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Économie - Finance

Fin d’une année délicate pour les banques libanaises en Irak

Les établissements bancaires du pays du Cèdre doivent s'acquitter de la deuxième tranche de l'augmentation de capital imposée en 2015 par la Banque centrale irakienne.

Un bureau de change à Bagdad. Les banques libanaises en Irak ont plutôt bien résisté aux difficultés liées aux tensions entre le pouvoir central irakien et celui de la province autonome kurde. Azad Lashkari/Reuters

Les années se suivent et se ressemblent pour les dix banques libanaises implantées en Irak – BBAC, Bank Audi, Banque libano-française, Bankmed, BLOM Bank, Byblos Bank, Crédit libanais, Fransabank, IBL Bank et MEAB.

Alors que 2017 devait être l'année de la reprise, comme l'avait escompté en janvier dernier l'ancien gouverneur de la Banque centrale irakienne (BCI), Ali al-Allag (remplacé cette année par Ali Mohsen Ismaïl), lors d'un passage à Beyrouth, le secteur bancaire dans ce pays a, cette année encore, dû composer avec les tensions entre les autorités de Bagdad et celles du Kurdistan irakien. La situation s'est envenimée depuis l'échec du référendum d'indépendance organisé en septembre dans la province autonome du nord de l'Irak, qui a progressivement perdu une importante partie des régions pétrolières qu'il contrôlait au profit du pouvoir central.

 

(Pour mémoire : Les banques libanaises autorisées à opérer au Kurdistan irakien)

 

Encaisser le choc
C'est dans ce contexte que la BCI a envisagé en novembre de demander à tous les établissements bancaires opérant au Kurdistan irakien de suspendre temporairement leurs activités dans cette région, afin d'y limiter ses ventes de devises. Quelques jours plus tard, la BCI décidait d'assouplir sa position à la demande des représentants du secteur en autorisant les banques à poursuivre leurs activités dans la région. Un droit toutefois assorti de certaines limitations comme l'interdiction de réaliser des transferts bancaires pour le compte de n'importe quelle administration du Kurdistan irakien sans autorisation préalable de la BCI, entre autres.

« Ces restrictions n'ont pas eu beaucoup d'impact sur le quotidien des banques libanaises en Irak, qui étaient déjà extrêmement vigilantes depuis la recrudescence des tensions entre le pouvoir central et les autorités de la province », a indiqué à L'Orient-Le Jour le directeur général adjoint de BBAC, Chawki Bader. La BBAC est implantée en Irak depuis 2009, notamment à Bagdad, Erbil et Souleimaniyah, tandis que M. Bader fait partie des banquiers régulièrement mandatés par l'Association des banques du Liban (ABL) pour participer aux négociations avec la BCI.

De manière générale, les établissements libanais ont même plutôt bien encaissé le choc. « Malgré les difficultés rencontrées au quatrième trimestre, les profits des banques libanaises devraient globalement être en hausse par rapport à ceux de 2016 », confie M. Bader, sans pouvoir communiquer de chiffres définitifs. Selon une source bancaire anonyme, les banques libanaises en Irak avaient engrangé 349 millions de dollars en 2016 – avec d'importantes différences d'un établissement à l'autre – pour des actifs qui ont dépassé 1,4 milliard de dollars sur cette période.

 

(Pour mémoire : Pas de « risque sérieux » pour les banques libanaises au Kurdistan irakien)

 

 

Millions toujours gelés
Mais les banques libanaises en Irak ne doivent pas se contenter de gérer les conséquences sur le plan opérationnel des tensions entre Bagdad et Erbil. Comme tous les établissements étrangers implantés en Irak, elles ont en effet jusqu'à cette semaine pour transférer 25 millions de dollars chacune à la BCI, une somme qui correspond à la deuxième tranche de l'augmentation de capital de 50 millions de dollars réclamée en 2015 par cette dernière. « L'ABL avait demandé un nouveau report de cette échéance, mais sa requête a été rejetée », confirme une source à l'association, qui rappelle que les établissements libanais avaient réglé la première tranche fin 2016.

Cette augmentation de capital – exigée indépendamment du nombre d'agences ou de bureaux de représentation ouverts par chaque banque sur le territoire irakien – a été définitivement mise en place par la BCI en mai 2015, avec un premier échéancier démarrant en juin, puis décalé à la suite de négociations avec les représentants des établissements bancaires. Le montant versé avant le 31 décembre 2016 par les banques tenait en outre compte des sommes dont elles s'étaient déjà acquittées pour répondre aux exigences antérieures de la BCI en matière de capital.

Enfin, les banques du pays du Cèdre attendent toujours la rétrocession de près de 90 millions de dollars gelés depuis près de trois ans sur des comptes qu'elles ont ouverts auprès des antennes de la BCI à Erbil et Souleimaniyah. Ces fonds avaient été bloqués dans la foulée de la montée de la rivalité entre le pouvoir central irakien et la province autonome. « Des fonds appartenant à d'autres banques ont également été gelés, mais nous ne connaissons que le montant dû aux établissements libanais, précise M. Bader. Dans le courant de l'année, les antennes d'Erbil et de Souleimaniyah ont finalement accepté de verser 20 millions de dollars par mois à la BCI pour lui permettre de rétrocéder ces fonds aux banques concernées, mais l'accord a cessé d'être appliqué avec le regain de tension provoqué (NDLR : dans la foulée de l'organisation du référendum). » Selon lui, les banques libanaises n'ont pu pour l'instant récupérer que 10 % de la somme gelée.

Il reste que la situation au Kurdistan est encore loin d'être apaisée. Selon l'AFP, plusieurs centaines de personnes ont été récemment arrêtées depuis le début d'une vague de contestation contre le gouvernement régional du Kurdistan irakien, accusé de corruption.

 

 

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