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Liban - Conférence

À la Fondation May Chidiac, les temps troubles du journalisme...

La sixième édition de la conférence des Esprits libres connectés (organisée par la FMC) a eu lieu mercredi à l'hôtel Phoenicia.

Les invités officiels de la FMC autour de May Chidiac.

Un mois après sa cérémonie annuelle de remise des prix médias, la Fondation May Chidiac, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert et sous le patronage du vice-Premier ministre Ghassan Hasbani, a accueilli à l'hôtel Phoenicia des invités internationaux, dont Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, pour la sixième édition de sa conférence annuelle des Esprits libres connectés (Free Connected Minds) organisée dans le sillage d'une année « aussi sombre qu'intense », comme l'a fait remarquer May Chidiac lors de son discours d'introduction.
Rappelant que 2017 a été bouleversée par de nombreux événements qui ont touché le monde sur les plans politique, économique et socia, elle a évoqué les attaques terroristes qui n'ont presque épargné aucun horizon, les menaces du président nord-coréen Kim Jong-un, mais aussi les catastrophes naturelles comme l'ouragan Irma. Pour elle, tous ces bouleversements, notamment la montée de l'extrémisme, ont un impact important sur les médias comme sur la technologie, et si les premiers ont un rôle à jouer pour « dénoncer les organisations terroristes comme Daech » (groupe État islamique), ils peuvent également être victimes de l'actualité, comme l'ont montré certains événements, notamment le meurtre de la journaliste maltaise Daphne Galizia, qui enquêtait sur des affaires de corruption.
Abondant dans le même sens, Achim Vogt, représentant de la Fondation Friedrich Ebert au Liban, s'est dit effrayé par la régression de la démocratie « dont il nous faut urgemment rétablir les valeurs perdues ». Rappelant ensuite que la journée du jeudi 9 novembre marquait le 28e anniversaire de la chute du mur de Berlin, il a espéré « qu'à l'avenir, nous ayons un monde sans mur ». Le ministre Hasbani prendra également la parole pour saluer l'action de May Chidiac, ainsi que son courage et sa détermination.
Lors des débats qui ont suivi et qui touchaient autant la démocratie que le journalisme, Miguel Angel Moratinos a longuement évoqué son expérience diplomatique, soulignant que « la voie de la paix nécessite plus de courage que la voie de la guerre ». Si la diplomatie est pour lui un exercice compliqué, il a insisté à maintes reprises sur le fait que « la violence ne résout rien », reprochant notamment au président américain Donald Trump les frappes effectuées en Syrie. Il s'est également exprimé sur la situation du Liban, estimant que le pays « a un rôle à jouer pour que le Moyen-Orient reprenne son destin en main ».
A ensuite suivi le premier panel portant sur la question des modèles émergents de leadership dans l'ère de la postglobalisation. Ce débat se basait sur le constat que l'effet du populisme, la montée de l'autoritarisme et de la pensée impérialiste dans plusieurs pays plongeait le destin de la démocratie dans un monde sans dirigeants et hyperconnecté, où l'intérêt des communautés, des religions, des entités économiques, des ethnies est devenu plus important que l'État-nation. Frédéric Charillon, professeur à Sciences Po Paris, insiste dans ce cadre sur le rôle que devraient prendre les jeunes et les femmes dans la construction d'une démocratie « voulue et non pas imposée ». Marwan Muashar, ancien ministre de Jordanie et vice-président de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, estime de son côté qu'il n'est pas possible de « garder un pouvoir absolu sans le partager ». « Si les États ne développent pas un sens de la citoyenneté, le pire est à venir », commente-t-il.

Entre menace et demande d'innovation
Changement de décor et de ton avec le deuxième panel portant sur le nouveau visage du business international. Luigi Gambardella, président de China-EU en Italie, Emre Gurkan, PDG de Touch en Turquie, Leila Serhan, directrice générale régionale de Microsoft au Liban et Fouad Zmokhol, président du Rassemblement des chefs d'entreprise libanais dans le monde, ont ainsi débattu de la manière dont devaient fonctionner les entreprises pour s'adapter à la croissance rapide du commerce électronique. Les participants ont notamment insisté sur le fait que si tout se modifie de plus en plus vite, le Liban reste un pays « expert en communication et en connexion ». Ils ont rappelé que « l'innovation d'aujourd'hui est la tradition de demain ».
La discussion suivante portait sur le lien entre les médias et le terrorisme, et plus particulièrement sur les manières de combattre l'extrémisme dans un monde hautement radicalisé. C'est Ali Jaber, directeur de la chaîne MBC, qui a pris la parole. Son discours a en grande partie porté sur la jeunesse que « nous avons besoin d'éduquer », dit-il.
La journée s'est achevée autour d'une discussion sur l'état de la liberté d'expression dans le monde, et notamment de son déclin. Ce panel réunissait Sofia Amara, reporter franco-marocaine, Baker Atyani, chef du bureau Asie pour les Nouvelles arabes en Jordanie, Jes Aznar, journaliste indépendant aux États-Unis, et Pierre Haski, journaliste français et président de Reporters sans frontières.
La conférence FCM est née en 2012. Elle vise à explorer un nouvel ensemble d'idées liées, mais non limitées, à des débats interactifs efficaces autour de la communication et de la connectivité. Ces débats visent à influencer la réflexion collective en plus du développement et de l'avancement de la notion toujours importante de liberté d'expression.

Un mois après sa cérémonie annuelle de remise des prix médias, la Fondation May Chidiac, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert et sous le patronage du vice-Premier ministre Ghassan Hasbani, a accueilli à l'hôtel Phoenicia des invités internationaux, dont Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, pour la sixième édition de sa conférence...

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