Évoqué depuis plus d'une décennie, le projet de ligne de chemin de fer entre le Liban et la Syrie a enfin dépassé le stade d'avant-projet et devrait démarrer dans quelques mois.
Annoncée la semaine dernière sur la chaîne locale MTV par l'ingénieur au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) chargé de suivre ce chantier, Élie Hélou, l'information a été confirmée par plusieurs sources concordantes, dont le président de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Tripoli et du Liban-Nord (CCIAT), Toufic Dabbousi. « Le CDR a débloqué les fonds pour financer la première étape du projet de ligne ferroviaire reliant Tripoli à Abboudiyeh – à la frontière syrienne – et prépare un appel d'offres en vue de pouvoir démarrer les travaux dès début 2017 », a déclaré M. Dabbousi à L'Orient-Le Jour. La nouvelle ligne partira du site qui accueillait l'ancienne gare de Tripoli dans la zone portuaire de Mina, abandonnée au début de la guerre civile après avoir assuré la liaison Beyrouth-Homs pendant 30 ans environ.
« Le CDR a pris sa décision le 20 juin (n° 422/2016) et a avancé 20 millions de dollars – avec l'accord du Conseil des ministres – pour financer la première phase du projet, qui en compte cinq », confirme une source anonyme proche du dossier. « Cette première phase prévoit la construction de 9 ponts ferroviaires sur les 35 kilomètres environ qui composent le tracé de la ligne de chemin de fer. Une opération qui va absorber 24 millions de dollars sur les plus de 80 millions nécessaires pour financer les 5 phases du projet », poursuit-elle.
La seconde étape révélée par le CDR doit se focaliser sur la construction de ponts routiers sur les intersections entre la ligne ferroviaire et les autres voies de circulation. La construction de nouvelles gares ferroviaires sur le tracé du réseau – qui doit en principe desservir les localités de Deir Aamar, de Minié, de Borj el-Arab et de Tall Abbas –, la pose des rails et l'achat des véhicules sont répartis sur les trois dernières phases.
Communication minimale
Les travaux devraient durer cinq ans selon le CDR, un délai « qui pourrait être ramené à trois ans dans le meilleur des cas », espère de son côté M. Dabbousi. Mais, de fait, il n'existe pour l'instant « aucun calendrier d'exécution des travaux, ni budget détaillé pour les quatre phases suivantes », explique pour sa part Joanna Malkoun, architecte membre de l'association Train/Train, qui milite pour la réhabilitation de ce moyen de locomotion au Liban. « La communication du CDR sur ce projet se limite au strict minimum », constate-t-elle. De son côté, M. Hélou n'était pas disponible pour répondre aux questions de L'Orient-Le Jour.
Si le lancement de la première phase du projet semble acquis, plusieurs obstacles peuvent encore retarder la construction de la ligne ferroviaire, et donc sa mise en service. Tout d'abord, les modalités de financement de plus de 60 millions de dollars encore nécessaires pour compléter l'enveloppe totale du projet ne sont pas fixées. « Le CDR négocie actuellement avec la Banque islamique de développement (BID) afin de trouver la meilleure formule – qui pourrait prendre la forme d'un prêt à taux préférentiel », confie la source précitée.
Par ailleurs, « le gouvernement et la BID ont proposé à la Banque mondiale (BM) de devenir partenaire sur ce projet, mais la direction du groupe n'a pas encore décidé si elle accepterait d'intégrer ce partenariat, ni quelle serait la nature de sa contribution – assistance technique ou participation financière », indique Ziad Nakat, expert en transports à la BM. « La BM étudie actuellement le dossier et pourrait donner sa réponse dans les prochaines semaines », ajoute-t-il. Contactée par L'Orient-Le Jour, la BID s'est contentée de déclarer « qu'il revient au CDR de s'exprimer sur le sujet ».
Naturellement, le principal obstacle qui se dresse face à la réalisation de ce projet reste la situation sécuritaire en Syrie, en proie à un conflit qui dure depuis 2011. D'autant qu'aucun élément concret ne permet d'espérer une stabilisation à court et moyen terme. « Une inconnue qui explique sans doute la prudence du CDR dans sa communication », analyse encore la source précitée, tout en relevant « que ce dernier a malgré tout pris le parti de programmer le début des travaux ».
Cependant, l'ensemble des interlocuteurs interrogés conviennent que l'exploitation de cette ligne ferroviaire à son plein potentiel suppose son prolongement côté syrien. « Les retombées économiques ne seront significatives que si la reconstruction du pays est amorcée », tranche M. Nakat. « La paix est d'autant plus nécessaire que la ligne ferroviaire ne sera réellement utile que si elle est prolongée, côté syrien, jusqu'à Homs, par exemple (qui se situe à 98 km environ de Tripoli) », rebondit Mme Malkoun. « Il n'y a encore rien de concret à signaler à ce niveau », insiste néanmoins M. Nakat.
Annoncée la semaine dernière sur la chaîne locale MTV par l'ingénieur au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) chargé de suivre ce chantier, Élie Hélou, l'information a été...
commentaires (7)
Ah le bon vieux temps du chemin de fer entre Beyrouth, Aley, Bhamdoun, Sofar, et Zahle. Pourquoi ne pas reactiver nette voie a des fins touristiques d'abord puis commerciales?
IMB a SPO
16 h 43, le 11 septembre 2016