Le forcing aouniste en faveur d'amendements qui devraient être apportés à la nouvelle loi électorale a suscité des craintes quant à un éventuel report des législatives prévues le 6 mai prochain. Mais, en dépit de ce constat, il semble que les contours du tableau électoral commencent déjà à se dessiner. D'autant que les divers partis politiques donnent déjà des indications quant à leurs alliances, après de longs atermoiements dictés par la nouvelle législation prévoyant la proportionnelle appliquée à 15 circonscriptions, avec vote préférentiel au niveau du caza.
Certains cadres et responsables de formations politiques se sont lancés dans une définition des grandes lignes des prochains rapprochements. Ainsi, Amal Abou Zeid, député aouniste de Jezzine, a souligné samedi dans une interview télévisée que, lors des prochaines élections, « il sera possible de parler de coopération, et non d'alliances, au vu de la nature de la loi ». M. Abou Zeid aurait ainsi laissé entendre que son parti ne s'allierait pas aux Forces libanaises lors du scrutin de mai. Les deux formations chrétiennes majoritaires avaient, à plusieurs reprises, évoqué la « non-nécessité » d'une alliance électorale entre elles, en dépit de leur attachement à la réconciliation interchrétienne instaurée par l'accord du 18 janvier 2016.
Mais, dans les milieux aounistes, on se veut plus prudent. D'autant que quatre longs mois séparent le pays du scrutin. C'est pour cette raison qu'un responsable du CPL, interrogé par L'Orient-Le Jour, fait valoir que le parti « n'a pas encore pris de position officielle à ce sujet ». « Les alliances électorales, c'est comme le poker, personne ne dévoile très tôt ses cartes, pour ne pas donner à ses adversaires la chance de découvrir sa stratégie », ajoute le responsable aouniste, insistant sur le fait que le CPL et les FL « se sont mis d'accord sur le fait de ne pas retourner en arrière, en dépit de certaines divergences ponctuelles ».
De même, dans les milieux de Meerab, on estime qu'il est encore prématuré de tracer les alliances électorales, aussi bien avec les aounistes qu'avec le reste des protagonistes. Joint par L'OLJ, un cadre FL indique qu'« il est encore tôt de trancher la question des alliances ». « À la faveur de la proportionnelle prévue par la nouvelle législation, il est dans l'intérêt des alliés politiques de ne pas mener ensemble la bataille des législatives », ajoute-t-il, avant d'expliquer : « Dans le cas contraire, tous nos adversaires pourraient se rassembler pour percer nos listes, ce qui réduirait nos gains. » Il a par ailleurs fait état d'« une nouvelle phase dans les rapports CPL-FL, à la suite de la visite d'Ibrahim Kanaan », député CPL du Metn, à Meerab, mercredi dernier. Selon le proche de Samir Geagea, « les efforts déployés sur ce plan devraient se poursuivre et aboutir à une rencontre entre le chef des FL et Gebran Bassil, leader du CPL ».
Contacts multipartites
Si tout le monde – exception faite du tandem Amal-Hezbollah – semble temporiser au sujet des alliances, les contacts multipartites se poursuivent en vue de « normaliser » les rapports entre les protagonistes, même si cela ne devrait pas aboutir à des rapprochements électoraux.
Ainsi, le cadre CPL précité fait état d'un « rapprochement » avec le Parti socialiste progressiste, et de « tentatives de normalisation » avec les Marada de Sleiman Frangié. « Il existe de bonnes relations avec le Hezbollah et le courant du Futur », poursuit-il.
Sauf que les divergences politiques entre les aounistes et leurs alliés ont des retombées négatives sur leurs contacts avec eux. Ainsi, la querelle opposant le président de la République, Michel Aoun, au chef du législatif, Nabih Berry, autour du décret accordant une année d'ancienneté aux officiers de la promotion 1994 ainsi que la question des amendements au texte électoral font que la relation avec Aïn el-Tiné est « moins que moyenne », au même titre qu'avec les Kataëb, comme l'explique le cadre CPL, selon lequel elle est « moyenne » avec les FL.
