Bienheureux sont ceux dont l'âge et l'expérience finissent par donner assez de maturité et de sagesse pour zapper une jeunesse bouillonne et brouillonne. Fallait creuser profond aux dernières élections de l'Université Saint-Joseph pour dégager ne serait-ce qu'une pensée, un frémissement d'idée, sur l'organisation de la vie estudiantine, les programmes académiques, l'insertion professionnelle...
En revanche, une belle ambiance délétère qui dégorgeait la poisse ! Et nous ramène aux époques reculées où l'homme de Cromagnon battait sa femme, se grattait le fion et mangeait sans changer de main. Dans quel cloaque sommes-nous donc tombés pour qu'à chaque scrutin universitaire, au détour d'une assemblée d'étudiants ou à l'abri d'un préau, on trébuche sur un ahuri qui dégaine sa religion comme un exhibitionniste déballerait ses glandes. Pour aller voter, faudra maintenant savoir à l'avance si le candidat s'oppose à la gesticulation du Hezbollah en faisant le signe de la croix, ou s'il veut récupérer les fermes de Chebaa en psalmodiant des versets du Coran.
Tant qu'à faire, on pourra modifier les cursus en supprimant toutes les inepties conventionnelles. On voit d'ici les sujets d'examens : un village déguste une bordée de 12 missiles tirés par un milicien qui schlingue des pieds. Combien de temps devra-t-il pleuvoir avant que le village ne sente la rosée du matin ?
Et puis l'on apprendra aux étudiants les moulins à vent de la politique : comment câliner et masser les investisseurs tout en laissant un demi-million de fonctionnaires se goinfrer dans les caisses de l'État ; transformer le Liban en boxon, pour ensuite s'en aller pleurnicher dans le giron de l'ONU à chaque fois que des responsables exotiques du voisinage twittent des âneries connectées ; enfin, comment tirer la gueule et vociférer dans les meetings, question de bien montrer à la piétaille qu'on est détenteur d'un pouvoir discrétionnaire même si l'on est élu une fois en passant à chaque mort de pape.
C'est bon de jouer les aigles quand on vole avec des dindons...
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
L'Université Saint-Joseph est saine et ne devra plus permettre aux malsains de jouer le jeu de la religion , sinon que chacun adore son Dieu dans son Université .
Antoine Sabbagha
21 h 15, le 03 novembre 2017