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Lifestyle - Prix

LafargeHolcim Awards an V : le savoir-faire de la jeunesse libanaise

Le concours, doté de 2 millions de dollars, récompense les projets et non les ouvrages terminés.

De gauche à droite, Ronan Glynn, Joana Dabaj, Riccardo Conti et Luca Astorri recevant leur prix à Nairobi, au Kenya. Photos DR

Après le Liban en 2014, c'est à Nairobi, au Kenya, qu'a eu lieu la remise des prix du prestigieux LafargeHolcim Awards pour le Moyen-Orient et l'Afrique, organisée par la Fondation LafargeHolcim pour la construction durable. L'Europe, l'Amérique latine, l'Amérique du Nord et l'Asie suivront en octobre et novembre, avec un mot d'ordre commun à tous les continents : la construction durable et des solutions locales pour améliorer la qualité de vie.

Bien plus que de distinguer des constructions réussies, les LafargeHolcim Awards représentent le concours le plus important au monde en matière de construction durable. Les critères du concours, doté de 2 millions de dollars, récompensent les projets et non les ouvrages terminés. En effet, la Fondation LafargeHolcim, qui est responsable des prix, recherche des conceptions qui vont au-delà des normes actuelles et qui offrent des solutions nouvelles, surprenantes ou réellement visionnaires en matière de bâtiment.

 

Des réponses durables aux enjeux de ce siècle
Deux catégories séparent les types de prix attribués : la catégorie principale dans laquelle les professionnels sont invités à présenter des réponses durables aux enjeux technologiques, environnementaux, socio-économiques et culturels liés à la construction et au bâtiment. Les LafargeHolcim Awards d'or, d'argent et de bronze, ainsi que des prix de reconnaissance sont ainsi décernés dans chaque région du monde. Les lauréats concourront pour les LafargeHolcim Awards mondiaux en 2018. Et la catégorie « Next Generation », destinée aux étudiants et aux professionnels de moins de 30 ans. Cette catégorie recherche des projets visionnaires et des idées audacieuses, et offre aux jeunes professionnels une exposition publique et une plateforme qui leur donne une plus grande visibilité. Pour la première fois dans l'histoire des LafargeHolcim Awards, plus de projets ont été soumis dans cette catégorie que dans la catégorie principale ; ce qui montre à quel point le concours est axé sur l'avenir.

« Le Liban était présent depuis le lancement du prix », explique Grace el-Azar, responsable de communication et de développement durable au sein de Holcim Liban, qui faisait partie de la délégation lors de la remise des prix à Nairobi. « Les débuts étaient un peu lents, mais très vite, le prix a trouvé des échos favorables et sa place importante dans le domaine. De sept projets présentés par le Liban en 2005, nous sommes arrivés à plus de 50 cette année. Nous sommes très fiers de voir deux équipes de Libanais parmi les gagnants. Ce n'est pas la première fois que nous figurons parmi les lauréats, mais le niveau était élevé et le défi encore plus grand cette année. »

Au départ, 5 085 projets ont été soumis, provenant de 121 pays. 3 606 propositions ont été validées et plus de la moitié de celles-ci ont passé la phase de présélection. Ces propositions ont été évaluées par des jurys d'experts indépendants dans les régions du concours, en fonction de cinq critères énoncés par la Fondation LafargeHolcim : l'égalité sociale, l'innovation, la transférabilité, la faisabilité économique et la beauté du projet. « 2013-2014 a constitué un tournant important, poursuit Grace el-Azar, car nous avons scellé un partenariat avec l'AUB, que la fondation a choisie. Il en est ainsi pour quelques pays. » Deux projets gagnants sur 11, tous de grande qualité, le Liban, placé dans le top 20 (sur 121) en nombre de soumissions de projets dans la catégorie « Next Generation », était à l'honneur à Nairobi. La majorité des projets primés portait sur l'éducation et la promotion contemporaine des compétences manuelles traditionnelles. Au soir de la remise des prix, au National Theatre de Nairobi, qui fut suivie d'un gala, l'émotion était à son comble pour la délégation libanaise. Une équipe locale par catégorie faisait partie des lauréats.

