Rechercher
Rechercher

Culture - À l’affiche

« Retour en Bourgogne » : liés par le sang comme par le vin

Pour son 13e film, « Retour en Bourgogne/Ce qui nous lie », Cédric Klapisch bouscule ses habitudes, renouvelle sa façon de faire les films et passe de l'urbain au rural.

Plus qu’un hymne à la région avec ses vallons et ses coteaux, « Retour en Bourgogne/Ce qui nous lie », de Cédric Klapisch, reste un hommage à la famille.

Après avoir longtemps tourné dans les grandes métropoles, Cédric Klapisch, metteur en scène français âgé de 55 ans, plante ses caméras en Bourgogne dans les vignes de Meursault, loin des petites ruelles de ville qui cèdent le terrain à la route des grands crus.

 

Saisons et fraternité
Le long métrage raconte le retour de Jean après quatre années d'absence, aux côtés de sa famille dont il ignore tout, dans l'exploitation viticole où il a grandi. En apprenant la mort imminente de son père, il retrouve dans la demeure de son enfance sa sœur Juliette (Ana Girardot), en charge du domaine, et son frère Jérémie (François Civil), marié à une fille d'aristocrates envahissants et condescendants. À trois, ils vont devoir réinventer la fraternité. Jean, incarné par Pio Marmai (jeune acteur prometteur), se transforme de spectateur impuissant en acteur impliqué pour venir en aide à son frère et à sa sœur.
Le metteur en scène a monopolisé les acteurs une année entière pour le tournage, afin de pouvoir mettre en parallèle les cycles de la nature avec ses quatre saisons et le rythme des hommes. Des vignes à perte de vue en gros plans sur les grappes de raisin juteuses, des vendanges animées aux fêtes dionysiaques, de la dégustation des vins aux soûleries joyeuses, des gueulades houleuses aux retrouvailles heureuses, les images débordent d'énergie, mais aussi de poésie et d'humour, servies notamment par un François Civil balbutiant, cherchant ses mots, se révoltant, mais époustouflant de drôlerie, et par une Ana Girardot déconcertante de vulnérabilité face à ses devoirs de chef de file, et de tendresse face au désarroi de ses deux frères.

C'est pour la première fois que le metteur en scène ne choisit pas Romain Duris, son acteur fétiche (L'Auberge espagnole, Les Poupées russes, Chacun cherche son chat...), mais de jeunes acteurs qui émergent. La génération d'aujourd'hui débat tout le long du film d'un sujet vieux comme le temps, le vin. Un temps que Cédric Klapisch choisit comme thème principal. Un temps qui verra les vignes nimbées de soleil brûlant ou transformées sous les effets de la pluie et de la grêle. Un temps où on vit au jour le jour, comme l'exprimera si bien Marcel (le bras droit de Juliette) : « Je ne regarde pas la météo à plus de trois jours. »

 

(Lire aussi : Marlene Dietrich, mi-ange (bleu), mi-démon)

 

Quand le vin est fédérateur
Si Cédric Klapisch a choisi ce titre, c'est d'abord par allusion à la lie du vin, ensuite pour développer le thème d'une fratrie qui se trouve réunie après le décès du père.
Qu'est-ce qui rapproche un vigneron d'un cinéaste ? D'abord la dimension du hasard : tout n'appartient pas au cinéaste, ni aux viticulteurs, tributaires des aléas de la nature ou de ceux d'une production d'un film. Ensuite, la part de création et le savoir-faire : un cinéaste n'est pas que dans les pensées, il est aussi dans le ressenti, et la scène où les trois frères et sœurs débattent du jour à décider de la vendange illustre bien cette idée. Rien n'est établi d'avance, il faut se fier à son instinct. Et comme au cinéma, il y a des années meilleures que d'autres.

Retour en Bourgogne/Ce qui nous lie est un film qui prend son temps et qui fabrique de la sédimentation, celle-ci même qui donne une bonne cuvée et qui rapproche les hommes. C'est un film de spectacle sur une vie simple faite de complicités et de grands moments de bonheur autour d'un bon verre de vin, une histoire qui met en parallèle l'évolution d'une famille et la maturation du vin. Un film qui touche toutes les familles avec la problématique de l'héritage qui se donne parfois comme un cadeau empoisonné : « Et nous étions, dira Jean, des gens pauvres avec des problèmes de riches. »
Plus qu'un hymne à la région avec ses vallons et ses coteaux, le film reste un hommage à la famille, aux liens du sang et à l'amour fraternel. Une fraternité avec ses doutes, ses désirs et ses hésitations, où chacun peut se reconnaître. Retour en Bourgogne/Ce qui nous lie, de Cédric Klapisch, un grand cru à déguster (pas modérément).

 

Lire aussi

Le prix du courage et du talent à Ziad Doueiri

« Kingsman, The Golden Circle » : de la suite dans les idées

Après avoir longtemps tourné dans les grandes métropoles, Cédric Klapisch, metteur en scène français âgé de 55 ans, plante ses caméras en Bourgogne dans les vignes de Meursault, loin des petites ruelles de ville qui cèdent le terrain à la route des grands crus.
 
Saisons et fraternitéLe long métrage raconte le retour de Jean après quatre années d'absence, aux côtés de sa...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut