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Moyen Orient et Monde - Conflit israélo-palestinien

Abbas « n’ira pas jusqu’à se tirer une balle dans le pied »

La décision de suspendre ou non la reconnaissance d'Israël par l'Autorité nationale palestinienne est désormais entre les mains de son président.

Le président de l’Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas (au centre), durant la réunion des cadres de l’Organisation de libération de la Palestine lundi à Ramallah. Abbas Momani/AFP

La réponse palestinienne à la « claque du siècle » de l'administration Trump est arrivée lundi soir. Au terme d'une réunion extraordinaire de deux jours à Ramallah, les dirigeants du Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine ont appelé à la suspension de la reconnaissance d'Israël par le camp palestinien. Ils ont « chargé le comité exécutif de l'OLP de suspendre la reconnaissance d'Israël jusqu'à ce que ce dernier reconnaisse l'État de Palestine dans ses frontières de 1967, annule l'annexion de Jérusalem-Est et cesse ses activités de colonisation », précise un communiqué. Selon un journaliste de l'AFP, cette décision a été prise suite à un vote ayant réuni 74 voix pour, 2 contre et 12 abstentions.

L'appel du Conseil central n'a cependant pas de valeur contraignante au niveau juridique. Seul le comité exécutif de l'OLP constitue l'autorité compétente pour prendre les décisions au sujet du conflit israélo-palestinien et du processus de paix. Les conséquences en pratique de cet appel sont entre les mains de Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité nationale palestinienne, et également secrétaire général de l'organisation.

Elles remettraient en cause l'essence même des accords d'Oslo de 1993 grâce auxquels Palestiniens et Israéliens se sont accordé une reconnaissance mutuelle. Le texte permet également de dessiner les grandes lignes de la coopération sécuritaire entre les deux camps alors que la relation entre les deux peuples a toujours été sous haute tension.

 

(Lire aussi : « La stratégie de Abbas est confuse »)

 

« Pas de plan d'action concret »
Les propos des cadres du CCOLP ainsi que le discours de Mahmoud Abbas « répondent dans une certaine mesure aux sentiments de la rue palestinienne », explique Nadim Rouhana, professeur spécialisé en affaires internationales et études de conflits à l'École Fletcher de droit et de diplomatie à l'Université Tufts, aux États-Unis. Les Palestiniens sont notamment exaspérés par la colonisation israélienne en Cisjordanie et par la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d'Israël par les États-Unis le 6 décembre. Pour autant, le discours tenu par le camp palestinien présente des limites. Si rien n'empêche l'Autorité nationale palestinienne d'appliquer les dispositions du Conseil central de l'OLP, le pari serait risqué pour les Palestiniens sur le plan pratique, alors que « Mahmoud Abbas n'a pas présenté de plan d'action concret pour arriver à la solution à deux États » à l'issue de la rencontre, souligne l'expert, interrogé par L'Orient-Le Jour.

Ces mesures auraient donc surtout un poids symbolique si le comité exécutif décidait de les mettre en œuvre. « Le boycottage d'Israël par l'Autorité nationale palestinienne ne bouleverserait pas la région », estime pour L'OLJ Barah Mikail, spécialiste du Moyen-Orient et professeur à l'Université Saint-Louis de Madrid. « Quant à la suspension des modalités de coopération entre Israéliens et Palestiniens sur la base d'une telle décision si elle est confirmée, elle ferait malheureusement plus de tort à la population palestinienne qu'à quiconque d'autre », observe-t-il. Le Conseil central avait par ailleurs déjà décidé de l'arrêt de la coopération sécuritaire en 2015 sans pour autant l'appliquer sur le terrain. Selon le chercheur, « Mahmoud Abbas a peut-être intérêt à envoyer des messages forts aux Israéliens et aux Palestiniens, mais ce n'est pas pour autant qu'il ira jusqu'à se tirer une balle dans le pied ».

