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À La Une - Irak

Ultimatum pour le retrait des peshmergas de Kirkouk, Washington veut calmer le jeu

Si "l'autre partie commet l'erreur d'avancer, nous leur donnerons une leçon qu'ils n'oublieront pas de sitôt", prévient un dirigeant militaire kurde. 

Des troupes kurdes tiennent une position sur un pont, aux abords sud de Kirkouk, face aux troupes du gouvernement irakien, le 14 octobre 2017. Photo AFP / AHMAD AL-RUBAYE

Forces irakiennes et kurdes se faisaient face à la lisière de la ville de Kirkouk samedi, dernier jour donné par Bagdad aux peshmergas pour se retirer des zones prises il y a trois ans, tandis que Washington tentait de calmer les tensions.

Les blindés des forces irakiennes surmontés du drapeau national étaient postés à la mi-journée aux abords d'une rivière bordant le sud la ville de Kirkouk, a constaté un photographe de l'AFP.
De l'autre côté du cours d'eau, les peshmergas étaient visibles, derrière des remblais de terre et des blocs de béton sur lesquels le drapeau kurde avait été peint.

"Nos forces ne sont pas en mouvement et attendent désormais les ordres de l'état-major", a indiqué à l'AFP un officier irakien, sous le couvert de l'anonymat.

Un responsable kurde a indiqué à l'AFP que les forces irakiennes avaient lancé un ultimatum aux peshmergas. "Le temps imparti aux peshmergas pour revenir à leurs positions d'avant le 9 juin 2014 et remettre ces bases aux forces gouvernementales s'achèvera dans la nuit" de samedi à dimanche, a-t-il affirmé sous le couvert de l'anonymat.

A quelques heures de la fin de cette échéance, Kamal Kirkouki, commandant du front ouest de Kirkouk au sein des peshmergas, a affirmé que les combattants kurdes avaient "pris toutes les dispositions nécessaires". Si "l'autre partie commet l'erreur d'avancer, nous leur donnerons une leçon qu'ils n'oublieront pas de sitôt".
Alors qu'Erbil a mis en "état d'alerte" des "milliers de peshmergas", M. Kirkouki a affirmé que ses troupes ne "reculeront pas d'un mètre" et étaient "prêtes à l'affrontement".

Pourtant, vendredi, les forces irakiennes ont repris sans combat des positions où les combattants kurdes s'étaient installés dans le chaos créé par la percée fulgurante des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en juin 2014.

L'avancée, au-delà des villages de Taza Khormatou et de Bachir, à une dizaine de km au sud de Kirkouk, des colonnes de chars et de blindés des forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes s'est faite alors que les peshmergas s'étaient retirés dans la nuit.

 

(Lire aussi : Dans la ville disputée de Kirkouk, l'inquiétude des Arabes et Turkmènes)

 

Infrastructures pétrolières
Dans cette zone au sud de la capitale provinciale se trouvent de nombreuses infrastructures pétrolières.
Selon Erbil, les forces de Bagdad "veulent s'emparer des champs pétroliers, d'un aéroport et d'une base militaire".

Les autorités centrales étaient en charge des champs pétroliers de Kirkouk jusqu'à ce qu'en 2008, les Kurdes prennent le contrôle de celui de Khormala. Et en 2014, ceux de Havana et Bay Hassan.
Ces trois champs pétroliers fournissent 250.000 barils de pétrole par jour sur les 600.000 b/j qu'exporte le Kurdistan contre l'avis de Bagdad.

Les forces irakiennes sont "chargées de se redéployer sur les positions qu'elles occupaient avant le 9 juin 2014", et cela, "sur ordre de l'état-major", a indiqué Ahmed al-Assadi, porte-parole des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, une coalition alliée de Bagdad et formée en 2014 pour contrer la progression de l'EI.
C'est déjà dans la province de Kirkouk que les tensions s'étaient concentrées le 25 septembre, jour du référendum d'indépendance kurde. Celui-ci avait été organisé par le gouverneur de Kirkouk, malgré l'opposition de Bagdad.

