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Liban - Humanitaire

Un hôtel engagé pour enfants réfugiés

À la fois auberge de jeunesse et ONG, l'Hostel Beirut s'implique pour l'éducation des déplacés.

À l’Hostel Beirut, Maryam s’occupe des réservations et de l’accueil des voyageurs.

Dans un immeuble à Jeitaoui, à l'abri de l'effervescence de la rue d'Arménie (Mar Mikhaël), l'Hostel Beirut offre un havre de paix aux voyageurs. Dans le salon, un canapé turquoise, une carte du monde et une multitude de plantes décorent la pièce. Sur les murs de la réception, des centaines de petits mots laissés par les visiteurs témoignent de l'enthousiasme suscité par le lieu.
L'auberge peut accueillir une vingtaine de personnes. Toutes les nationalités se côtoient : Allemands, Français, Portugais, Syriens, Néo-Zélandais, Néerlandais, Belges, Canadiens ou encore Américains. Le soir, tous se retrouvent sur la terrasse, autour de quelques bières et de conversations animées.
Une auberge de jeunesse comme les autres, à première vue. Pourtant, ici, les hôtes travaillent bénévolement, certains résidents enseignent l'anglais aux enfants réfugiés syriens et palestiniens, et les bénéfices sont reversés à des projets éducatifs. L'auberge fonctionne en réalité comme une ONG. « Le but de l'Hostel Beirut est d'accueillir des personnes volontaires pour aller travailler dans le camp de réfugiés à Chatila, dans le Sud de Beyrouth », explique Maryam. Cheveux bouclés, piercing dans le nez, la jeune femme de 24 ans travaille ici depuis deux ans. « On est une ONG indépendante, on ne perçoit pas d'aide. On se finance grâce aux gens qui payent pour rester ici », poursuit-elle. D'origine palestinienne, Maryam travaillait auparavant dans un bar, jusqu'à ce qu'elle en a « eu marre ». « Ma meilleure amie m'avait alors parlé de ce projet. J'ai quitté mon boulot pour venir ici. C'était la meilleure décision de ma vie ! raconte-t-elle en souriant. On est une vraie famille ici, on prend soin de l'hôtel tous ensemble. »
Ce matin, Éléonore, volontaire depuis deux mois, part pour le centre de Chatila donner un cours d'anglais. « Ils apprennent en même temps l'arabe et l'anglais, donc je leur enseigne aussi l'alphabet latin, explique-t-elle. Ce n'est pas toujours facile, certains apprennent rapidement, mais, pour d'autres, c'est plus long. » À Chatila, l'étage d'un immeuble accueille les trois salles de classe pour les enfants. Géré par l'association Najda Now International, le centre accueille gratuitement de jeunes réfugiés syriens et palestiniens. Depuis le couloir, on peut entendre les enfants s'appliquer à réciter la leçon du jour. Aujourd'hui, Éléonore leur enseigne les différentes parties du corps humain.

« Certains n'ont jamais été à l'école »
À côté des salles de cours, les professeurs se retrouvent dans une grande pièce où s'entassent pots de peinture, crayons et cahiers. Sur les murs sont accrochées des dizaines de marionnettes colorées. « Ce sont les enfants qui les ont réalisées, pour notre spectacle de marionnettes », explique Maryam, la directrice de l'école, tout sourire. Après avoir étudié aux Beaux-Arts en France, la jeune femme est venue travailler dans le centre il y a six mois. « Ici, les enfants reçoivent le matin des cours d'arabe, de mathématiques, d'arts et d'anglais. Ces derniers sont souvent dispensés par les volontaires envoyés par l'Hostel Beirut, raconte-t-elle. Mais ce n'est pas une école officielle. On leur apprend des choses en attendant qu'ils puissent intégrer une vraie école. » Une situation qui se pérennise. « C'est très difficile pour ces enfants. Il y a de moins en moins d'aides pour les petits Syriens, déplore-t-elle. Ils essayent, ils cherchent, ils vont tous les jours aux établissements scolaires libanais pour donner leur nom, mais c'est très compliqué d'y trouver des places. »
Des conditions difficiles qui entraînent un retard dans leur éducation. « Certains ont raté des années d'école en Syrie, d'autres n'y ont même jamais été ! Ce sont les cas les plus difficiles car il faut tout leur apprendre, confie Maryam. Quand ils sont petits, ça va, mais plus ils sont âgés et plus c'est compliqué. La plupart des enfants ici n'ont pas le niveau scolaire qui correspond à leur âge. C'est triste parce qu'ils ont des connaissances très limitées. »
Dans les locaux de Najda Now International, à Achrafieh, le directeur de l'association Abed Alaziz, à l'origine de ce projet, souligne : « Le centre a ouvert en août 2011, quelques mois après le déclenchement du conflit syrien. Notre but est d'apporter de l'éducation à ces enfants qui ont dû quitter leur pays. On travaille avec l'Hostel Beirut parce qu'ils nous envoient des volontaires. On a surtout besoin de personnes pour enseigner l'anglais. »
La grande fenêtre de son bureau offre un point de vue remarquable sur la capitale. Son regard s'y perd l'espace d'un instant. « Ils ont tout perdu, et après ils atterrissent dans un endroit comme Chatila, soupire-t-il. Ce qu'on voudrait leur donner, c'est de l'espoir. »

Dans un immeuble à Jeitaoui, à l'abri de l'effervescence de la rue d'Arménie (Mar Mikhaël), l'Hostel Beirut offre un havre de paix aux voyageurs. Dans le salon, un canapé turquoise, une carte du monde et une multitude de plantes décorent la pièce. Sur les murs de la réception, des centaines de petits mots laissés par les visiteurs témoignent de l'enthousiasme suscité par le...
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