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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les Rohingyas plus que jamais menacés

Un nouvel épisode de violences et un exode qui coûtent cher aux Rohingyas, se déroulant sous les yeux de la communauté internationale presque impuissante. Cette minorité musulmane, la plus persécutée au monde, selon l'ONU, subit depuis plus de trente ans moult violences et exactions, contraignant ses membres à fuir la Birmanie qui, en 1982, les a rendus apatrides. De jour en jour, le nombre de déplacés ne cesse d'augmenter de manière affolante (voir encadré), laissant craindre une grave crise humanitaire.

Cette dernière crise a débuté le 25 août dernier, quand des dizaines de postes de police ont été attaqués par les rebelles de l'Armée de libération du Rohingya, qui a engagé des centaines de combattants dans la bataille. L'ARSA, autrefois baptisée « Mouvement de la foi », dit vouloir défendre les droits bafoués des Rohingyas. Cette contestation s'est transformée en une insurrection, alors que la Birmanie majoritairement bouddhiste sort peu à peu de plusieurs décennies de dictature militaire.Ces assauts armés ont aussitôt déclenché une vaste opération punitive de l'armée birmane dans l'État de Rakhine, où vit la grande majorité des Rohingyas. L'ONU a condamné les attaques coordonnées, menées par les forces de sécurité birmanes qui ont fait, à ce jour, 400 morts, dont 370 « terroristes » rohingyas. Depuis, les combats se poursuivent, obligeant des dizaines de milliers de personnes à fuir. Au vu de l'ampleur des batailles, de nombreux experts de la région ont souligné le fait qu'il s'agit plus vraisemblablement d'un soulèvement que de simples attaques ponctuelles. Analyse partagée par l'armée birmane.

 

(Lire aussi : Rohingyas en Birmanie : Quand une prix Nobel de la paix critique vertement une autre)

 

Vives réactions
Les représailles sanglantes auxquelles la minorité religieuse est confrontée ont provoqué de vives réactions de toutes parts. Ainsi, le pape François a affiché la semaine dernière sa solidarité et demandé le respect des droits des Rohingyas, alors qu'une visite pontificale est programmée en Birmanie du 27 au 30 novembre et au Bangladesh du 30 novembre au 2 décembre. Critiquée pour son silence par la communauté internationale, Aung San Suu Kyi, de facto chef du gouvernement en Birmanie et Prix Nobel de la paix, avait quant à elle accusé la semaine dernière les rebelles d'utiliser des enfants soldats et de mettre le feu à des villages.Lundi, le Prix Nobel de la paix pakistanais, la jeune Malala Yousafzai, a critiqué la dirigeante birmane pour sa gestion du drame en cours. La communauté musulmane s'est elle aussi insurgée face aux traitements réservés au Rohingyas. Des milliers de manifestants se sont rassemblés lundi à Grozny, en Tchétchénie, à l'appel du dirigeant de cette république du Caucase russe, Ramzan Kadyrov. Quelques jours plus tôt, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé un « génocide ». Hier, il a fait part à Aung San Suu Kyi de sa « profonde préoccupation » dans un entretien téléphonique. La pression monte sur la dirigeante birmane, alors que de nombreuses capitales asiatiques font part de leurs inquiétudes. Un responsable politique bangladais a estimé hier que les pays membres de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) doivent pousser la Birmanie à cesser toute violence. La ministre indonésienne des Affaires étrangères, tout comme le Premier ministre indien Narendra Modi, devaient en outre rencontrer hier Aung San Suu Kyi et le chef de l'armée birmane, Min Aung Hlaing, pour leur demander de faire cesser ce bain de sang.

 

La revanche des bonzes
Ce n'est pas la première fois que le Rakhine, État pauvre du Nord-Ouest du pays, est confronté à des violences entre musulmans et bouddhistes. Les membres de cette minorité religieuse sont considérés comme des immigrés illégaux, et le mot même de « Rohingya » est tabou en Birmanie, où on parle de « Bangladais ». Après des décennies de persécutions et de restrictions de ses droits les plus élémentaires, le groupe ethnique était voué à se radicaliser, comme l'avait prévenu il y a quelques semaines une commission internationale dirigée par l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, appelant la Birmanie à donner plus de droits aux Rohingyas. À l'automne 2016 déjà, les événements avaient sonné comme un prélude au drame qui se joue en ce moment. En octobre, l'armée avait durci le ton dans la région après des attaques meurtrières contre des postes de police. Des villages avaient été incendiés, provoquant une fuite massive de civils terrifiés vers le Bangladesh. Ceux-ci avaient alors livré des récits d'atrocités commises par l'armée, notamment d'agressions sexuelles, fustigées alors par l'ONU qui les a qualifiées d'actes s'apparentant à un « nettoyage ethnique ». Depuis, la région du nord de Rakhine est bouclée par l'armée, et aucun journaliste ne peut s'y rendre de façon indépendante. En 2012, le viol d'une femme birmane par un Rohingya avait mis le feu aux poudres et déchaîné les nationalistes du régime, mais également des bonzes, qui avaient été accusés par Human Rights Watch d'avoir participé à un « crime contre l'humanité », ou du moins l'avaient favorisé.

 

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commentaires (3)

Comme la machine est bien rodée... Tous les quelques temps, on nous sort un nouveau peuple inconnu (ou peu connu), dont les droits sont soi-disant bafoués... Avec toutes les conséquences et manigences que cela suppose... C'est quand même un peu bizarre, non?

NAUFAL SORAYA

10 h 05, le 06 septembre 2017

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Commentaires (3)

  • Comme la machine est bien rodée... Tous les quelques temps, on nous sort un nouveau peuple inconnu (ou peu connu), dont les droits sont soi-disant bafoués... Avec toutes les conséquences et manigences que cela suppose... C'est quand même un peu bizarre, non?

    NAUFAL SORAYA

    10 h 05, le 06 septembre 2017

  • LA BLAGUE ? ERDO DENONCE UN GENOCIDE ! QUAND IL REFUSE D,ADMETTRE LE GENOCIDE TURC CONTRE LES ARMENIENS ET LES GRECS PAR SON PAYS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 12, le 06 septembre 2017

  • un éclairage supplémentaire sur ce problème serait très utile : http://arretsurinfo.ch/les-rohingya-du-myanmar-des-pions-dans-la-guerre-que-les-anglais-livrent-aux-chinois-par-lintermediaire-des-djihadistes-saoudiens/

    Chelhot Michel

    06 h 16, le 06 septembre 2017

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