De même, le parti de M. Geagea est dans une phase de contacts avec plusieurs formations, dont notamment le courant du Futur et les Kataëb.
Pour ce qui est du parti dirigé par Saad Hariri, le cadre FL indique que la rencontre tenue jeudi dernier entre Samir Geagea et le ministre de la Culture, Ghattas Khoury (conseiller politique du Premier ministre), « a ouvert la voie à une relation plus solide entre les deux partis ».
Quant aux Kataëb, et après d'intenses contacts menés par Fady Karam, député FL du Koura, et Samer Saadé, député Kataëb de Tripoli, en vue d'une normalisation des relations entre Saïfi et Meerab, « c'est désormais le chef des Kataëb, Samy Gemayel, qui est en contact avec M. Karam », confie le cadre FL.
Cependant, Alain Hakim, ancien ministre Kataëb de l'Économie, reste catégorique. « Il n'est pas question de s'allier aux FL tant qu'elles font partie du pouvoir en place », a-t-il déclaré samedi sans détour à l'agence al-Markaziya. Il s'est, toutefois, félicité de « certaines positions FL qui convergent avec le discours des Kataëb ».
L'opposition accorde ses violons aussi...
Tout comme le camp loyaliste, les opposants préparent leur bataille électorale. Si Boutros Harb, député du Batroun, a lancé hier sa machine électorale, les regards sont d'abord braqués sur les Kataëb. À l'heure où certains médias évoquaient une possible alliance avec Farid Haykal el-Khazen, ancien député du Kesrouan, une source proche de Saïfi a confirmé à L'OLJ que seule l'entente avec Farès Souahid, ancien député de Jbeil, est conclue. Même si M. Souhaid préfère parler de « contacts actuellement en cours » avec le parti de Samy Gemayel. Ce dernier avait d'ailleurs clairement souligné son entente avec l'ancien député de Jbeil.
« Outre M. Souhaid, il y a une "entente" entre les Kataëb, la société civile et nombre de personnalités indépendantes et opposées au pouvoir en place », ajoute la source proche de M. Gemayel, tout en laissant entendre que « le dialogue se poursuit avec tout le monde ».
Entre-temps, c'est vers le Kesrouan que les regards se sont dirigés hier. Et pour cause : une virulente polémique a opposé Naufal Daou, membre du secrétariat général du 14 Mars, à Chamel Roukoz, gendre de Michel Aoun et allié du tandem chiite. Les deux hommes sont candidats à deux des sièges maronites de la circonscription Kesrouan-Jbeil. Dans les faits, un candidat au siège chiite de Jbeil, allié de M. Roukoz, a fait accrocher sur les routes de la circonscription des portraits de Chamel Roukoz et de lui-même avec l'inscription suivante : « L'espoir du changement résistant », un jeu de mots regroupant le mouvement Amal (espoir), le bloc du Changement et de la Réforme, dont le CPL est la principale composante, et le Hezbollah qui s'assimile à la « résistance ». Cela a provoqué l'ire de M. Daou qui y a vu une tentative d'imposer la mainmise du Hezbollah sur le Kesrouan.
Joint par L'OLJ, M. Daou explique qu'il a présenté sa candidature sur une base souverainiste, en vue de préserver l'histoire du Kesrouan, attaché à l'entité libanaise légitime et opposé aux armes illégales. « Même au moment de l'élection de Michel Aoun à la députation dans cette région, on n'a pas été jusqu'à imposer aux votants du Kesrouan le projet du Hezbollah », s'alarme-t-il, soulignant que le Kesrouan ne voudrait pas que le 7 mai 2018 lui rappelle le 7 mai 2008 (invasion de Beyrouth par des éléments armés du parti chiite).
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commentaires (8)
ALLEZ DONC LES MOUTONS REELIRE VOS MEMES PANURGES MAIS NE COMMENCEZ PLUS A VOUS PLAINDRE EN PAROLES APRES ! MOI, J,AURAI LA CONSCIENCE TRANQUILLE...
LA LIBRE EXPRESSION
08 h 52, le 16 janvier 2018