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À La Une - Espagne

Timides gestes d'apaisement dans l'escalade entre Madrid et Barcelone

Le président catalan Carles Puigdemont repousse son intervention devant le Parlement.

Un autocollant aux couleurs du drapeau espagnol collé sur le poteau d'un feu de signalisation à Barcelone, le 6 octobre 2017. REUTERS/Gonzalo Fuentes

Des premiers gestes qui pourraient faciliter un dialogue entre Barcelone et Madrid sont apparus vendredi, à trois jours de la date initialement envisagée par la Catalogne pour une déclaration unilatérale d'indépendance qui fait trembler l'Europe.

A la mi-journée, alors que le chef du gouvernement Mariano Rajoy réunissait son conseil des ministres, le président catalan Carles Puigdemont a annoncé qu'il repoussait son intervention devant le Parlement catalan, initialement prévue pour lundi. Les séparatistes envisageaient une déclaration d'indépendance unilatérale au cours de cette séance.

Cette annonce de M. Puigdemont pourrait être interprétée comme un geste, puisqu'il ne cherche pas à tout prix à maintenir la séance de lundi en dépit de son interdiction par la Cour constitutionnelle. Elle pourrait aussi viser à gagner du temps, en raison de divisions dans son camp.

Elle intervient après des déclarations du responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan, Santi Vila, réputé proche du président régional, où il réclame "un cessez-le-feu" symbolique au gouvernement. "Cela signifie que dans les prochaines heures et jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables", a-t-il expliqué.

 

(Lire aussi : Les dirigeants séparatistes catalans défient le roi et son discours de fermeté)

 

Nouvel appel au dialogue
Puis, à l'attention des indépendantistes, il a appelé à "réfléchir et savoir clairement si la précipitation ne risque pas d'abîmer le rêve et de gâcher un projet (d'indépendance) n'ayant jamais été si proche". Ces déclarations se produisent alors que les tensions entre Madrid et Barcelone ont plongé l'Espagne dans sa plus grave crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977.

Une crise qui divise la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols et où selon les sondages la moitié de la population n'est pas indépendantiste. L'impasse semble pour l'instant totale et Madrid écarte toute possibilité de médiation. "Pour dialoguer, il faut rester dans la légalité", a déclaré jeudi M. Rajoy. Une position rappelée vendredi par le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo.
Ce dernier a lancé une piste en appelant les dirigeants catalans à dissoudre leur parlement et à convoquer des élections régionales. Ce geste permettrait, selon Mendez de Vigo, de "commencer à refermer la plaie".
L'instabilité dans cette région alarme les Espagnols, mais aussi l'Europe.

Une déclaration d'indépendance "serait une folie", a estimé l'ancien Premier ministre français Manuel Valls, originaire de Barcelone, ajoutant que cette démarche ouvrirait une "boîte de Pandore" des projets séparatistes en Europe.

Les séparatistes envisagent de déclarer l'indépendance après la publication des résultats définitifs du référendum du 1er octobre, qu'ils estiment déjà avoir remporté avec près de 90% des suffrages et 42,3% de participation. Ils pourraient chercher à profiter de l'élan favorable dans l'opinion catalane, scandalisée par les violences policières ayant émaillé la consultation, qui ont fait au moins 92 blessés. Le préfet, principal représentant de l'Etat en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses vendredi au nom des forces de l'ordre.

Parallèlement, à Madrid, la justice a entendu le chef de la police catalane, son adjointe et les dirigeants des deux principales associations indépendantistes pour des faits de "sédition" lors de manifestations remontant aux 20 et 21 septembre.

Josep-Lluis Trapero, Jordi Sanchez (Assemblée nationale catalane) et Jordi Cuixart (Omnium) sont ressortis libres, le parquet n'ayant pas requis leur placement en détention. "Il faut accepter la réalité, il y a un conflit politique, qui ne peut se résoudre que par la voie politique", a jugé Jordi Cuixart.

 

(Lire aussi : Quels scénarios après le référendum en Catalogne ?)

 

Banques et FMI
Depuis le début de la crise, la justice a réagi avec fermeté. Le Tribunal constitutionnel a interdit le référendum puis suspendu jeudi la session annoncée pour lundi du Parlement catalan.

La crise politique a contaminé le secteur économique: Caixabank, première banque de Catalogne et troisième d'Espagne, doit décider vendredi si elle déménage son siège social hors de la région. Jeudi, Banco Sabadell, deuxième banque de Catalogne, a annoncé le transfert de son siège social à Alicante (sud-est), après la dégringolade de son cours en Bourse. Les banques craignent les conséquences d'une éventuelle sortie de la Catalogne de la zone euro au cas où son indépendance serait proclamée.

Le Fonds monétaire international (FMI) a lui aussi émis des craintes: "les tensions et l'incertitude (...) pourraient peser sur la confiance et les décisions d'investissement".

Parmi les armes du gouvernement figure la suspension de l'autonomie régionale dont jouit la Catalogne, une mesure que le gouvernement central n'exclut pas et que réclament des voix de plus en plus nombreuses en Espagne. Mais une telle suspension échaufferait encore davantage les esprits en Catalogne, risquant de déclencher une spirale de violence.

 

 

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