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Liban - Compromis politique

Hariri donne le ton de la nouvelle phase, en attendant la réaction du Hezbollah...

Un Conseil des ministres est prévu cette semaine sous la présidence de Michel Aoun.

À travers les concertations élargies de Baabda, Michel Aoun aurait défini les grandes lignes du nouveau compromis politique. Photo Dalati et Nohra

« Au Liban, le Hezbollah a un rôle politique. Il a des armes, certes. Mais il ne les utilise pas sur le sol libanais. L'intérêt du Liban est de faire en sorte que ces armes ne soient pas utilisées ailleurs. De là vient le problème. » C'est en ces termes que le Premier ministre, Saad Hariri, a tenté d'expliquer ses rapports avec le parti chiite dans une interview accordée mercredi au magazine français Paris Match, provoquant par la même occasion une polémique dans le pays.

À l'heure où d'aucuns estiment que le chef de gouvernement a ainsi donné le ton de l'entente élargie qui va régir la prochaine phase, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, n'a pas tardé à répondre à ces déclarations. S'exprimant dans le cadre du Forum des dialogues de la Méditerranée, il a déclaré que « le Liban est kidnappé par un groupe terroriste qui est le Hezbollah » et que « la solution au Liban réside dans le désarmement » de ce parti.

Mais il reste que les propos de MM. Hariri et Jubeir ont vivement fait réagir dans les milieux politiques libanais. D'autant qu'ils ont été dits moins d'un mois après la démission surprise du Premier ministre annoncée à Riyad le 4 novembre dernier. En annonçant sa décision, Saad Hariri avait donné lecture d'un communiqué dans lequel il s'en était violemment pris à l'Iran et à la formation dirigée par Hassan Nasrallah. Les propos du chef de gouvernement dans son interview à Paris Match sont, selon certains, nettement plus souples que ceux du 4 novembre.

(Lire aussi : Aoun met en garde contre « un danger mobile et une menace terroriste sérieuse »)


À cela vient s'ajouter un élément important : ces propos de Saad Hariri interviennent à l'heure où le président de la République, Michel Aoun, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, mais aussi l'écrasante majorité des formations politiques œuvrent pour la mise en place d'un compromis politique qui remplacerait celui de 2016. Dans sa nouvelle version, l'entente élargie devrait être axée sur une application réelle et effective de la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux. Il y a aussi le retrait des combattants du Hezbollah de Syrie et d'Irak, ainsi que l'arrêt des campagnes médiatiques hostiles aux pays arabes.

C'est d'ailleurs par cela que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, explique les concertations multipartites actuellement en cours. « Aujourd'hui, il est question de "rabibocher" le compromis gouvernemental dans le sens de l'affirmation de la politique de distanciation, par le biais d'un retrait (du Hezbollah) des crises régionales », a-t-il dit vendredi dernier à l'agence al-Markaziya.

« Barrage à la discorde »

Si d'aucuns estiment qu'une telle entente ne peut être dissociée des développements régionaux et internationaux, notamment au Yémen, des sources diplomatiques font état à l'agence al-Markaziya d' « efforts français, saoudiens et égyptiens déployés à l'heure actuelle pour tourner définitivement la page de la démission de Saad Hariri au moyen d'un nouveau compromis principalement axé sur la distanciation effective du Liban.

Ce tableau fait dire à un observateur politique interrogé par L'Orient-Le Jour que Saad Hariri n'a pas modifié son discours politique. « Conscient des efforts déployés aujourd'hui pour permettre au nouveau compromis de voir le jour, le Premier ministre œuvre à faire barrage à la discorde au Liban, mais aussi à consolider la distanciation et la stabilité du pays », souligne l'observateur, précisant que « cela ne signifie aucunement qu'il accepte le maintien de l'arsenal du parti chiite ».

