Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri, à la sortie de son entretien avec le président français Emmnauel Macron, au palais de l'Elysée, à Paris, le 18 novembre 2017. AFP / BERTRAND GUAY
Les grands titres de la presse libanaise et arabe sont largement revenus dimanche sur les déclarations du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri qui a annoncé samedi depuis le palais de l'Elysée qu'il reviendrait au Liban pour la fête de l'Indépendance, prévue mercredi prochain, et qu'il précisera à ce moment-là, après un entretien avec le président Michel Aoun, ses intentions.
"Coup de maître"
"Hariri, de Paris à Beyrouth : Pour un compromis n°2 et Bassil boycotte la réunion du Caire", titre le quotidien de référence An-Nahar sur son site internet.
Selon des personnes lui ayant rendu visite à Paris, où il est arrivé samedi tôt le matin, M. Hariri a dit que "les derniers développements ont prouvé que la sécurité du Liban et sa stabilité sont une ligne rouge". "La prochaine étape est celle de l'option de la modification du compromis", a-t-il ajouté, toujours selon ses visiteurs, en référence à l'accord politique qui a permis à M. Aoun d'accéder à la présidence de la République et à M. Hariri à la présidence du gouvernement.
Samedi soir, des sources indiquaient que le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, pourrait ne pas assister à une réunion de la Ligue arabe, prévue dans la journée au Caire, apprend-on samedi de source autorisée. Le ministre, explique-t-on, souhaite éviter un affrontement avec l'Arabie saoudite et ses alliés arabes à propos du rôle du Hezbollah dans la région. L'Arabie saoudite cherche à limiter l'influence du Hezbollah, qui compte plusieurs ministres au gouvernement libanais et qui est un allié du président libanais Michel Aoun.
Dans deux autres articles, le journal libanais salue le "coup de maître" diplomatique de la France et indique que le 8 Mars attend le "vrai retour" au Liban du chef du gouvernement démissionnaire. Pour rappel, M. Hariri est venu en France à l'invitation du président français Emmanuel Macron.
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Les regards tournés vers la suite
De son côté, le quotidien Ad-Diyar titre : "La France et l'Arabie proposent un compromis mais la crise va durer et la distanciation semble impossible", évoquant un troc impossible entre les dossiers du Liban et du Yémen.
L'Arabie saoudite et l'Iran s'affrontent aussi bien au Liban, qu'en Syrie, au Bahreïn et au Yémen.
Le journal panarabe à capitaux saoudiens, al-Hayat, indique pour sa part que "Hariri déposera sa démission à Aoun" et que "la formation d'un nouveau gouvernement est tributaire de l'accord" entre toutes les parties.
L'autre quotidien panarabe saoudien, Al-Charq al-Awsat, explique que Saad Hariri pourrait revenir sur sa démission si les conditions ayant conduit à cette décision venaient à changer, selon une source proche du Premier ministre, évoquant l'action du Hezbollah au Liban et dans la région.
Le journal koweïtien As-Siyassa indique, lui, que les formations politiques alliées du parti chiite composant le 8 Mars auront la même position, à savoir que le prochain gouvernement devra comporter des représentants du Hezbollah.
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commentaires (4)
Analysez autant que vous voulez! C’est simple, si aucun des 2 ennemis dans la lutte d’influence sunnite-chiite n’arrive à mettre un peu d’eau dans son vin (bien qu’ils prétendent ne pas en boire) ou de faire quelques compromis, c’est la catastrophe garantie pour le Liban... Or, connaissant l’entêtement exemplaire des 2 protagonistes, on a peur d’être arrivés à un point de non retour! Seul un sursaut populaire et nationaliste trans-communautaire, telle la révolution du cèdre avec millions dans les rues montrant leur ras-le-bol pourrait peut-être changer quelque chose!
Saliba Nouhad
22 h 58, le 19 novembre 2017