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Liban - Éducation

Les enseignants du privé une nouvelle fois en grève, aujourd’hui et demain

Le blocage est total entre les écoles et les enseignants. Le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, se veut toutefois rassurant : pas de séparation des législations, mais des ébauches de solutions.

Les enseignants des écoles privées observeront deux jours de grève et de sit-in, aujourd'hui mardi et demain mercredi, portant à cinq le nombre de jours de grève depuis le début de l'année scolaire. La mesure d'escalade a pour objectif de dénoncer la non-application de la loi liée à l'échelle des salaires dans près de 80 % des établissements privés. Elle est surtout un moyen pour les enseignants de protester contre la paralysie de la caisse des indemnités de fin de service, et d'annoncer que 720 enseignants en fin de service n'ont pas encaissé leurs indemnités, les représentants de la caisse ayant refusé de signer des chèques émis selon la loi 46. Cette nouvelle grève survient dans une période d'immobilisme liée à la démission du Premier ministre Saad Hariri et au gel de l'ensemble des dossiers chauds. Des dossiers parmi lesquels celui des enseignants du privé, qui faisait l'objet d'une médiation engagée par le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé.

 

(Pour mémoire : Hamadé s’insurge contre « une politique destructrice » visant l’Éducation)

 

Caisse des indemnités
C'est ce qu'explique à L'Orient-Le Jour le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Rodolphe Abboud, qui rappelle que le conseil de la caisse des indemnités « avait pourtant pris la décision d'indemniser les départs à la retraite conformément à la nouvelle loi ». « Dix membres avaient apposé leur signature à cette décision, y compris le secrétaire général des écoles catholiques, le père Boutros Azar. Mais ils ont changé d'avis le lendemain, déplore-t-il. Et cette situation dure depuis deux semaines. » Le syndicaliste soutient qu'il y a pourtant « urgence », que les enseignants sont « sans revenu depuis leur départ à la retraite », que « certains souffrent de cancer et de maladies nécessitant des soins importants et onéreux ». Il regrette aussi que la nouvelle loi n'ait été appliquée partiellement ou totalement que « par un maximum de 20 % des institutions privées ». « Cette loi a pourtant été adoptée. Elle est donc en vigueur », martèle-t-il. M. Abboud dénonce à ce propos « la pression » qu'exerce le Secrétariat des écoles catholiques sur les chefs des établissements privés, afin qu'ils n'appliquent pas la nouvelle échelle des salaires. « Une pression qui prend la forme de souhaits », précise-t-il, indiquant que les directeurs d'établissement doivent s'y conformer, de manière générale.

Face aux enseignants mécontents, les écoles catholiques restent fermes et ne changent pas leur discours d'un iota. « Nous maintenons notre position et réitérons notre engagement à appliquer les articles de la loi 46 qui ne sont pas conflictuels dès le mois de décembre, aussitôt après l'adoption du budget des écoles », explique à L'OLJ sœur Bassima Khoury, directrice du Collège des sœurs antonines à Roumieh, qui explique le point de vue du Secrétariat général des écoles catholiques (le père Boutros Azar n'étant pas joignable). Par articles non conflictuels, la religieuse signifie les articles évoquant « la vie chère et les augmentations de salaire ». Quant aux six articles de loi qui demeurent en suspens et qui ne seront donc pas appliqués, ils concernent « la date d'entrée en vigueur de la loi, les six échelons exceptionnels, le caractère rétroactif de l'augmentation de la vie chère et enfin comment comptabiliser l'échelle des salaires d'une part aux contractuels, et d'autre part aux retraités ».

 

(Pour mémoire : Grille des salaires : Écoles et administrations publiques en grève contre toute suspension de la loi)

 

Pas de grève, pour certains
Dans ce cadre, la directrice assure que sur une vingtaine d'établissements de la congrégation des sœurs antonines, « une bonne quinzaine ne seront pas en grève ». « Nous avons expliqué notre position aux enseignants et leur avons fait part de notre volonté d'appliquer les articles de la loi qui ne comportent aucune ambiguïté, affirme-t-elle. Nous leur avons aussi expliqué que cette loi est complexe, qu'elle comporte des détails aberrants et qu'elle entraînera des différences inéquitables entre les enseignants, d'où la nécessité qu'elle soit expliquée par un législateur. »

Le blocage demeure donc. Le ministre de l'Éducation tente aujourd'hui une nouvelle sortie de crise. « Sans éclat », comme il le confie à L'OLJ. Après avoir reçu une réponse officieuse pour le moins « floue » du département de législation et de consultation sur les zones d'ombre de la loi 46, il veut, dans un premier temps, « laisser passer la grève ». Parallèlement, Marwan Hamadé multiplie les réunions, mardi avec les institutions éducatives, mercredi avec les enseignants du privé. « Des ébauches de solutions sont déjà envisagées », promet-il, évoquant « l'étalement dans le temps des augmentations de salaire des enseignants », solution qu'il avait déjà prônée lors d'une interview dans nos colonnes, le 2 novembre. « Car il est nécessaire de reconnaître le droit des enseignants, mais aussi de considérer les difficultés financières des établissements scolaires et des parents d'élèves, dans une conjoncture économique désastreuse », souligne-t-il.

Quant à la caisse des indemnités des enseignants, le ministre estime qu'il est « nécessaire de la préserver ». Pour ce faire, il invite les parties concernées « à liquider, dans un premier temps, le droit des enseignants qui partent à la retraite, sur base de la nouvelle loi », et « à mettre en attente les dossiers liés aux prochains départs à la retraite, avec la garantie que la nouvelle loi leur sera appliquée sur base de l'étalement des charges supplémentaires ». Il semblerait de plus que la séparation de la législation des deux secteurs public et privé « ne soit plus envisagée », après quelques « concertations » avec la présidente de la commission parlementaire de l'Éducation, Bahia Hariri.
La grève des enseignants de l'école privée relancera-t-elle le dossier, une bonne fois pour toutes ?

 

 

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