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Économie - Conjoncture

L’instabilité régionale continue de ternir les perspectives de croissance au Liban

La Banque mondiale s'inquiète des répercussions « néfastes » des opérations d'échanges de titres menées par la Banque du Liban.

Camp de réfugiés syriens à Ersal. Maya Hautefeuille/AFP

L'instabilité grandissante dans les pays de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) a un impact considérable sur les perspectives de croissance, les performances étant inférieures de moitié à leurs niveaux d'avant 2011, a souligné hier la Banque mondiale (BM) dans son dernier bulletin trimestriel d'information économique de la région, intitulé « Crise des réfugiés dans la région MENA, relever le défi du développement ». « Les perspectives à court terme de redressement économique dépendent de plusieurs facteurs, parmi lesquels les incertitudes résultant des conflits prolongés dans la région et de l'afflux de personnes déplacées de force », a ainsi déclaré Lili Mottaghi, économiste à la BM et auteure principale du rapport.

Vers la fin 2016, la BM dénombrait plus de 5,4 millions de réfugiés syriens enregistrés, dont 75 % étaient concentrés au Liban et en Jordanie. Le rapport souligne l'impact de cet afflux massif des réfugiés sur les pays d'accueil, qui a exacerbé les problèmes de développement auxquels ces communautés étaient déjà confrontées. Constatant la difficulté pour ces pays de s'attaquer au problème du chômage des jeunes et de répondre aux besoins des personnes déplacées, le rapport conseille aux pays de la région d'adopter « la bonne combinaison de politiques pour se développer plus rapidement, y compris des réformes visant à diversifier les économies et renforcer l'environnement des affaires dans le but de renforcer le potentiel du secteur privé ».

 

(Pour mémoire : La Banque mondiale anticipe une hausse des remises des expatriés vers le Liban en 2017)

 

Perspectives sombres
Mais, en dépit d'un ralentissement de la croissance en 2017 de l'ordre de 2,1 %, les perspectives économiques dans la zone MENA devraient s'améliorer en 2018 et 2019, et permettre une croissance régionale dépassant 3 %. La BM estime que les exportateurs et importateurs de pétrole de la région tireront tous profit d'une amélioration constante de la croissance mondiale ; de l'augmentation des échanges avec l'Europe et l'Asie ; d'une plus grande stabilité des marchés de produits de base – particulièrement du pétrole ; et des réformes entreprises dans certains pays de la région.

S'agissant plus particulièrement du pays du Cèdre, la BM considère que « les perspectives économiques à moyen terme du Liban demeurent sombres ». Pour 2017, le taux de croissance du PIB réel devrait être de 2 % comme en 2016, et se situera à 2,5 % en 2018, « en raison de l'augmentation prévue des dépenses (publiques et privées) motivées par les prochaines élections législatives prévues en mai ». Ces perspectives se basent sur l'hypothèse d'une poursuite de la guerre en Syrie dont les répercussions au Liban, bien que significatives, restent maîtrisées, ainsi que sur une seconde hypothèse, misant sur l'absence d'une mise en place de réformes par le gouvernement libanais pour stimuler la croissance potentielle.

Car si la BM estime que des décisions très importantes ont été prises par les autorités libanaises, à l'instar du travail du Parlement pour adopter le premier budget public depuis 2005, elle pointe du doigt l'incapacité du gouvernement à mettre en place des réformes structurelles cruciales dans les finances publiques, l'énergie, la protection sociale et le climat des affaires.

 

(Pour mémoire : La Banque mondiale veut relancer l’emploi au Liban)

 

 

Dynamique fragile
Cependant, les inquiétudes les plus sérieuses soulevées par la BM concernent les répercussions des politiques de la Banque du Liban visant à inverser la tendance à la baisse de ses réserves en devises. Le rapport rappelle l'opération d'échange de titres « de grande envergure et très généreuse pour les banques commerciales en 2016 ». La BDL avait affirmé avoir cédé plus de 12 milliards de dollars de titres de dette publique en devises à des banques libanaises et leur avait racheté des obligations publiques en livres pour un montant équivalent, à taux d'escompte de 0 %. Toujours selon la Banque centrale, ces opérations ont permis aux banques participantes d'engranger environ 5 milliards de dollars de revenus immédiats, la BDL enregistrant un montant identique.

« Les retombées positives ont été de courte durée et les répercussions néfastes ont commencé à se faire sentir au printemps 2017 », a alerté la BM. « De mars 2017 à mai, les réserves ont diminué de 2,7 milliards de dollars, soit une perte de près de la moitié de ses gains au cours de la période allant de juin 2016 à février 2017 », poursuit l'institution. Une réalité qui a poussé la BDL à lancer une autre opération d'échanges de titres, « qui a contribué au redressement des réserves enregistrées en juin à hauteur de 1,8 milliard de dollars », a affirmé la BM. Toutefois, ce redressement est dû au rapatriement des avoirs extérieurs des banques, et la position nette des avoirs extérieurs des banques au premier semestre de 2017 a reculé de 1,1 milliard de dollars, « ce qui témoigne de la fragilité de cette dynamique », a prévenu l'institution. Elle ajoute que la normalisation attendue des taux d'intérêt mondiaux rendra plus difficile l'attrait des dépôts en devises fortes, « à moins que les taux d'intérêt intérieurs n'augmentent aussi, ce qui ne cadre pas avec les objectifs des interventions de la BDL à ce jour ».

 

 

Pour mémoire 

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