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Économie - Infrastructures

La ligne ferroviaire entre le Liban et la Syrie reportée sine die

Le Conseil du développement et de la reconstruction évoque des difficultés liées au financement du projet de ligne ferroviaire entre Tripoli et Abboudiyeh.

La gare désaffectée de Tripoli-Mina, point de départ du projet de ligne ferroviaire reliant le Liban et la Syrie. Capture d’écran du court-métrage « al-Mahattat al-taliat » (La station suivante) du réalisateur libanais Yahia al-Sadik

Annoncé en 2016 par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), le chantier pour la construction d'une ligne ferroviaire de 35 km devant relier Tripoli à Abboudiyeh, à la frontière syrienne, devait démarrer en janvier dernier. Près d'un an plus tard, le projet est quasiment au point mort. « Les travaux n'ont pas commencé et aucun nouveau calendrier n'a été fixé pour l'instant » a confirmé à L'Orient-Le Jour le président du CDR, Nabil Jisr.

Le Conseil avait pourtant donné son feu vert à ce projet le 20 juin 2016, allant jusqu'à débloquer 20 millions de dollars sur les 80 millions prévus, le reste devant être en principe financé à travers des prêts à taux préférentiels accordés par la Banque islamique de développement. « La BID a finalement fait marche arrière, notamment en raison de difficultés (techniques et administratives) concernant la construction des derniers km de voie situés sur le territoire syrien », explique M. Jisr. Il précise en outre que les 20 millions de dollars débloqués ont depuis été affectés à d'autres projets de développement dans la région, sans plus de détails.

 

Une seule voie ferrée
La nouvelle ligne ferroviaire reliant la zone portuaire de Tripoli-Mina à la frontière syrienne doit suivre le tracé de l'ancien réseau construit au début du XXe siècle et abandonné depuis. Ce projet est très attendu par les acteurs du secteur privé tripolitain, qui y voient un moyen de renforcer l'attractivité de la deuxième ville du pays après Beyrouth, notamment dans la perspective du lancement de la reconstruction de la Syrie. Le développement de ce réseau, qui pourrait potentiellement se prolonger jusqu'à Homs, si le gouvernement syrien décide de lancer les travaux de son côté, doit en outre contribuer à désengorger la circulation sur les axes routiers de la ville et développer les localités situées sur son tracé. « Les gares constituent un important vecteur de développement urbain », souligne Élias Abou Mrad, membre exécutif de l'ONG Train/Train qui a pu avoir accès à certains éléments du plan du projet auprès du CDR.

Ce dernier, dans sa version d'origine, s'articulait en cinq phases pour respectivement : construire neuf ponts ferroviaires sur le tracé – dont un pour enjamber le fleuve Nahr el-Kabir – ; adapter les intersections entre la nouvelle voie et les infrastructures routières ; construire des gares (notamment à Deir Aammar, Minié, Borj el-Arab et Tall Abbas) et réhabiliter celle de Tripoli-Mina ; poser les rails ; puis acheter locomotives et wagons. « Les 80 millions de dollars doivent en principe couvrir le financement des infrastructures pour accueillir deux voies ainsi que la construction de l'une d'entre elles uniquement », précise M. Abou Mrad. Ce budget ne prend toutefois pas en charge la construction des gares de passagers, l'achat de l'ensemble du matériel roulant ferroviaire (locomotives, train de secours, etc.) ou encore les frais d'expropriation. « C'est un montant cohérent, en comparaison avec d'autres pays du monde », juge M. Abou Mrad, regrettant toutefois que le CDR n'ait pas d'emblée intégré les coûts pour construire une seconde voie ou acheter les équipements nécessaires pour pouvoir transporter des passagers.

 

« Excuses »
À Tripoli, on s'interroge davantage sur les raisons de la suspension du projet, alors que tous les voyants semblaient au vert il y a un peu plus d'un an. « Le CDR multiplie les excuses au lieu d'expliquer clairement ce qu'il se passe. À certains, il affirme que le problème vient des Syriens qui ne veulent pas de cette ligne. Aux autres, il soutient que c'est parce que le budget initial a été sous-évalué », lâche un entrepreneur du Liban-Nord sous couvert d'anonymat.