 

De Milan à la Békaa, transformer l'agréable en utile
Dans la catégorie principale, l'ONG CatalyticAction, représentée par Joana Dabaj, Riccardo Conti et Matteo Zerbi, a remporté le bronze des LafargeHolcim Awards. Un projet de durabilité à plus d'un titre. En effet, il s'agissait ici de récupérer un pavillon qui avait été utilisé à l'Expo 2015 de Milan et de le transformer en école pour enfants, avec son espace de jeux, dans le camp de réfugiés de Jarahieh, à el-Marj. Ayant opté pour un travail utile à des communautés qui en ont besoin, CatalyticAction, spécialisée dans les espaces éducatifs et ludiques pour réfugiés, cherchait à trouver, surtout, les moyens d'adapter une structure purement esthétique, créée pour la foire de Milan, à un contexte social et géographique et des besoins complètement différents. « Neuf mois de réflexion ont été nécessaires pour trouver le vocabulaire de notre projet, expliquent avec passion Joana Dabaj et Riccardo Conti. Il a sa propre histoire et sa propre philosophie. »

Après avoir démantelé le pavillon, offert par Save The Children Italy, et reçu les conteneurs qui ont été directement transportés vers Jarahieh, un travail sur le terrain a été fait en collaboration avec les enfants et les résidents locaux et syriens. Les femmes y ont pris une grande part, et ce projet a même créé des emplois. « Nous avons voulu, plus que juste concevoir un espace, avoir une approche humaine, qui soit en rapport avec les droits de l'homme, et faire participer les personnes concernées dans tout le processus », soulignent les lauréats.

 

 

 

 

Pour l'isolation, et après avoir vécu sur place et créé des liens et une réelle communication avec les agriculteurs du coin, la laine est apparue comme une évidence, le matériau idéal à utiliser pour isoler les murs, 70 % du bétail libanais se trouvant à la Békaa. « Cette coopération a permis de transmettre différents savoir-faire qui resteront au-delà du projet, et de construire des ponts durables avec la communauté locale. Cette école n'est pas juste une école. » Après 16 heures, elle accueille des étudiants adultes et, en week-end, elle devient un cinéma ou encore un centre de distribution d'aides aux réfugiés.

« Nous savions que notre projet s'adaptait bien aux conditions du concours, poursuit le duo. Nous avions besoin de cette plate-forme que représente le LafargeHolcim Awards dans le domaine de la construction durable. C'est un besoin important dans le monde actuel et un tournant décisif dans la manière de penser l'architecture. Pouvoir expliquer notre projet en si peu de temps et de mots était également un véritable défi. Le projet a gagné, mais nous, l'équipe de travail, avec l'architecte Luca Astorri et le photographe et responsable sur le terrain Ronan Glynne, nous ne sommes pas les seuls à avoir remporté le prix. Toutes les personnes qui ont travaillé dur pour permettre à l'école de se monter le méritent au même titre que nous. À savoir les volontaires, les ONG locales, les réfugiés et les locaux. » Entre Londres, Beyrouth et des projets aux quatre coins du Liban où le besoin se fait urgent, Joana Dabaj, cofondatrice et principale coordinatrice de CatalyticAction, et son partenaire Riccardo Conti ont fait de la phrase de Nelson Mandela, « L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde », leur philosophie de vie et de travail.

 

Renaître de ses cendres
Dans la catégorie « Next Generation », c'est le projet du trio Nour Madi, Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki (Ghaith&Jad) d'une unité de recyclage des décombres à Alep, en Syrie, qui a remporté le 2e prix. Ce projet, baptisé Recovering Aleppo, qui signifie à la fois récupérer (les décombres) d'Alep et guérir ses plaies, propose une approche technique, poétique et économique qui a particulièrement séduit le jury. Lancé par Nour Madi, qui a développé le sujet pour sa thèse puis son master en génie civil, encouragée par son professeur, elle le présente au LafargeHolcim Forum Student Poster Competition, en avril 2016, à Detroit. Lorsqu'elle décroche le 2e prix, elle décide d'approfondir son concept et de le soumettre au concours de la fondation, en le rendant moins technique, mais avec une vision plus architecturale du projet. C'est là qu'elle retrouve ses amis de l'AUB Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki, architectes, qui signent leurs projets sous le nom de Ghaith&Jad et qui font également partie de la seconde édition de Génération Orient 2017.

Son idée, sur laquelle elle a longuement travaillé, consiste essentiellement à récupérer les destructions des guerres ou des catastrophes naturelles. Ici, il s'agit précisément des dégâts causés par la guerre à Alep, et de les réutiliser pour la reconstruction de cette même ville qui, finalement, renaît en quelque sorte de ses cendres. « Une manière économique de reconstruire, d'avancer, de guérir ses blessures, et qui, en plus, a le mérite de protéger l'environnement », précise Nour Madi. « Alep a subi 60 % des dégâts de la guerre en Syrie, avec quelque 32 millions de tonnes de décombres... un chiffre qui ne fait qu'augmenter. Il fallait en faire quelque chose d'utile, sur le plan de la reconstruction physique et émotionnelle. »

