La fête de Thanksgiving est toujours célébrée le dernier jeudi du mois de novembre. Une coutume familiale et un rendez-vous sacré respectés par tous les Américains. Le lendemain, la saison des fêtes de fin d'année est lancée avec sa kyrielle de cadeaux. Une frénésie portée par le Black Friday, le jour des plus grandes soldes aux États-Unis. Pas étonnant donc de voir les foules camper, dès l'aube et durant de longues heures, aux portes des magasins. Et tous, sans exception, affichent d'incroyables baisses de prix sur toutes leurs marchandises.
Cette date historique est, chaque année, l'occasion unique de faire des achats à des prix sacrifiés. Tous veulent être le premier, ou la première, à acquérir la robe tant désirée, le sofa et ses deux fauteuils convoités, les linges de maison, la télé, l'ordinateur, trop chers en temps normal. Tous les moyens sont bons pour remporter cette course aux (super) bonnes affaires. On décroche une veste sans savoir que quelqu'un est déjà agrippé à sa manche. Un couple s'installe sur un lit pour marquer son territoire en attendant le vendeur. La bousculade est telle que, souvent, il faut appeler la police pour remettre de l'ordre aussi bien au niveau des acheteurs que des embouteillages. Ce qui ne décourage pas les enragés du shopping, fidèles à cette pratique depuis plus d'un demi-siècle.
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Le noir et le rouge
Tout a commencé en 1924 lorsque, après la parade de Thanksgiving, organisée par le grand magasin Macy's, les responsables ont pu constater que le lendemain, les ventes avaient grimpé d'une manière très sensible. Les commerçants ont alors signé un gentlemen's agreement pour lancer, dès lors, la saison des soldes ce même jour. Les années suivantes, les employés se sont mis à demander des congés maladie après Thanksgiving, sous prétexte d'indigestion et autres malaises, en fait pour courir aux bonnes affaires ! Finalement, les entreprises ont décrété ce vendredi comme jour de vacances, en faisant, par la même occasion, le pont jusqu'à lundi. Et en prolongeant, ainsi, l'appétit d'acheter. Puis, un grand nombre d'enseignes se sont mises à ouvrir leurs portes dès 6 heures du matin (au lieu de 9 heures), jusqu'à 20 heures et parfois plus tard. Certains se mettent à l'œuvre le vendredi à 0 heure du matin.
Quant à l'appellation Black Friday, elle aurait deux origines. L'une viendrait de la police pour qui ce jour était noir à cause des inextricables embouteillages qu'elle devait gérer. Mais elle est surtout issue du jargon comptable d'un temps lointain où elle était retranscrite manuellement : les déficits étaient signalés en rouge et les bénéfices en noir. D'où ce vendredi noir qui, grâce aux ventes qui enflaient toujours le lendemain de Thanksgiving, permettait une belle sortie du rouge.
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« Cyber Monday » et « Giving Tuesday »
Au fil des ans, les profits ont augmenté. En 2014, malgré une importante récession qui avait débuté en 2008, les ventes ont totalisé les 50, 9 milliards de dollars. Le traditionnel Black Friday a même engendré des filiales sur la Toile, adressées aux personnes atteintes d'agoraphobie. Pour elles, un Cyber Monday a été créé. Il tombe le lundi qui suit le Black Friday. Une aubaine, car les internautes n'ont pas à jouer des coudes ou voir des articles leur passer sous le nez, mais ils risquent la déception du carré sold out (épuisé). Néanmoins, il semble qu'ici aussi les affaires soient bonnes. Selon des chiffres partagés par Adobe, les amateurs du shopping en ligne ont fait en 2015 des achats pour 4,45 milliards de dollars, principalement en matériel électronique. On s'attend à un meilleur rendement pour cette année 2017. Enfin, en 2012, un appel a été lancé pour rappeler qu'au-delà du consumérisme et de la commercialisation à outrance, la saison des fêtes est également celle des dons. Dans cet esprit, le Giving Tuesday a été institué le mardi suivant le Black Friday. L'objectif est de célébrer la générosité des bien-nantis envers ceux qui le sont moins. Plusieurs grands donateurs du monde des affaires et de la philanthropie se sont joints à ce mouvement. En donnant l'exemple, ils ont réussi à élargir le cercle.
Après avoir, selon l'expression américaine, Shop to drop (acheter jusqu'à s'écrouler), les Américains sont invités à s'impliquer, ce jour-là, dans la cause de leur choix. Ainsi, toutes les causes seront bonnes pour une semaine particulièrement chargée.
Pour mémoire