(Lire aussi : Vif plaidoyer de Michel Moawad en faveur de la neutralité du Liban)

Même son de cloche dans les milieux du courant du Futur. Mouïn Merhebi, ministre d'État pour les Affaires des réfugiés, insiste sur le fait qu'en dépit de ses propos à Paris Match, le chef du gouvernement est toujours hostile à l'arsenal du parti de Hassan Nasrallah. Dans une déclaration à L'OLJ, M. Merhebi fait valoir que le Premier ministre a mis en exergue le fait que sa formation et le parti chiite sont engagés dans un conflit.

Son collègue Nabil de Freige se veut plus prudent. « La distanciation ne peut s'appliquer uniquement aux conflits extérieurs. Elle est tout aussi valable pour les problèmes strictement locaux », souligne-t-il à L'OLJ, avant d'expliquer : « Les propos du chef des pasdaran, Mohammad Ali Jaafari, selon lesquels l'arsenal du Hezbollah est non négociable, sont adressés au Hezbollah pour faciliter la mise sur pied du nouveau compromis. » M. de Freige estime, par ailleurs, que les accusations lancées durant les deux derniers jours contre M. Hariri ne visent qu'à tenter de réduire sa popularité qui s'est affirmée lors de la dernière crise.
Amine Wehbé, également député de Beyrouth, semble beaucoup plus ferme. « Le Hezbollah devrait accorder la priorité aux intérêts du Liban, et non à ceux de l'Iran », a-t-il lancé dans une déclaration radiodiffusée. Selon M. Wehbé, « Saad Hariri ne peut assurer la couverture d'un parti libanais en guerre contre un pays arabe ». « Il faut déployer tous les efforts nécessaires pour arriver à une formule de la distanciation à même de préserver la stabilité du Liban », a encore dit le député de Beyrouth.

Forcing français

En attendant, les regards restent braqués sur la séance gouvernementale prévue cette semaine sous la présidence de Michel Aoun. Cette réunion, la première depuis le sursis du chef de gouvernement à sa démission, le 22 novembre dernier, devrait être exclusivement consacrée à l'étude de la question épineuse de la distanciation. Elle devrait se solder par un communiqué qui définirait clairement cette politique, en vertu de la nouvelle version du compromis.

Des sources bien informées ont indiqué dans ce cadre à l'agence al-Markaziya qu'au terme de plusieurs réunions tenues à Paris, Saad Hariri et le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, ont défini, en présence du directeur de cabinet du Premier ministre, Nader Hariri, les grandes lignes du nouveau compromis. Celle-ci prévoit la distanciation du Liban, ainsi que le respect de l'accord de Taëf et la préservation des relations libano-arabes, ajoute-t-on de mêmes sources. De source proche de Baabda, on apprend toutefois que c'est le chef de l'État qui a établi les grandes lignes du communiqué, à la lumière des concertations politiques élargies qu'il a menées lundi dernier au palais présidentiel. Dans les mêmes milieux, on indique que le communiqué tant attendu est une sorte de minidéclaration ministérielle et insistera sur la « non-ingérence dans les affaires des pays arabes et la lutte contre le terrorisme et l'ennemi israélien ».

Selon al-Markaziya, les Français exercent un forcing afin de résoudre la crise avant la tenue de la réunion du Groupe de soutien international pour le Liban prévue vendredi à Paris. D'autant que les pays membres devraient approuver des aides de près de 5 milliards de dollars au Liban.
Mais dans les milieux ministériels, et à l'heure où Mohammad Yazbeck, membre du conseil politique du Hezbollah, assurait que celui-ci est en faveur de la relance du gouvernement qui bénéficie de la confiance du Parlement et du peuple, on ne cache pas les « nombreuses interrogations autour de l'engagement effectif du Hezbollah sur ce plan ». Une allusion à peine voilée à la participation du parti chiite à la guerre syrienne, en dépit de son adhésion à la déclaration de Baabda du 11 juin 2012. Celle-ci stipulait de « garder le Liban à l'écart des conflits des axes ». Mais dans certains milieux politiques, on se veut optimiste. Cette fois, Michel Aoun, allié du Hezbollah, est la garantie de la mise en application de l'accord politique élargi, dit-on...

