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À La Une - Crise

L'armée du Bangladesh va acheminer l'aide internationale aux Rohingyas

Selon un rapport de HRW, qui vient confirmer celui d'Amnesty international, 62 villages ont été incendiés de façon intentionnelle par l'armée birmane.

Des réfugiés rohingyas font la queue pour obtenir de l'aide humanitaire dans le camp de réfugiés de Balukhali, au Bangladesh, le 15 septembre 2017. AFP / DOMINIQUE FAGET

L'armée du Bangladesh va entrer en scène pour faciliter l'arrivée de l'aide humanitaire aux centaines de milliers de réfugiés rohingyas qui fuient les violences de l'armée birmane, accusée par l'ONU de procéder à une épuration ethnique.

Les autorités locales et les organisations humanitaires sont débordées par l'afflux de réfugiés. En trois semaines s'est constitué ici l'un des plus grands camps de réfugiés au monde, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). "C'est à désespérer. C'est l'une des plus grandes crises humanitaires et l'un des plus grands mouvements de masse de personnes dans la région depuis des décennies", a estimé Martin Faller, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Des campagnes de vaccination contre la rougeole et la polio vont commencer samedi ont indiqué l'OMS et l'Unicef, à destination des 150.000 réfugiés, âgés de 6 mois à 15 ans.

Au total, quelque 391.000 Rohingyas sont arrivés depuis fin août pour fuir une campagne de répression de l'armée birmane consécutive à des attaques de rebelles rohingyas.

L'armée birmane est accusée par la communauté internationale de pratiquer la politique de la terre brûlée.  Selon des témoignages des réfugiés confirmés par des rapports d'Amnesty International et de Human Rights Watch, les soldats birmans débarquent dans les villages rohingyas, et font fuir les civils en leur tirant dessus avant d'incendier les maisons. Pour les ONG et la communauté internationale, le but est clair: vider cette région de l'ouest de la Birmanie de sa minorité musulmane.

"Les soldats ont brûlé tout notre village. Quand nous marchions dans la boue pour rejoindre la frontière, je n'ai vu que des villages réduits en cendres", raconte à l'AFP Somira, 29 ans, installée sur le bord d'une route.
"Certains ont tenté de faire demi-tour pour retrouver leur bétail mais il ne restait plus rien. Ils brûlent tout pour que nous ne puissions même plus retrouver l'endroit où nous vivions avant", ajoute la jeune femme, arrivée depuis quatre jours.

Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié vendredi qui vient confirmer celui d'Amnesty international, 62 villages ont été incendiés de façon intentionnelle par l'armée birmane. "Notre recherche sur le terrain confirme ce que l'imagerie satellitaire a indiqué: l'armée birmane est directement responsable de l'incendie à grande échelle des villages rohingyas dans le nord de l'Etat Rakhine", a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint de HRW Asie. "Les Nations unies et les pays membres doivent de façon urgente imposer des mesures au gouvernement birman pour arrêter ces atrocités et mettre fin à l'expulsion des Rohingyas", ajoute-t-il.

 

 

"Scénario du pire"
La communauté internationale doit se préparer au "scénario du pire", a averti jeudi un responsable onusien, à savoir le déplacement de tous les Rohingyas présents en Etat Rakhine, autour un million, vers le Bangladesh. Ces dernières années, les pics de violence ont été fréquents mais cela n'avait jamais pris une telle ampleur.

Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas représentent la plus grande communauté apatride du monde. Depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, ils sont soumis à de nombreuses restrictions: ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation, ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux écoles et hôpitaux.

La "persécution" contre cette minorité musulmane est "inacceptable", a tancé jeudi le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.  Et le Parlement européen, "gravement préoccupé", a adopté une résolution demandant à l'armée de "cesser immédiatement" ses exactions.

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, au pouvoir depuis avril 2016 après les premières élections libres depuis plus de 20 ans, concentre les critiques de la communauté internationale.  Elle a promis de sortir de son silence mardi prochain lors d'un grand discours. Un exercice qui s'annonce périlleux pour l'ex-icône de la démocratie qui incarne les espoirs de tout un peuple bâillonné pendant plus de 50 ans par une dictature militaire.

La prix Nobel de la paix doit en effet composer avec l'armée birmane, qui est toute puissante dans la région et reste politiquement incontournable puisqu'elle détient un quart des sièges au Parlement via des députés non-élus, et dirige trois ministères d'importance: la Défense, les Frontières et l'Intérieur.

 

 

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