La célèbre présentatrice américaine Oprah Winfrey a fait dimanche soir aux Golden Globes un discours qui ressemblait plus à celui d'une femme politique qu'à une vedette de télévision, relançant les spéculations sur une éventuelle candidature à la présidence des Etats-Unis.
Récompensée par le prix Cecil B. DeMille pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie des Golden Globes, celle que tout le monde surnomme "Oprah" a construit son discours sur le mouvement amorcé par l'affaire Weinstein, mais en allant bien au-delà.
Elle a fait le lien avec deux héroïnes de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, Rosa Parks et Recy Taylor, et annoncé l'arrivée d'une "aube nouvelle" pour les femmes et les jeunes filles maltraitées par les hommes.
Beaucoup ont vu dans cette déclaration de neuf minutes un tournant dans la vie publique d'Oprah Winfrey, dont la stature dépasse depuis longtemps déjà celle d'une animatrice, d'une actrice ou d'une femme d'affaires, activités qui ont fait d'elle la première femme noire milliardaire.
Première présentatrice noire à percer à la télévision, il y a 30 ans, Oprah a su créer autour de son nom et de son image une véritable marque, à l'influence considérable aux Etats-Unis.
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Interrogée dimanche immédiatement après son discours pour savoir si elle comptait ou non se présenter, elle a répondu ne pas y penser, selon plusieurs médias américains. Mais selon CNN, qui citait lundi deux personnes anonymes de son entourage, l'actrice de 63 ans "réfléchit sérieusement" à une candidature, à près de trois ans de l'échéance.
En mars, elle avait eu un commentaire volontairement ambigü, laissant entendre dans une interview que la victoire électorale d'un promoteur immobilier sans la moindre expérience politique, Donald Trump, l'avait fait réfléchir à une candidature. Dès le lendemain, sa meilleure amie, la présentatrice Gayle King, avait assuré qu'il s'agissait d'une "plaisanterie".
"Je ne me présenterai jamais à aucun mandat politique", avait ensuite déclaré Oprah, en juin, au site du Hollywood Reporter. "C'est une position assez définitive."
"C'est aux gens de décider", a déclaré dimanche au Los Angeles Times le compagnon de longue date d'Oprah Winfrey, Stedman Graham. "Elle le ferait, c'est clair."
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L'inexpérience politique, un atout ?
Sans surprise, le tout Hollywood est déjà derrière elle, comme en témoignaient lundi les nombreuses réactions qui affluaient après son déjà célèbre discours dimanche. "Je ne crois pas qu'elle avait l'intention" de se déclarer, a réagi l'actrice Meryl Streep au Washington Post, "mais maintenant, elle n'a plus le choix."
"Je ne pense pas qu'on puisse considérer cela comme une plaisanterie, pas plus que Donald Trump candidat ou The Rock", surnom de l'acteur Dwayne Johnson qui a déjà plaisanté sur ses ambitions pour 2020, estime Cindy Rosenthal, professeur de sciences politiques à l'université d'Oklahoma.
Un sondage publié en mars par l'institut Public Policy Polling donnait Oprah Winfrey gagnante en 2020 contre Donald Trump à 47% des suffrages contre 40% au président sortant.
La sexagénaire fringante est parfaitement alignée sur son époque, avec son combat pour la cause des femmes, mais aussi son parcours issu de la société civile. "Pour beaucoup, aux Etats-Unis, l'expérience politique est en réalité un handicap" lors d'une élection, et non un atout, souligne Cindy Rosenthal, comme l'a prouvé la victoire de Donald Trump.
Chez les bookmakers britanniques de William Hill, après être partie de très loin, la native du Mississippi effectue une remontée spectaculaire et fait maintenant jeu égal avec Michelle Obama. "La cote suggère que Donald (Trump) va être difficile à battre", a néanmoins indiqué à l'AFP un porte-parole de William Hill.
Démocrate de coeur, même si elle a gardé ses distances avec le parti, Oprah est nettement moins populaire chez les sympathisants républicains, qui n'étaient que 30% à avoir une opinion favorable d'elle selon les résultats d'un sondage Quinnipiac publié en mars.
Pour autant, son image est beaucoup plus consensuelle que celle de Donald Trump, et son talent pour l'empathie, qui en a fait la première intervieweuse des Etats-Unis, est l'une des raisons majeures de son succès.
Si elle partage avec l'actuel président le label d'entrepreneur, leurs parcours n'ont pas grand chose à voir et son histoire est universelle. "Donald Trump a hérité d'une fortune et est parvenu à la faire fructifier", souligne Cindy Rosenthal, alors qu'Oprah Winfrey "a tout construit sur ses seules qualités".
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23 h 43, le 08 janvier 2018