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Campus - COLLOQUE

L’acceptation de l’autre dans ses différences

En cette période de conflits, de clivages, de guerres – froides et chaudes –, de racisme, de sexisme, de xénophobie, il est plus que jamais nécessaire de faire bouger les frontières mentales et de bousculer les barrières émotionnelles qui empêchent de reconnaître l'autre. Cet autre qui ne nous renvoie pas notre propre image, qui ne nous conforte pas dans nos croyances, qui ne nous ressemble pas. « Accepter l'autre dans sa différence » est le thème d'un intéressant colloque, international, trilingue et interdisciplinaire, qui a été organisé les 28 et 29 novembre par la faculté des sciences humaines de l'Université arabe de Beyrouth, en partenariat avec l'Université Paris-Sorbonne, la Direction régionale Moyen-Orient de l'Agence universitaire de la francophonie et l'Institut français du Liban.

« Dans le contexte de la mondialisation, l'identité n'est plus héritée ou acquise à la naissance selon la place de l'individu dans une société donnée, mais elle évolue en fonction des changements des identités collectives, du regard d'autrui sur soi et de la manière dont les individus s'approprient ces nouvelles appartenances. La problématique consiste à s'interroger sur la construction d'une identité ouverte à l'autre, forme d'identité que devrait viser l'éducation à travers la question de la diversité culturelle », a estimé Dr. Nadia Naboulsi Iskandarani, coordinatrice du colloque, lors de son allocution inaugurale.

 

De multiples perspectives, différents regards
Comment accepter l'autre avec toutes ses différences ? Une question universelle à laquelle le colloque a proposé d'intéressantes réponses. En six séances étalées sur deux jours, plus d'une vingtaine d'intervenants, enseignants et chercheurs en provenance de différentes universités françaises, marocaines et libanaises se sont penchés, chacun selon son expertise, sur la diversité et l'altérité, les images de l'identité, le cosmopolitisme, la tolérance et la culture, les problèmes identitaires « génériques », la découverte de l'identité à travers la langue et la culture. La problématique de l'acceptation de l'autre a été revisitée au prisme de la littérature, la linguistique, la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, la didactique, les arts...

« S'il est une région où le thème de (cette) rencontre est d'actualité, c'est bien le Liban. (Ce) pays s'efforce, envers et contre tout, de bâtir une nation qui dépasse les limites religieuses, politiques et économiques... Pour beaucoup d'entre nous, le Liban est exemplaire. (Ce) pays a vocation historique de dépasser les différences pour en faire un moyen d'enrichissement mutuel. C'est évidemment difficile, surtout lorsqu'on vit dans une zone de conflits qui dépassent les frontières nationales et imposent leurs contraintes à tous les acteurs régionaux. Mais le fait qu'un colloque comme celui-ci puisse se tenir à Beyrouth, en ces heures d'incertitude, est un signe d'espoir », a souligné M. Pascal Couchepin, ancien président de la Confédération suisse, qui a animé la conférence inaugurale du colloque. Son allocution intitulée « L'Autre et les institutions » a constitué l'un des moments forts du congrès. « Pour reconnaître l'autre dans ses différences, le droit est nécessaire mais pas suffisant », a-t-il souligné. « Il faut un effort personnel, une sorte d'humilité qui ne nie pas l'existence d'une vérité, mais reconnaît qu'aucun individu ou groupe n'en est le détenteur absolu. Reconnaître l'autre dans ses différences, ce n'est pas abandonner ses convictions ou croyances, ce n'est pas ignorer ses intérêts et son identité, c'est plus simplement rester attentif à l'autre, à ce qu'il porte de vérité et d'intérêts légitimes », a-t-il poursuivi.

L'importance du thème, la diversité des angles de traitement et des points de vue, l'originalité des approches, la richesse et la pertinence des interventions ont caractérisé ce colloque qui a « rassemblé des participants arabes et étrangers, chrétiens et musulmans, unis tous pour prôner un message de paix et de tolérance », comme l'a souligné Dr. Hasna Bouharfouche. La professeure au département de langue et de littérature française qui est intervenue, au deuxième jour du colloque, sur les problèmes identitaires « génériques » a ajouté qu'à son avis, « tous ceux qui ont pris part à cette rencontre ont réalisé que le problème n'est pas l'autre en tant qu'autre, mais c'est plutôt le manque de compréhension et d'appréciation de l'autre chez soi-même ». Et de conclure : « Ce colloque ne nous a pas uniquement permis de discuter de l'altérité, il nous a également donné l'occasion de la vivre. »

 

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