 

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commentaires (10)

Triste de voir toujours un arrangement politique à la libanaise qui ne dure pas trop .

Antoine Sabbagha

17 h 21, le 04 décembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Triste de voir toujours un arrangement politique à la libanaise qui ne dure pas trop .

    Antoine Sabbagha

    17 h 21, le 04 décembre 2017

  • Toutes ces déclarations et positions ne font qu' irrité les vrais libanais qui savent être arnaquer par des milices armées et des politiciens incapables et ou vendus. Qu' on fasse, sous l égide et la verification des états bien intentionnés un référendum au niveau du Liban avec deux questions: veux tu un état démocratique et souverain, et veux tu d une seule armée nationale unique qui défendra le Liban. Après ça on saura si il plier l exhibe devant le hezb ou si l on devient un état en bonne et dû forme. Arrêter tout ces charabias et discussions méchantes et pénibles

    Wlek Sanferlou

    14 h 31, le 04 décembre 2017

  • ils veulent nous faire oublier un principe inalienable, un devoir tout aussi indeniable : nos droits sont ce que ca dit : NOS DROITS nous ne les ""demandons pas "" nous nous DEVONS de les OBTENIR NS MEMES. alors priere cesser les niaiseries de cette propagande . OSEZ dire la verite - soyez surs qu'on ne vs en appreciera que plus. OSEZ avouer que : a- vous n'en pouvez mais b- vous n'en voulez pas c- a & b mentionnes ci-haut

    Gaby SIOUFI

    12 h 20, le 04 décembre 2017

  • FAUT ADMETTRE UNE CHOSE , SAAD ET LA FAMILLE HARIRI NE SONT PAS INGRATS. ILS RECONNAISSENT DE FAÇON À PEINE VOILÉE QUE SI LE 1ER M EST LIBRE , SORTI DES FRIFFES DES WAHABITES SAOUDOS ET ENCORE À SON POSTE C'EST GRACE AU KHENERAL PHARE AOUN ET AU HEZB LIBANAIS RÉSISTANT ET DU CHEF DE CETTE RÉSISTANCE, H.N . BONNE NUIT LES PETITS .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 00, le 04 décembre 2017

  • "...en attendant la réaction du HEZBOLLAH..." Pourquoi...est-ce lui qui gouverne le Liban ??? Messieurs Michel AOUN et Saad HARIRI, quelles fonctions exercez-vous au juste dans notre pays ? Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 41, le 04 décembre 2017

  • IL NE LES UTILISE PAS SUR LE SOL LIBANAIS... GAFFE CETTE DECLARATION DE HARIRI QUI CHERCHE A MENAGER POUR L,INSTANT LA MILICE DES PASDARANS ! LE SPECTRE DES ARMES PESE SUR TOUS LES COMPROMIS... FAUTE DE DECISIONS... DE TOUT SON POIDS ET PARALYSE L,ETAT ET SES INSTITUTIONS ET TOUT CE QUI POURRAIT ETRE POSITIF DANS CE PAYS OTAGE DES IRANIENS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 34, le 04 décembre 2017

  • on ne cache pas les « nombreuses interrogations autour de l'engagement effectif du Hezbollah sur ce plan ». Une allusion à peine voilée à la participation du parti chiite à la guerre syrienne, en dépit de son adhésion à la déclaration de Baabda IL FAUDRAITT ÊTRE VRAIMENT NAIF OU CANDIDE POUR CROIRE AUX PROMESSES DU HEZBOLLAH QUI COMME LE RAPPELLE L'ARTICLE A RENIE SON ADHESION A LA DECLARATION DE BAABDA COMME IL A RENIEE SON ENGAGEMENT A NE PAS DÉMISSIONNER DU GOUVERNEMENT HAHARIRI A DOHA APRÈS AVOIR OBTENU LE TIERS DE BLOCAGE QUELQUES PROVERBES A CE SUJET : MENTEUR UN JOUR MENTEUR TOUJOURS CHASSEZ LE NATUREL IL REVIENT AU GALOP CELUI QUI ESSAIE LE DÉJÀ ESSAYÉ DOIT AVOIR L'ESPRIT DÉRANGÉEEE

