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Liban - Polémique

Rifi se déchaîne contre Hariri et Machnouk

L’ex-ministre de la Justice Achraf Rifi, hier, lors de sa conférence de presse. Photo Twitter/@Ashraf_Rifi

L'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, a lancé hier une véritable diatribe contre le chef du gouvernement, Saad Hariri, également leader du courant du Futur, et le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk.

L'affaire des tirs, mardi, contre son garde du corps, Omar el-Bahr, et la polémique qui a suivi avec les Forces de sécurité intérieure représentent le motif direct de cette attaque d'une violence peu commune, qu'il ne faut pas non plus dissocier du dossier électoral et des enjeux politiques de la bataille du Liban-Nord, où le général Rifi est appelé à croiser le fer avec son rival politique, Saad Hariri, en mai prochain. C'est ce qui explique l'insistance de l'ancien directeur général des FSI et ex-allié du leader du courant du Futur à dénoncer « les choix politiques meurtriers » de Saad Hariri, qu'il a accusé, avec Nouhad Machnouk, de s'être « jeté dans les bras du Hezbollah ».

C'est ce qui explique aussi le soin qu'il a pris à rappeler les raisons de son divorce avec M. Hariri et le courant du Futur, après l'affaire des explosifs véhiculés par Michel Samaha (lorsqu'il avait présenté sa démission du gouvernement de Tammam Salam pour protester contre le fait que le dossier n'avait pas été transmis à la Cour de justice), et, surtout, lorsque le leader du Futur a soutenu la candidature, à la tête de l'État, du chef des Marada, Sleiman Frangié. Le but de M. Hariri était alors de briser le vide présidentiel qui avait duré deux ans et demi, avant qu'il ne lâche M. Frangié pour appuyer la candidature du fondateur du CPL, le général Michel Aoun, et contribuer à son élection le 31 octobre 2016 à la présidence de la République.

« Depuis le conflit politique autour de l'affaire Michel Samaha, puis autour des candidatures du député Frangié et du général Aoun à la tête de l'État, certains ont cru pouvoir nous mettre au pas par des moyens légitimes et illégitimes, au point que des officiers n'ont pas hésité à menacer nos partisans », a déclaré le général Rifi, au cours d'une conférence de presse tenue hier à Achrafieh.
Et d'ajouter : « Ces gens se sont servis des FSI pour enlever les banderoles dénonçant la tutelle iranienne, à la veille de l'élection du général Aoun, et ont brûlé à Tripoli un portrait du prince (héritier saoudien), Mohammad ben Salmane, afin de pouvoir enlever tous les autres, alors qu'ils n'osent pas ôter les portraits des dirigeants iraniens à Beyrouth. Ils montent des mascarades de scissions, croyant que leur brouhaha est capable de miner la confiance des gens dans nos choix politiques, et essaient d'exercer des pressions sur nous et sur nos partisans avant les élections. Ils ont oublié que nous avons fait face à un système de sécurité et que nous n'avons pas peur.

S'adressant nommément à Saad Hariri, il lui a demandé de « se conformer au choix de la population et de laisser le processus électoral se dérouler suivant les règles démocratiques ». « Personne ne peut éliminer l'autre dans ce pays ou hypothéquer le choix du peuple », a-t-il soutenu.

 

Des frères d'armes
Le général Rifi est revenu à la charge un peu plus tard lorsque, répondant à une question, il a nié toute implication dans l'affaire de la démission surprise de Saad Hariri à Riyad. « Je dis publiquement ce que je dis dans mes cercles privés. Avant de rompre les ponts avec Hariri, je l'avais averti qu'il s'orientait vers des choix meurtriers, dont le coût, aux plans populaire et politique, allait être énorme », a-t-il précisé. Et de poursuivre : « C'est lui qui a comploté contre lui-même et contre son public et les options politiques de ce dernier. » S'adressant au chef du gouvernement, il a affirmé : « Nous étions des frères d'armes, défendant la même cause, mais c'est vous qui avez modifié vos choix. Sortez du giron du Hezbollah, de votre défaitisme et de vos craintes, et préservez votre identité. Vos justifications ne sont pas convaincantes. »

Pourtant, au début de la conférence de presse, le général Rifi avait pris soin de ne pas citer MM. Hariri et Machnouk, mais il n'a pas hésité, au fil de son exposé, à les nommer et établir une distinction entre la direction politique du ministère de l'Intérieur et les FSI, plus particulièrement les services de renseignements de ce service. « On m'accuse de manquer de professionnalisme. Effectivement, Achraf Rifi n'a pas atteint le degré de professionnalisme qui lui aurait permis d'installer Wafic Safa (chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah) à la place de Wissam Hassan (chef des SR des FSI, assassiné en 2012 dans un attentat à la voiture piégée) au bureau du ministère de l'Intérieur, ou encore de détourner les FSI de leur mission. Car, au lieu d'enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, de démanteler Fateh el-islam et les réseaux israéliens d'espionnage ou encore de déjouer le complot de Michel Samaha, nous constatons que les opportunistes essaient d'impliquer ce service dans des affaires mesquines, vindicatives, et de prendre pour cible les gens honnêtes », a-t-il fulminé.

