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Crise en Catalogne : des dizaines de milliers d'Espagnols manifestent pour "le dialogue" et l'"unité"

"Les tensions et les violences ont beaucoup augmenté. Tant de violence ça fait vraiment peur", affirme une femme dans le cortège à Madrid.

Des milliers de personnes défilent contre l'indépendance de la Catalogne, à Madrid, en Espagne, le 7 octobre 2017. AFP / JAVIER SORIANO

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi en Espagne pour l'"unité" et le "dialogue" dans la crise ouverte depuis le "référendum" catalan d'autodétermination, alors que les séparatistes envisagent de déclarer l'indépendance unilatérale de leur région dans les prochains jours.

A l'appel de l'initiative citoyenne "Parlem? Hablemos?" (On se parle?, en catalan et en espagnol) ils étaient des dizaines de milliers, vêtus de blanc, à se rassembler dans de nombreuses villes pour réclamer un "dialogue" entre les Catalans et le reste du pays.

"Je suis triste de voir l'état dans lequel se trouve notre pays et la médiocrité de notre gouvernement", se lamentait Marta Muro, 67 ans, rencontrée dans la manifestation de Madrid qui, selon des journalistes de l'AFP, a réuni plusieurs milliers de personnes.

A Barcelone, la même initiative a rassemblé plusieurs milliers de personnes face à la mairie. "On ne peut nier la tension sociale", disait Alicia Domenec, 39 ans. "Il y a une rupture, une fracture, des insultes, une négation de l'autre".

Des manifestations similaires ont eu lieu à Valence (sud-est), Saragosse et Valladolid (nord), au Pays Basque et à Palma de Majorque, entre autres.

Mais à Madrid, une autre manifestation, qui se disait "patriotique", a rassemblé 50.000 personnes, selon la préfecture. Au milieu des drapeaux espagnols, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux dirigeants catalans séparatistes, à l'origine de la consultation de dimanche dernier interdite par la justice espagnole. Octavi Puig, un retraité catalan qui vit à Madrid, a dit manifester "parce que je ne veux pas qu'on mette un Mur de Berlin pour aller là où se trouvent les morts (de sa famille) et mes proches".

Les tensions entre Madrid et les séparatistes au pouvoir en Catalogne depuis début 2016 ont plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977.  La crise, qui inquiète aussi l'Europe, touche également la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols car, selon les sondages, la moitié de la population n'est pas indépendantiste.

Dimanche, une autre manifestation "pour retrouver la sagesse" est prévue à Barcelone. L'écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, de nationalités péruvienne et espagnole et qui a qualifié l'indépendantisme catalan de "maladie", y participera.

 

(Lire aussi : Les dirigeants séparatistes catalans défient le roi et son discours de fermeté)

 

'Gagner du temps'
De timides gestes d'apaisement sont apparus en fin de semaine. Le préfet, principal représentant de l'Etat en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses au nom des forces de l'ordre vendredi pour les violences policières qui ont émaillé le référendum interdit de dimanche, faisant au moins 92 blessés et scandalisant l'opinion.

Et le président régional Carles Puigdemont a annoncé qu'il repoussait son intervention devant le Parlement catalan, prévue lundi.  Les séparatistes envisageaient d'y prononcer une déclaration d'indépendance unilatérale. La nouvelle séance est prévue mardi à 18h00 (16h00 GMT), l'ordre du jour portant simplement sur la "situation politique".

Les parlementaires opposés à l'indépendance ont cependant dit se méfier des véritables intentions de M. Puigdemont, qui a diffusé vendredi les résultats définitifs, et invérifiables faute de commission électorale, du référendum interdit: 90,18% de "oui" à la sécession avec un taux de participation de 43%.

Le report de l'annonce pourrait servir à "gagner du temps", notait samedi le quotidien catalan La Vanguardia. Car les dirigeants catalans ont besoin de réfléchir "à ce qu'ils comptent faire" de cette déclaration d'indépendance unilatérale, poursuit le journal. Une "République catalane" serait en effet automatiquement exclue de l'Union européenne.

 

(Lire aussi : Quels scénarios après le référendum en Catalogne ?)

 

D'où les appels à une médiation internationale pour sortir de la crise, lancés par M. Puigdemont et l'influent Jordi Cuixart, président de l'association indépendantiste Omnium. "Nous savons et sommes convaincus que, sans reconnaissance internationale, ce que nous accomplissons va faire long feu", a reconnu M. Cuixart sur une radio catalane samedi. Ainsi, certains indépendantistes envisageraient-ils une déclaration à l'effet reporté de plusieurs mois, écrit la Vanguardia.

Les tensions et la perspective d'une Catalogne indépendante effrayent les milieux économiques.
Plusieurs entreprises, dont les banques centenaires CaixaBank et Banco de Sabadell, ont déjà décidé de transférer leurs sièges sociaux hors de Catalogne. Le responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan, Santi Vila, réputé proche du président régional, a, lui, réclamé un "cessez-le-feu". "Cela signifie que dans les prochaines heures et jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables", a-t-il expliqué.

Depuis le début de la crise, la justice a elle réagi avec fermeté. La Cour constitutionnelle avait ainsi interdit le référendum et jeudi elle a suspendu la session du parlement catalan initialement annoncée pour lundi.

 

 

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