    Henrik Yowakim

    02 h 37, le 04 décembre 2017

  • Celle-ci prévoit la distanciation du Liban, ainsi que le respect de l'accord de Taëf et la préservation des relations libano+arabes, ajoute-t-on de mêmes sources POUR LES ETHNOLOGUES LA MENTALITÉ MAGIQUE DES PEUPLES PRIMITIFS S'APPUYAIT ESSENTIELLEMENT SUR LA CROYANCE QUE LES FORMULES QUI SONT DES SONS PUREMENT SUBJECTIFS ONT EN PLUS UN POUVOIR FORTEMENT OBJECTIF ET MATÉRIEL IDEM POUR LE GOUVERNEMENT DES CHEFS DE TRIBUS LIBANAISES QUI FONT SEMBLANT DE CROIRE QUE LES FORMULES MAGIQUES COMME LA "DISTANCIATION",LE RESPECT DE L'ACCORD DE TAEF ET LA PRÉSERVATION DES RELATIONS ARABES SONT COMPATIBLES AVEC L'ENGAGEMENT DANS LA GUERRE IRAKO SYRIENNE , LA PARTICIPATION ANTITAEFIENNE DE LA MILICE DU DIABLE AU GOUVERNEMENT ET L'ENVOI DE CONSEILLERS EN BALISTIQUE A KOWEIT ,A BAHREIN OU AU YEMEN ET COMME IL SUFFISAIT A ALIBABA DE PRONONCER LA FORMULE MAGIQUE POUR QUE S'OUVRE LE SESAME SUFFIRA T IL AU GOUVERNEMENT LIBANAIS DE RÉCITER SES LITANIES SUR LA DISTANCIATION POUR QUE LES ARABES ET SURTOUT LES PAYS DU GOLFE ET L'ARABIE SAOUDITE ROUVRENT LE SÉSAME DE LEUR CONFIANCE AU LIBAN?????

    Henrik Yowakim

    02 h 29, le 04 décembre 2017

  • S'exprimant dans le cadre du Forum des dialogues de la Méditerranée, il a déclaré que « le Liban est kidnappé par un groupe terroriste qui est le Hezbollah » et que « la solution au Liban réside dans le désarmement » de ce parti. LE LIBAN OU L'ART D'ADORER SON KIDNAPPEUR , PRENEUR D'OTAGE ET MASSACREUR LE HEZBOLLAH CELA S'APPELAIT AUTREFOIS SYNDROME DE STOCKHOLM, CELA S'APPELLE AUJOURD'HUI AU LIBAN SYNDROME DU 7/5/2OO8

    Henrik Yowakim

    01 h 58, le 04 décembre 2017

  • La souveraineté d’un état se mesure par l’indépendance de ses institutions juridiques, la force et la neutralité de ses armées , la protection de ses frontières ; la probité et l’efficacité de sa police .la puissance de sa diplomatie . Il ne peux y avoir de souveraineté dans un état ou des pans entiers de territoire sont transformées en zone de non droit livrés à la merci de chefs de guerre régnant par la terreur et l’arbitraire . Au Liban cela est valable pour la banlieue sud et autres territoires régentés par le Hezb ; et, les cités palestiniennes gérés par une mosaïque de seigneurie aux multiples visages . Dans les deux cas Israël est cet épouvantail qui inspire de vaines terreurs et sert de prétexte au maintien d’un arsenal parfois supérieur à celui de l’armée libanaise. Il est notoire qu’Israël n’a aucune velléité territoriale sur le Liban et que son existence n’est plus menacée par le Hezb ou les Palestiniens ; Les seuls qui en sont Menacés sont les Libanais ; Aoun et Hariri doivent aboutir à un consensus qui pourrait rendre à l’armée le droit exclusif de disposer des armes. Toutes les nations qui se veulent souveraines on adopté ce principe d’exclusivité.

    ANDRE HALLAK

    23 h 48, le 03 décembre 2017

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