 

(Lire aussi : « Nous nous méfions plus des peshmergas que de l’État islamique »)

 

'Calmer les choses' 
Une source proche du Premier ministre Haider al-Abadi a d'ailleurs indiqué samedi à l'AFP qu'"aucun dialogue (avec les Kurdes) ne sera mené tant que les résultats du référendum ne sont pas annulés".

D'Erbil, comme de Bagdad, des appels au dialogue sont régulièrement lancés, mais les deux parties se renvoient la responsabilité d'avoir fermé la porte aux discussions.
A l'approche de la fin de l'échéance lancée par Bagdad, les Etats-Unis, qui ont des troupes déployées aussi bien aux côtés de l'armée irakienne que des peshmergas, ont dit essayer de "calmer les choses" et de voir comment ils peuvent "aller de l'avant sans perdre l'ennemi de vue", en référence à l'EI.

Si les forces massées dans la province de Kirkouk ne se sont pas affrontées jusqu'alors, des incidents ont eu lieu ailleurs dans le pays.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des échanges de tirs ont eu lieu à Touz Khormatou, dans la province voisine de Salaheddine, entre des membres du Hachd al-Chaabi et des peshmergas, a rapporté la municipalité, faisant "cinq blessés".

Par ailleurs, à Hilla, au sud de Bagdad, une explosion a visé le siège et une antenne d'une compagnie de téléphonie mobile kurde, tandis que trois employés ont été brièvement enlevés, a indiqué une source policière.

 

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Les blindés des forces irakiennes surmontés du drapeau national étaient postés à la mi-journée aux abords d'une rivière bordant le sud la ville de...

commentaires (2)

Le Kurdistan est une réalité, c'est une évidence. Cette réalité va devenir officielle dans les mois à venir, un ou deux ans tout au plus. Les gesticulations peuvent être violentes, très violentes ou simplement passagères voir éphémères....peu importe. Et les kurdes seront de bons voisins aux peuples de la région. Ce qui est extrêmement choquant c'est l'attitude hypocrite et malsaine de la Turquie, mais faut-il s'en étonner ...venant d'un pays négationniste et génocidaire ?. Depuis 1974 la Turquie a envahi le Chypre et depuis, ne cesse de casser les pieds du monde entier pour imposer une république à quelques 200 000 turcs arrivés sur cette île .... Alors que cette même Turquie persécute quelques 20 millions de kurdes (en Tuquie actuelle) et leur promet l'enfer pour les en empêcher d'accéder à ce qui relève de leur droit sacré, une patrie sur leur terre millénaire,.... Et pire, elle se solidarise avec le pouvoir central en Irak pour empêcher aux kurdes de la région autonome d'Irak, d'accéder à l'indépendance. On voit bien le cynisme de ce pays ...

Sarkis Serge Tateossian

01 h 03, le 15 octobre 2017

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Commentaires (2)

  • Le Kurdistan est une réalité, c'est une évidence. Cette réalité va devenir officielle dans les mois à venir, un ou deux ans tout au plus. Les gesticulations peuvent être violentes, très violentes ou simplement passagères voir éphémères....peu importe. Et les kurdes seront de bons voisins aux peuples de la région. Ce qui est extrêmement choquant c'est l'attitude hypocrite et malsaine de la Turquie, mais faut-il s'en étonner ...venant d'un pays négationniste et génocidaire ?. Depuis 1974 la Turquie a envahi le Chypre et depuis, ne cesse de casser les pieds du monde entier pour imposer une république à quelques 200 000 turcs arrivés sur cette île .... Alors que cette même Turquie persécute quelques 20 millions de kurdes (en Tuquie actuelle) et leur promet l'enfer pour les en empêcher d'accéder à ce qui relève de leur droit sacré, une patrie sur leur terre millénaire,.... Et pire, elle se solidarise avec le pouvoir central en Irak pour empêcher aux kurdes de la région autonome d'Irak, d'accéder à l'indépendance. On voit bien le cynisme de ce pays ...

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 03, le 15 octobre 2017

  • FLECHIR LES KURDES EST UN BUT IMPOSSIBLE ! LES MENACES DE ABADI EST UNE CONVICTION POUR LES KURDES DE CHERCHER LEUR INDEPENDANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 33, le 14 octobre 2017

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