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Culture - Théâtre

Que d’Agamemnon, Ménélas et Achille sur le bûcher des vanités...

Adaptée de trois tragédies grecques et mise en scène par Roger Assaf, « La guerre de Troie » se poursuit au Tournesol.

Photo Marwan Tahtah

Quel nouvel éclairage, quelle nouvelle interprétation pourraient apporter une énième adaptation de trois tragédies grecques, Iphigénie et Les Troyennes d'Euripide et Agamemnon d'Eschyle? Pourtant, ces trois textes ont inspiré Roger Assaf et l'ont poussé à faire un condensé en écrivant sa propre guerre de Troie. En réunissant des comédiens disparates qui avaient travaillé avec lui sur un projet présenté l'an dernier, King Lear, l'homme de théâtre a revisité de nouveau le passé pour réinstaller l'action dans l'actuel. Par ce fameux geste emprunté au passé – trois coups frappés avec le brigadier sur le plancher de la scène, juste avant le début de la représentation, pour attirer l'attention du public –, Roger Assaf rappelle cette tradition qui a tendance à disparaître. Le rideau n'existant plus, de nouveaux rapports scène-salle se sont installés, dit-il avant de s'effacer devant la représentation. Laquelle est une sorte de projection dans le passé et un retour au présent.

 

Atemporalité
La guerre de Troie est le paradigme des guerres de tous les temps. Au-delà de la dimension mythique d'une légende connue de tous, la pièce dépeint l'horrible réalité de tous les conflits qui ont traversé le temps. Trois millénaires plus tard, La guerre de Troie reste un modèle, une référence atemporelle de toutes les barbaries, du désir de suprématie d'un peuple sur un autre et de la soif de violence de l'homme. Tout commence pourtant par un simple incident. Là, il s'agit de l'enlèvement d'Hélène. Incident amoureux, puisque Hélène est aimée de Paris ? Ou simple prétexte à un conflit voulu par les dirigeants politiques, Agamemnon et Ménélas ?

Roger Assaf a réussi, sur un ton sarcastique, noir et sordide, à moquer l'acte de guerre et les hommes qui en sont ses marionnettes. Il évoque dans un dialogue fin et précis la xénophobie et le nationalisme fanatique qui nourrissent le conflit en parodiant les discours vindicatifs, mais creux, et les gestes belliqueux de la foule. Marielise Aad, Sany Abdel Baki, Fatima al-Ahmad, Abdelrahim al-Awji, Bshara Atallah, Hadi Deaibess, Ahmad Ghazal, Nazha Harb, Bassel Madi, Dana Mikhael, Souha Nader et Joseph Zaitouny composent une troupe d'acteurs et d'actrices bien soudés qui, sans effets spéciaux et par leur simple interprétation dynamique, traduisent la violence et les tueries, ainsi que la destruction de villes et le massacre d'innocents. Pour inscrire plus l'action dans l'air du temps, l'auteur et metteur en scène a utilisé des objets contemporains et très modernes. En guise de chars tirés par les chevaux, des chariots de supermarché véhiculent les comédiens. Le choix de leur emploi met l'accent sur l'aspect mercantile des conflits qui, après tout, ne sont qu'une affaire de gros sous. Et lorsque les soldats essayent de tirer à l'arc, le spectateur entend des coups de feu. Tout ceci pour dire et redire, à sa manière, que l'histoire ne fait que se répéter et que l'homme n'apprendra jamais de son passé, puisque c'est lui-même qui est l'instrument de cette répétition. Sur les planches, il ne s'agit plus d'Agamemnon, d'Achille ou de Hector, mais de tous ces dirigeants du monde qui orchestrent à leur manière des guerres et se servent de leurs populations comme chair à canon.

Théâtre Tournesol
Rond-point Tayouneh.
Ce soir, ainsi que le samedi 18 et le dimanche 19 novembre, à 20h30.

 

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