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Liban - Éclairage

Fin du repli saoudien sur la scène libanaise

Les visites récentes de personnalités libanaises en Arabie saoudite continuent d'être scrutées de près au Liban. Elles surviennent en effet à l'heure où la région se dirige vers des solutions politiques, notamment en Syrie, tandis qu'au Liban, l'axe irano-syrien continue d'exercer de fortes pressions sur le gouvernement dans le sens d'une normalisation de ses rapports avec Damas. Il semble que dans ce contexte, l'Arabie ait choisi de changer de tactique au Liban.

Cela viendrait d'abord en réponse à la tentative de l'axe irano-syrien d'anticiper la transition régionale en sortant le régime syrien de son isolement, et en le faisant par le biais du Liban. La réunion surprise à New York entre le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et son homologue syrien, Walid Moallem, a pris de court le Premier ministre Saad Hariri et a failli sérieusement provoquer une implosion du cabinet, selon nos informations. C'est tout le compromis de la présidentielle qui s'en serait trouvé menacé, si ses principaux piliers, à savoir le Courant patriotique libre, le courant du Futur, le Hezbollah, mais aussi les Forces libanaises, ne s'étaient pas ressaisis à la dernière minute. Réaffirmant leur attachement au statu quo actuel, ils ont renouvelé leur engagement à épargner au mandat les sujets conflictuels, dont le dossier syrien fait partie, en les écartant du débat, notamment en Conseil des ministres.

 

(Lire aussi : Nasrallah accuse Riyad de vouloir semer la division au Liban et dans la région)

 

Ce containment interne ne suffit pas toutefois à contenir les effets de la rencontre Bassil-Moallem au niveau diplomatique, celle-ci étant susceptible d'indiquer une adhésion quasi officielle de Baabda à une normalisation avec Damas. Et c'est ce glissement qui aurait été l'incitation de plus, pour Riyad, à revoir sa politique de repli vis-à-vis du Liban.

Il avait déjà résulté de la dernière visite à Beyrouth du ministre saoudien Thamer Sabhan – qui pourrait y effectuer un nouveau passage au cours du mois courant – une prise de conscience des limites du repli saoudien, à savoir le fait de faciliter l'extension de l'influence iranienne dans le pays. C'est à la suite de cette visite que le pèlerinage politique libanais à Riyad aurait été relancé.

Selon des sources proches de certaines personnalités ayant récemment visité l'Arabie, Riyad aurait souhaité indiquer d'abord, en conviant chez lui des leaders libanais, que « la période de repli saoudien est révolue ». Et Riyad d'expliquer à ses interlocuteurs que sa politique antérieure de repli n'était pas synonyme d'un abandon ou d'un désintérêt à l'égard du Liban, et qu'elle était d'autant plus « justifiable » que la stabilité du Liban était garantie, bétonnée en outre par le compromis de la présidentielle.

 

(Lire aussi : Geagea à Nasrallah : Quel est l'intérêt de s'attaquer à Riyad quand on est au pouvoir ?)

 

Tourné vers les fronts yéménite et syrien, Riyad aurait alors jugé bon de laisser les Libanais « gérer leurs propres affaires », tout en restant disposé à tendre la main en cas de sollicitation, selon le point de vue saoudien, résumé par les milieux cités. Néanmoins, l'axe de la moumanaa a cru y voir « un abandon du Liban par l'Arabie », et donc « une opportunité » à saisir. L'axe irano-syrien se serait ainsi cru capable de renvoyer depuis le Liban, en direction de la communauté internationale, des messages suggérant que ce pays relève désormais de lui, et cela dans l'objectif clair d'utiliser le Liban comme passerelle internationale pour Damas, selon le point de vue saoudien. Non seulement « l'axe de la moumanaa a vu faux », mais il a failli à l'obligation de respecter l'équilibre interne établi par le compromis de la présidentielle. C'est en revanche « pour sauvegarder ce compromis » que l'Arabie aurait décidé de solliciter de nouveau ses alliés libanais.

Les échanges ont porté des idées utiles en lien avec les compromis régionaux en vue, notamment en Syrie, à la veille de la visite du roi Salmane ben Abdelaziz à Moscou, qualifiée d'ores et déjà d'« historique » par un responsable saoudien. Ont ainsi été débattues les approches russe et américaine d'une solution en Syrie, à l'heure où l'orientation internationale est à la cessation des violences dans la région. C'est ce tempo que des personnalités libanaises proches de l'Arabie ont dit vouloir exploiter, que ce soit pour circonscrire l'influence iranienne ou pour réclamer une solution globale, et non seulement partielle, en Syrie – sachant que si une solution voit le jour incessamment, elle serait vouée à durer. D'autres visiteurs ont souligné la concomitance entre la solution en Syrie et la question des armes au Liban, aucun compromis ne pouvant être respecté au Liban en présence d'armes illégales.

De son côté, l'Arabie souhaiterait inclure le Liban dans la solution au conflit syrien, en obtenant le retour des déplacés et l'indemnisation du pays d'accueil, d'une part, et en tranchant, de l'autre, la question du tracé des frontières est.

Du reste, les milieux des personnalités qui se sont rendues en Arabie démentent ce qui a été dit sur une quelque volonté saoudienne de raviver le 14 Mars.

 

 

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commentaires (6)

Quels réels bénéfices ont apporté au Liban l'appartenance de certains depuis des années à des "axes" extérieurs de toutes les couleurs politiques et religieuses ? Vivons-nous mieux...notre économie est-elle florissante...pouvons nous rêver à un avenir décent pour nos enfants ? Notre Liban peut-il être fier devant la communauté internationale Irène Saïd

Irene Said

09 h 05, le 04 octobre 2017

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Commentaires (6)

  • Quels réels bénéfices ont apporté au Liban l'appartenance de certains depuis des années à des "axes" extérieurs de toutes les couleurs politiques et religieuses ? Vivons-nous mieux...notre économie est-elle florissante...pouvons nous rêver à un avenir décent pour nos enfants ? Notre Liban peut-il être fier devant la communauté internationale Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 05, le 04 octobre 2017

  • le Liban va se faire avoir une fois à l'huile, et une autre fois au beurre ?

    Talaat Dominique

    19 h 27, le 03 octobre 2017

  • La visite que le roi des bensaouds va effectuer du 5 au 7 octobre , en Russie NPM de Poutine , nouvel homme fort du monde consacre la fin de la guerre en Syrie du héros Bashar et de la victoire de l'axe de la resistance . C'est la 1ere que fait un roi bensaoud en Russie. Jusqu'à la lie , je vous dis .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 21, le 03 octobre 2017

  • non seulement l'agenda saoudien -comme celui de l'Iran - ne font que du mal au Liban, mais je me demande en quoi/comment celui saoudien arriverait a son but ! je veux dire , l'iran a son bras super arme chez ns est deja arrive a son but: diriger le pays . Mais l'arabie saoudite? COMMENT /QUOI FAIRE pour contrer les iraniens ? les chretiens divises comme tjrs, les sunnites aussi ( certains copains copains avec le hezb pr des raisons qui leurs sont propres( mis a part la stabilite ) , alors ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 50, le 03 octobre 2017

  • Si nous pouvions être débarrassés de ces deux axes de désaxés...

    Christine KHALIL

    10 h 25, le 03 octobre 2017

  • DU COMME-CI ET DU COMME-CA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 33, le 03 octobre 2017

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