'approche des élections. Et c'est dans ce cadre que s'inscrit l'affaire Omar el-Bahr ». Il n'est pas question de mener une bataille pour se substituer à Saad Hariri (en tant que leader de la rue sunnite). D'autant que le conflit n'est aucunement personnel, ajoute-t-on dans les mêmes milieux. On en veut pour preuve le fait que M. Rifi s'est félicité de la démission-
surprise du Premier ministre, annoncée le 4 novembre dernier depuis Riyad. On s'empresse, toutefois, de faire valoir qu'Achraf Rifi se considère fils du « projet politique de Rafic Hariri, et du 14 Mars », que ceux qui adhèrent au compromis politique actuellement en vigueur négligent.
À une question portant sur les possibilités d'une victoire aux législatives de la même ampleur que celle des municipales, le proche de M. Rifi répond avec optimisme : « Nous sommes confiants que l'atmosphère qui régnait au moment des municipales existe encore aujourd'hui et que les Libanais ne sont pas convaincus qu'un gouvernement qui assure une couverture au Hezbollah les représente. Et c'est sur cette base que nous menons notre combat. »
(Lire aussi : Législatives : Comment les « outsiders » commencent à s’organiser)
Le Futur : Rifi jouit du « luxe de l'opposition »
Le courant du Futur, lui, perçoit les choses sous un angle tout à fait différent. Il est convaincu qu'Achraf Rifi tente de se substituer à Saad Hariri. Même s'il reconnaît que, dans certains points, le discours de son ancien allié est « logique ».
« Achraf Rifi tente de prendre la place de Saad Hariri au sein de la rue sunnite », déclare sans détour Moustapha Allouche, coordinateur du courant du Futur dans la capitale du Liban-Nord, à L'OLJ. « Quand il s'est retiré du cabinet Salam, M. Rifi croyait qu'il devrait remplacer l'actuel Premier ministre », estime l'ancien député de Tripoli, avant d'ajouter : « À quelques mois des législatives, Achraf Rifi se trouve dans le besoin d'articuler son discours autour des points faibles du courant du Futur, dans le but de renforcer sa position, d'où sa toute dernière attaque contre le parti. »
Se voulant objectif, l'ancien député de Tripoli reconnaît que le discours de son rival politique est « logique ». Mais il place les points sur les i. « M. Rifi jouit du luxe de l'opposition. Il ne fait donc que s'en prendre au pouvoir en place, sans pour autant présenter des solutions aux problèmes qu'il évoque », explique-t-il, estimant que l'ancien ministre qui stigmatise l'attitude de Saad Hariri à l'égard du Hezbollah « n'aurait pas osé l'affronter s'il était chef du gouvernement ».
Toujours selon Moustapha Allouche, le courant du Futur est déterminé à faire face à M. Rifi lors des législatives. Il mène donc des contacts avec toutes les factions présentes à Tripoli. Il pourrait s'allier au ministre du Travail, Mohammad Kabbara, comme à l'ancien ministre Mohammad Safadi, pour reprendre les exemples cités par Moustapha Allouche (qui, en revanche, n'évoque pas l'ex-Premier ministre Nagib Mikati). Affaire à suivre durant les quatre prochains mois...
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commentaires (4)
TOUS CEUX QUI PARTICIPENT AUX LEGISLATIVES NE DOIVENT POINT SE PLAINDRE APRES QU,ELLES FURENT SOUS LA PRESSION PSYCHOLOGIQUE DES ARMES ! C,EST QU,ILS ACCEPTENT D,AVANCE LES RESULTATS... QU,ILS S,APPELLENT RIFI OU TOUT AUTRE...
C,EST IDIOT CE QUE FAIT LA CENSURE AUJOURD,HUI !
19 h 02, le 17 janvier 2018