Pour pouvoir entreprendre cette transformation, le duo Ghaith&Jad a envisagé une unité de recyclage légère. Une structure mobile qui puisse être utilisée ailleurs, une fois le travail achevé dans un des quartiers détruits de la ville. « Notre rôle, précisent-ils, était très différent de celui de Nour. Nous avions à réfléchir au côté social du projet, comment ces modules recyclables pouvaient être un catalyseur actif dans la ville, tout en conservant sa dimension humaine. Comment, aussi, ramener les habitants de la ville à leur source et assurer une continuité. Notre travail est un équilibre de ces deux constantes. Une fois le travail de recyclage achevé, la structure, initialement installée sur un banc en gabion, est retirée, utilisée ailleurs et donc elle aussi recyclée. Reste le banc qui devient ainsi un lieu de mémoire public, assorti d'une bibliothèque. Ce projet très technique avait besoin d'une réflexion poétique, qui soit à l'autre extrême et permette un engagement civique et un regain d'espoir. Notre formation d'architectes nous pousse à trouver des solutions concrètes qui peuvent mener quelque part. » Ce prix, qui répond parfaitement et sur tous les plans aux critères de durabilité exigés par la fondation, a déjà permis une belle visibilité au trio. L'idée de l'adapter ailleurs, également, loin de toutes considérations politiques, si cela est possible, et même au Liban, devient une possibilité.

Nour Madi poursuit sa collaboration avec Dar el-Handassah et pense toujours à des projets, comme celui-ci, qui lui donnent des ailes. Ghaith&Jad continuent leur chemin dans la direction choisie, depuis le début, loin des projets commerciaux, animés par des rencontres, des voyages, des ateliers de travail à l'étranger et des projets qui incluent cohérence, poésie, scénographie. « Des projets qui ont un impact. »
En attendant le prochain cycle, dans deux ans, les « cerveaux » libanais seront repérés et récupérés par Holcim Liban pour une nouvelle édition sur la construction durable, qui verra de nouveaux talents confirmés et honorés.

 

Les lauréats 2017 pour la région Afrique-Moyen-Orient

Prix d'or : complexe religieux et laïc, Dandaji, Niger (Mariam Kamara, Atelier Masomi, Providence, RI, États-Unis, et Niamey, Niger ; et Yasaman Esmaili, Studio Chahar, Seattle, États-Unis)

Prix d'argent : école primaire et centre de formation artisanale, Aït Benhaddou, Maroc (Fatima-Azzahra Bendahmane, Ecoactiva, Casablanca, Maroc)

Prix de bronze : réutilisation adaptative pour l'éducation des réfugiés, el-Marj, Liban
(Joana Dabaj, CatalyticAction, el-Mina Tripoli, Liban ; Riccardo Conti, Matteo Zerbi, et l'équipe, CatalyticAction, Londres, Royaume-Uni)

1er prix Next Generation : four à briques et projet de développement incrémentiel, Soshanguve, Afrique du Sud (Heidi van Eeden, Université de Pretoria, Le Cap, Afrique du Sud)

2e prix Next Generation : unités de recyclage des décombres, Alep, Syrie (Nour Madi, Jad Melki et Ghaith Abi Ghanem, Ghaith&Jad, Beyrouth, Liban)

3e prix Next Generation : conception de processus pour les colonies improvisées, Le Caire, Égypte (Nada Nafeh, l'Université américaine au Caire, Égypte)

4e prix Next Generation : escalier urbain et bibliothèque, Amman, Jordanie (Noor Marji, Université germano-jordanienne, Amman, Jordanie)

Prix de reconnaissance des LafargeHolcim Awards 2017 pour la région Afrique-Moyen-Orient :
bibliothèque centrale de la fondation Miracle for Africa, Lilongwe, Malawi (Steven Holl, Steven Holl Architects, New York, États-Unis)

Siège de Maisha Film Lab, Kampala, Ouganda (TAMassociati, Trieste et Venise, Italie)

Stockage du beurre de karité pour la communauté de Nyingali, district de Karaga, Ghana (Wonjoon Han, Gahee Van, VHAN ; et Sookhee Yuk, Make Africa Better, Séoul, Corée du Sud)

Odek Centre for Nodding Disease, Odek, Ouganda (Andrew Amara, Studio Flame, Kampala, Ouganda).

Après le Liban en 2014, c'est à Nairobi, au Kenya, qu'a eu lieu la remise des prix du prestigieux LafargeHolcim Awards pour le Moyen-Orient et l'Afrique, organisée par la Fondation LafargeHolcim pour la construction durable. L'Europe, l'Amérique latine, l'Amérique du Nord et l'Asie suivront en octobre et novembre, avec un mot d'ordre commun à tous les continents : la construction durable...

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Du Bonheur

Sarkis Serge Tateossian

02 h 35, le 28 septembre 2017

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  • Du Bonheur

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 35, le 28 septembre 2017

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