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Incultures

Cela ne saute pas aux yeux, mais Donald Trump a bien fait des études : après un bref passage à l'Académie militaire, il a même décroché un diplôme de commerce à l'Université de Pennsylvanie. Mais quel diplôme pourrait-il combler l'effroyable manque d'éducation d'un homme qui, fort de sa puissance financière et médiatique, se vantait d'imposer impunément aux femmes de grossiers attouchements ? La seule science que maîtrise le chef de la première puissance mondiale est celle de la promotion immobilière, encore que tout son savoir-faire ne lui a pas épargné une belle collection de procès. Quant à la culture du personnage, elle paraît se limiter au tatillon bichonnage, à l'aide de force gels, pommades et séchoirs, de l'extravagante houppe qui lui garnit le front.

Éducation, science, culture : ce sont précisément là les trois terrains d'action – et même les raisons d'être – de cette inestimable organisation onusienne, l'Unesco. Armée de ces seuls instruments, elle a pour mission de resserrer la collaboration entre les nations et d'assurer le respect universel des libertés fondamentales sans discriminations de toute sorte. C'est cette Unesco que vient de déserter avec fracas l'Amérique de Donald Trump, bientôt suivie par l'État hébreu. Tous deux l'accusent d'être hostile de longue date à Israël, le dernier de ses méfaits étant sa toute récente décision d'inclure dans le patrimoine culturel mondial la ville d'Hébron abritant les tombeaux d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et dont il est bien précisé qu'elle est située en Palestine occupée. Les propriétés des autochtones sont actuellement menacées de destruction ou de dégradation, avertit l'Unesco, même si elle s'abstient de dénoncer explicitement la colonisation juive effrénée dont Hébron est l'objet. Gros blasphème tout de même que celui-là, les Palestiniens n'ayant apparemment droit, en matière de sollicitude internationale, à guère davantage que les boîtes de lait en poudre et de sardines distribuées par l'agence onusienne pour le secours aux réfugiés, l'Unrwa.

Toujours est-il qu'à l'heure où l'Unesco se dote d'un nouveau directeur général, son budget, déjà serré, se trouve réduit presque du quart, proportion qu'assumait, bien que par à-coups seulement, Washington. Un pied hors de l'OTAN, les deux hors du traité de lutte contre le réchauffement de la planète, Donald Trump se refusait, hier encore, à certifier l'accord sur le nucléaire iranien négocié par son prédécesseur. Parlant de culture, il ne connaît d'autre, en définitive, que celle de l'outrance dans l'injustice et de l'égoïste repli sur soi-même.

Mais pour l'Iran conquérant, de quel repli pourrait-il être question ? Et pour s'en tenir une fois de plus à la culture, sujet et objet de ces lignes, c'est à une édifiante démonstration d'intolérance, de fanatisme, de déni des libertés, en un mot de fascisme, que lesdits disciples beyrouthins de Téhéran viennent de se livrer en plein campus. Sous prétexte de faire barrage à toute normalisation avec Israël (???), les trublions ont ainsi troublé une conférence-débat que devait tenir, à l'initiative de l'Université pour Tous, le cinéaste Ziad Doueiri, réalisateur du film L'Insulte. Bourrage de crâne contre ouverture d'esprit, vociférations contre échanges d'idées, trop inégale était la partie.

Pour tous vraiment, l'université ?

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Cela ne saute pas aux yeux, mais Donald Trump a bien fait des études : après un bref passage à l'Académie militaire, il a même décroché un diplôme de commerce à l'Université de Pennsylvanie. Mais quel diplôme pourrait-il combler l'effroyable manque d'éducation d'un homme qui, fort de sa puissance financière et médiatique, se vantait d'imposer impunément aux femmes de grossiers...