Il faisait ainsi référence à l'affaire Omar el-Bahr, critiquant le rôle joué par les FSI et le ministère de l'Intérieur à ce niveau. Il a assuré que Bahr avait été menacé par le chef du département du Liban-Nord au sein des SR des FSI, le colonel Mohammad el-Arab, avant qu'il ne soit la cible de tirs, puis être arrêté, sous prétexte d'avoir manigancé sa propre agression. Le général Rifi a formellement démenti les informations selon lesquelles son garde du corps était passé aux aveux, en assurant que ce dernier avait été « torturé ».

Il s'est longuement étendu sur les menaces adressées à ce dernier et relayées par des proches, avant de reprocher aux FSI de n'avoir pas « accédé à sa demande de mener une enquête sérieuse » et de lui avoir répondu « par le biais d'un communiqué politique tronqué ». « Si la source qui a répondu se souciait de l'institution, elle aurait mené une enquête sérieuse et pris des mesures à l'encontre de l'officier (Arab), mais elle a préféré profiter de sa position pour régler des comptes politiques. Celui qui essaie d'intimider son public pour gagner la bénédiction du Hezbollah n'a pas de conscience nationale et d'éthique », a déclaré M. Rifi qui a affirmé s'en remettre à la justice et qui a déploré « l'état dans lequel les FSI se trouvent aujourd'hui ». « C'est toute la différence entre le modèle qu'a institué Wissam el-Hassan, qui a pris des positions courageuses en dépit des menaces qui pesaient sur lui, et ceux qui ont promis de faire la lumière sur son assassinat avant de jeter le dossier dans un tiroir », a-t-il lâché.

En réponse aux questions des journalistes, Achraf Rifi a rappelé que, sous son mandat à la tête des FSI, l'enquête sur l'attentat contre Wissam el-Hassan avait permis de remonter une piste qui menait aux assassins. « Les voitures piégées venaient de la banlieue sud, a-t-il souligné. Voilà pourquoi j'avais accusé le Hezbollah. Le ministre de l'Intérieur le sait. » S'adressant à ce dernier, il a déclaré : « Votre poste commande la présence d'hommes et non pas des moitiés d'hommes. Si vous attendez une reconnaissance et un satisfecit du Hezbollah pour atteindre un objectif déterminé, sachez que votre public n'apprécie pas ce que vous faites. L'assassin de Rafic Hariri et de Wissam el-Hassan est le même. »

 

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commentaires (4)

Il me semble que ce monsieur soit le seul politicien Libanais, avec 2 ou 3 autres pas plus (sans compter évidement la vingtaine qui ont été decimés par qui on sait ...), à être intègre et qui ne craint pas de dire les choses telles qu'elles sont. Bravo Monsieur Rifi, le Liban a grand besoin de vrais patriotes courageux comme vous !

Remy Martin

15 h 58, le 16 janvier 2018

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Commentaires (4)

  • Il me semble que ce monsieur soit le seul politicien Libanais, avec 2 ou 3 autres pas plus (sans compter évidement la vingtaine qui ont été decimés par qui on sait ...), à être intègre et qui ne craint pas de dire les choses telles qu'elles sont. Bravo Monsieur Rifi, le Liban a grand besoin de vrais patriotes courageux comme vous !

    Remy Martin

    15 h 58, le 16 janvier 2018

  • en toute logique, SI ce que rapportent les medias est vrai , Rifi ne fait que perdre du terrain a continuer sur cette strategie

    Gaby SIOUFI

    10 h 18, le 16 janvier 2018

  • RIFI UN PATRIOTE INDEFECTIBLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 20, le 16 janvier 2018

  • WoW une personne qui n’a Pas froid aux yeux au moins ... surtout affirmer que les voitures piégés venaient de la banlieus sud en tt cas il a bcp de secrets le petit cachotier j’espre Que cela ne lui sera pas fatal

    Bery tus

    06 h 44, le 16 janvier 2018

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