Le Louvre Abou Dhabi, visite guidée parmi ses merveilles

« L'homme ne s'étonne presque plus de l'annonce de nouveautés plus merveilleuses » (Valéry).
Implanté aux confins du désert, reliant la route des anciennes civilisations de l'Extrême-Orient à la Méditerranée, le Louvre Abou Dhabi forme un phare qui illumine les chemins du passé, éclaire les étapes du présent et tâche, comme un lustre scintillant, de révéler l'histoire et prévoir l'avenir.
Le visiteur qui, d'emblée, imagine un endroit ordinaire, s'adaptant au site et à la situation de la configuration des lieux, ne s'attarde pas à se rendre compte de l'admirable, étonnante et merveilleuse nouveauté !
Sous un ciel bleu d'azur, calme et serein, s'impose la voûte du musée, perceptible de loin. D'apparence majestueuse, d'un bleu foncé et vif, elle donne l'impression d'une soucoupe volante, en provenance de l'espace extraterrestre, où semblent se mouvoir les astres, et qui vient se poser à l'instant, entre le désert et la mer. Une fois sous cette voûte céleste, elle se manifeste en un dôme d'une armature solide et artistique. C'est une sphère fascinante, où scintillent les 7 850 uniques étoiles, qui luisent sous la coupole, émettant des rayons de lumière de multiples couleurs. Ces étoiles proviennent de la délicate et intelligente juxtaposition des lames, qui acquièrent, par le fait même, une puissance et un éclat surprenants, provoquant une « pluie de lumière » qui donne la sensation d'être au septième ciel ! C'est, sans doute, une création architecturale éblouissante et innovante.
Le Louvre Abou Dhabi invite à une rencontre tout à fait inédite avec l'art. C'est une ville-musée qui révèle l'histoire de la créativité humaine qui transcende les cultures, les civilisations, les époques et la géographie. À travers les douze galeries aménagées, liées les unes aux autres, par des couloirs, sont exposées des œuvres d'art du monde entier. C'est une manifestation esthétique de l'humain, depuis l'Antiquité, le Moyen Âge, la Renaissance et les temps modernes.
Si le musée est le lieu d'excellence, dans lequel sont rassemblées et classées des collections d'objets présentant un intérêt historique, technique, scientifique, artistique, en vue de leur conservation et de leur présentation au public, le Louvre Abou Dhabi accomplit parfaitement cet objectif. C'est un établissement comportant des objets rares, précieux et beaux. Toutes les phases de l'histoire de l'humanité sont là représentées. Ce sont des pièces, parfaitement et jalousement gardées, relatives à l'âge de la pierre taillée. C'est tout d'abord la préhistoire. Les trésors du paléolithique proviennent de la première période de l'ère quaternaire, où apparurent les premières civilisations humaines. D'autres pièces proviennent du néolithique, qui manifestent leur polissage. À la suite de la « révolution du néolithique », les grandes civilisations urbaines apparaissent (généralement concentrées autour de grands fleuves) et l'ère historique commence. Sur le Nil, la civilisation égyptienne ; sur le Tigre et l'Euphrate, la civilisation de la Mésopotamie ; sur l'Indus celle de l'Inde et sur le Houang-ho, celle de la Chine. C'est alors, d'un essor démographique important, que naissent les premières cités qui deviennent les lieux d'un brassage social et culturel qui favorise échanges et innovations. L'écriture apparaît, par conséquent, en Mésopotamie vers 3 500 avant notre ère, quelques décennies après, en Égypte, et plus tard en Chine, et enfin sur les côtes orientales de la Méditerranée, avec les Phéniciens, qui puisent leur inspiration dans l'art égyptien puis dans l'art grec. Toutes ces étapes de cette civilisation antique sont représentées dans les galeries 1-2-3-4. (Femme vêtue d'une robe de laine, Asie Centrale, gal. 1). (Sarcophage de la princesse Henuttawy, gal. 2). (Shiva dansant, divinité hindoue, gal.4).
Les vestiges de l'antiquité gréco-romaine ont leur espace. En statue, buste... ils s'imposent en dieux ou déesses (La Nymphe à la coquille) en orateur (Homme vêtu d'une toge romaine dit « l'orateur » ), en philosophe (buste de Socrate), en poète..., qui semblent représenter respectivement une idolâtrie, une éloquence, une sagesse, une harmonie !
La galerie (5) abrite les représentations des trois religions monothéistes. Le Louvre Abou Dhabi se veut un endroit de culture, de tolérance et de pluralisme. La présence de mosaïque, d'emblème, de figure, d'un symbole (du judaïsme, du christianisme et de l'islam), témoigne du respect apporté à la croyance religieuse. (Croix-reliquaire contenant un fragment de la Vraie Croix) (Section d'un Coran, dernier volume, Djuz 30) (Stèle funéraire juive de Dame Florie, fille du Maître Benjamin).
Aux galeries 6 à 12 sont exposées les œuvres de la Renaissance. En effet, à partir du XVe siècle, c'est en Italie, puis dans toute l'Europe, que commence cette période provoquée par un essor intellectuel, qui se manifeste par la peinture en perspective. En effet, elles sont là présentes les toiles de la Renaissance (Le Bon Samaritain, de Jacob Jordaens, 1615), (Le Songe de Jacob, de Bartolomé Esteban Marillo, 1665), plus loin, on trouve des toiles plus récentes (George Washington, premier président des États-Unis, par Gilbert Stuart, 1822) ou aussi (Le Bohémien, et Le Fifre, d'Édouard Manet, 1861), le tableau de Napoléon Bonaparte à cheval de Jacques-Louis David... Sans oublier la récente acquisition (par le département de la culture et du tourisme d'Abou Dhabi, comme l'affirme le musée et non par le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane selon les rumeurs), à 540 millions de dollars, du Salvator Mundi de Léonard de Vinci qui doit être exposé bientôt au Louvre Abou Dhabi.
Pour tous ces objets de valeur artistique, esthétique, historique, pour cette ville-musée qui révèle l'histoire de la créativité humaine, pour les efforts déployés par les autorités d'Abou Dhabi, le président français Emmanuel Macron est venu en novembre participer à l'inauguration de ce prestigieux lieu de culture. Et puisque le Louvre Abou Dhabi paraît exceptionnel en son genre, les autorités locales, notamment le prince héritier cheikh Mohammad ben Zayed, envisageront-elles d'en faire aussi un lieu destiné à l'étude des beaux-arts, des sciences et des lettres ?

Mounir EL-KHOURY
(Université libanaise)