 

(Lire aussi : La Ligue arabe va demander à l'Onu de reconnaître la Palestine)

 

 

« Fin de l'ère de la médiation US »
Dans ce contexte, le rôle des États-Unis en tant que médiateur est également remis en question, alors que les relations entre les Palestiniens et Washington sont au plus mal. « Symboliquement, il est vrai que le boycottage concret par l'Autorité palestinienne de la médiation américaine serait un signe très fort et garantirait des points à Mahmoud Abbas, notamment vis-à-vis de son opinion publique, mais aussi par rapport à beaucoup de chancelleries arabes », précise Barah Mikail. « Le conflit israélo-palestinien et son pendant israélo-arabe ont besoin d'un médiateur fort et accepté par l'ensemble des parties », poursuit-il. Selon M. Mikail, « l'ONU connaît les difficultés qui sont les siennes, et ni la Russie, ni la Chine, ni l'Union européenne ne sont en condition de s'imposer à tout le monde. Il ne reste effectivement que l'option Washington ».
En dépit de ces considérations, « c'est la fin de l'ère de la médiation américaine, selon beaucoup de Palestiniens », affirme M. Rouhana. « Ils doivent désormais trouver un nouveau plan d'action alors que sont nombreuses, sur le chemin, impasses et contradictions » au vu des positions de chaque partie concernée, note-t-il.

Mais il s'agit aussi de savoir si les Palestiniens peuvent se passer non seulement de la Maison-Blanche comme intermédiaire avec les Israéliens, mais aussi de l'immense aide financière américaine à l'Autorité palestinienne et à l'Unrwa, l'agence des Nations unies qui s'occupe des réfugiés palestiniens, soit près de 300 millions de dollars par an. Le président américain, Donald Trump, a déjà laissé entendre en décembre qu'il était prêt à retirer ces aides aux Palestiniens s'ils ne poursuivaient pas les négociations de paix avec l'État hébreu. Et hier, un responsable du département d'État a annoncé que Washington a retenu un versement de 65 millions de dollars à l'Unrwa.

Mahmoud Abbas avait déjà en décembre estimé que Washington avait perdu son statut de « médiateur honnête dans le processus de paix ». « Nous payons les Palestiniens des centaines de millions de dollars par an sans reconnaissance ou respect » de leur part, avait écrit Donald Trump sur son compte Twitter. « Puisque les Palestiniens ne sont plus disposés à parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser des paiements massifs à l'avenir ? » avait-il poursuivi. Dans ce cas de figure, « Mahmoud Abbas semble faire le pari que d'autres puissances viendront alors en aide aux Palestiniens » si le financement américain était suspendu, observe M. Rouhana.

 

 

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La réponse palestinienne à la « claque du siècle » de l'administration Trump est arrivée lundi soir. Au terme d'une réunion extraordinaire de deux jours à Ramallah, les dirigeants du Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine ont appelé à la suspension de la reconnaissance d'Israël par le camp palestinien. Ils ont « chargé le comité exécutif de l'OLP de...

commentaires (4)

Il se tire des balles dans le cœur et dans la tête tous les jours , alors dans le pied est un moindre mal . Vous voulez un petit secret ? ce pauvre Abass fait de petits appels du pied à .... non je ne le dirai pas , essayez de deviner ..

FRIK-A-FRAK

11 h 24, le 17 janvier 2018

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Commentaires (4)

  • Il se tire des balles dans le cœur et dans la tête tous les jours , alors dans le pied est un moindre mal . Vous voulez un petit secret ? ce pauvre Abass fait de petits appels du pied à .... non je ne le dirai pas , essayez de deviner ..

    FRIK-A-FRAK

    11 h 24, le 17 janvier 2018

  • pauvre abbas ! s'il pouvait disparaitre de le scene qq temps ! juste le temps que qq chose evolue(ss sa participation ) OU que la tempete s'apaise- probable la 2eme

    Gaby SIOUFI

    10 h 53, le 17 janvier 2018

  • " Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté. " Winston Churchill

    FAKHOURI

    09 h 40, le 17 janvier 2018

  • ENFIN, PLUS INTELLIGENTS QUE LES NOTRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 57, le 17 janvier 2018

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