Les piétons peuvent désormais se promener librement dans tout le centre-ville de Beyrouth, sans nécessairement devoir montrer patte blanche. Et pour cause, la place de l'Étoile qui abrite le Parlement subit depuis hier après-midi une transformation radicale. Elle entend devenir au plus tôt libre d'accès, débarrassée des chicanes, blocs de béton, fils de fer barbelés et autres barrages qui l'isolent depuis tant d'années pour d'obscures chicaneries politiques, et paralysent ses commerces, restaurants et café, qui ont fermé boutique, les uns après les autres. La décision revient au président du Parlement, Nabih Berry, qui a souhaité que les commerçants, restaurateurs et hôteliers reprennent leurs activités. Il a donc ordonné hier l'ouverture aux piétons de tous les accès menant à la place de l'Étoile. Une décision appliquée sur-le-champ par les militaires et forces de l'ordre qui se sont attelés à la tâche, à l'aide de camions et de grues.
La soirée du Nouvel An, un indicateur non négligeable
Ces mesures interviennent trois jours après la grande soirée populaire qui s'est déroulée durant la nuit de la Saint-Sylvestre, pour fêter le passage à la nouvelle année. Une soirée organisée sous le signe de la stabilité et de la sécurité retrouvées, par le conseil municipal de la ville de Beyrouth qui a tenté, l'espace d'une nuit, de redonner au cœur de Beyrouth son animation d'antan. Ouverte au grand public, marquée par des festivités sans précédent depuis une bonne décennie, elle a été applaudie de tous, car considérée comme une grande réussite.
Mais quelles sont les raisons qui ont poussé Nabih Berry à libérer enfin le centre-ville de Beyrouth de son carcan ? Contacté par L'Orient-Le Jour, le vice-président de la Chambre, Farid Makari, avoue n'être pas au courant de la décision du président du Parlement. « Il ne m'en a pas informé et il n'a pas à le faire. Mais je l'en féliciterai dès demain (aujourd'hui) », a-t-il lancé, saluant l'excellente nouvelle. Le député de Koura estime que l'initiative de M. Berry est liée à plusieurs facteurs. « Il s'agit d'abord d'une demande populaire », explique-t-il. « Sur un autre plan, les Forces de sécurité intérieure, les forces de l'ordre et les différents services de renseignements ont prouvé qu'ils sont à la hauteur de leur tâche et qu'ils sont capables d'accomplir leur travail », poursuit M. Makari. « Enfin, les festivités de fin d'année ont été une belle réussite, le président du Parlement l'a constaté », fait remarquer le parlementaire. Ces facteurs, ajoutés à une détente sur le plan sécuritaire, permettent désormais de « réactiver le cœur de Beyrouth et son centre commercial », conclut-il, tout en espérant que le centre de la capitale « reprendra très bientôt sa gloire d'avant la guerre ».
Les commerçants applaudissent
« J'applaudis des deux mains », souligne de son côté à L'OLJ le président de l'Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas. « Cela faisait des années que les commerçants formulaient cette requête, réclamant à cor et à cri le démantèlement des fortifications », explique-t-il, car le centre-ville de Beyrouth « tombait en décrépitude à cause des mesures sécuritaires drastiques » dans le périmètre du Parlement. Il rappelle combien la partie nord du centre-ville a été paralysée, la rue Weygand, la rue des Banques, la place Riad el-Solh, la place des Martyrs, sans oublier les squares et les jardins. « C'était devenu une zone militarisée, une ville fantôme ; cela pesait sur le reste du centre-ville, sur son activité économique et commerciale », note-t-il. M. Chammas tient à rappeler que « les zones militarisées et les commerces ne peuvent cohabiter ». « Le consommateur ne peut se sentir asphyxié », soutient-il, insistant sur la nécessité de redonner au secteur un aspect normal, et de donner un coup de pouce à l'activité au cœur de Beyrouth.
C'est aussi « d'un œil bienveillant » que le président de l'Association des commerçants de Beyrouth voit le démantèlement du bunker qu'était devenu le périmètre du Parlement. Il faut dire que deux indicateurs de taille ont permis au président Berry de prendre sa décision. « D'abord une situation sécuritaire en amélioration, depuis le succès de la bataille des jurds, et puis la soirée du Nouvel An qui était une réussite. » Même si la tâche n'est pas aisée, M. Chammas est déterminé à encourager les commerçants « à regarder de près les opportunités qui s'offrent désormais à eux ». Les Libanais sont certes « résilients ». Mais ils entendent bien « rester vigilants ».
Lire aussi
Nouvel an : grande fête populaire dans un lieu symbolique entre tous, la place de l'Étoile
Retour sur les célébrations du Nouvel An au Liban
À l’occasion du Nouvel An, des prières pour la paix et la dignité humaine
commentaires (6)
avec tout ces magasins qui sont fermés, ceux qui vont les rachetés vont faire une bonne affaire mais dans un sens tant mieux, ne pas pouvoir passer parce qu'il y a conseil des ministres était frustrant
Talaat Dominique
19 h 57, le 04 janvier 2018