De fait, le CDR a apporté au courant de l'année certaines modifications substantielles à son plan d'origine, ce qui a considérablement gonflé la facture, a signalé il y a une semaine le fondateur de Train/Train, Élias Maalouf, lors d'une conférence à la CCIAT consacrée à ce projet. « Le CDR veut ajouter une gare, modifier le tracé pour pouvoir relier le site de l'aéroport René Moawad à Kleyate – qui sert de base militaire mais dont la réhabilitation est fréquemment débattue – ou encore modifier certains virages, trop étroits pour les trains d'aujourd'hui », avait de son côté indiqué Élias Abou Mrad. Le surcoût de ces opérations n'a pas encore été rendu public.Mais au-delà de ces aspects techniques, c'est bien la difficulté à financer le projet qui semble être la cause principale du blocage du projet, d'après le CDR. « Nous sommes actuellement à la recherche de nouveaux investisseurs, et la réponse pourrait venir de Chine », a encore confié M. Jisr.

Une piste que confirme également le président de la Chambre de commerce de Tripoli et du Liban-Nord (CCIAT), Toufic Dabboussi. « Ce sont actuellement les investisseurs chinois qui sont les mieux placés pour relancer le projet côté libanais et même l'activer côté syrien », estime-t-il, espérant un dénouement « dans un délai d'un an ». D'autres, comme l'entrepreneur anonyme précité, maintiennent que la question reste suspendue à l'évolution de la situation politico-sécuritaire au niveau régional.

 

Pour mémoire 

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Annoncé en 2016 par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), le chantier pour la construction d'une ligne ferroviaire de 35 km devant relier Tripoli à Abboudiyeh, à la frontière syrienne, devait démarrer en janvier dernier. Près d'un an plus tard, le projet est quasiment au point mort. « Les travaux n'ont pas commencé et aucun nouveau calendrier n'a été fixé pour...

commentaires (4)

Le projet pourrait peut-etre mieux se limiter à une ligne ferroviaire entre le port de Tripoli et l'aéroport René Moawad à Kleyate pourvu qu'on installe un terminal pour camions et autobus à Kleyate. Je trouve que c'est une bonne idée surtout que pour une grande partie on pourrait réactiver l'ancienne ligne de trains - sans aller jusqu'à Abboudiyeh en Syrie. En tous cas il me semble personnelement que c'est un projet réaliste et intéressant.

Stes David

11 h 15, le 22 novembre 2017

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Commentaires (4)

  • Le projet pourrait peut-etre mieux se limiter à une ligne ferroviaire entre le port de Tripoli et l'aéroport René Moawad à Kleyate pourvu qu'on installe un terminal pour camions et autobus à Kleyate. Je trouve que c'est une bonne idée surtout que pour une grande partie on pourrait réactiver l'ancienne ligne de trains - sans aller jusqu'à Abboudiyeh en Syrie. En tous cas il me semble personnelement que c'est un projet réaliste et intéressant.

    Stes David

    11 h 15, le 22 novembre 2017

  • "...à désengorger la circulation sur les axes routiers de la ville" : Tripoli a bien besoin de cela. En fait , je pense que la route Tripoli - Halba c'est un bouchon de circulation permanent. Donc en principe c'est une bonne idée.

    Stes David

    10 h 31, le 21 novembre 2017

  • j'admet que des ministres se lancent a proposer des projets IRREALISABLES , pour montrer du zele. C universel. Mais que le CDR ait lui propose un tel projet- IMPOSSIBLE- DEMENTIEL, C a se demander ! le CDR >>>> ????

    Gaby SIOUFI

    10 h 00, le 21 novembre 2017

  • Quelle surprise ! encore un monstre du Loch Ness ! déjà il y a d'autres priorités qui ne sont pas exécuté alors celle là ?

    yves kerlidou

    08 h 49, le 21 novembre 2017

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